Le président américain Barack Obama a assuré vendredi que l'Etat islamique, responsable d'atrocités en Irak et en Syrie, finirait par être vaincu, notamment grâce à la constitution d'une vaste alliance internationale. Neuf pays s'unissent autour des États-Unis : la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Pologne, le Danemark, l’Italie, la Turquie, l’Australie et le Canada. En effet, l'avancée fulgurante de l'État islamique en Iraq et en Syrie, nous a tous pris par surprise. Pourtant, dès le début de son existence, ce mouvement affirmait vouloir unir les parties sunnites de l'Irak, de la Syrie, du Liban et de la Jordanie.
Il vient tout juste d'attaquer des positions de l'armée libanaise. En même temps, dans le sud de la Jordanie, la ville de Maan échappe au contrôle des autorités jordaniennes. Pauvreté, insécurité et extrémisme religieux y forment un terreau pour l'État Islamique. Il y recrute déjà des djihadistes et ambitionne d'ajouter la fragile monarchie hachémite à ses conquêtes.
L’aviation syrienne a bombardé samedi la ville de Rakka, capitale de l’Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie.
Abou Bakr Al-Baghdadi, est son chef (photo ci-contre, l'une des deux seules connues). Il ne semble craindre personne et joue sur tous les tableaux à la fois. Washington offre 10 millions US pour des informations pouvant mener à sa capture. Le régime syrien et l'Arabie saoudite le veulent mort. Il est devenu un incontournable des crises syrienne, iraquienne et peut-être même bientôt libanaise et jordanienne.
L'État Islamique vient tout juste de menacer Vladimir Poutine en raison de son soutien au régime syrien et le met en garde qu'il pourrait y avoir des actes terroristes et le déclenchement d'une guerre dans le Caucase du Nord.
Abou Bakr a commencé par défier le chef d'Al Quaïda. Déjà ce n'est pas exactement la chose à faire, si on aspire à une vie tranquille. Il a coupé les liens avec Al-Qaïda et affronte ses anciens alliés sur le terrain syrien. L'État Islamique croise régulièrement le fer, contre Al-Nosra resté fidèle à Al-Qaïda et plus souvent qu'autrement l'emporte.
Il existe des divergences fondamentales entre l'État Islamique et al-Zawahiri, chef d'Al-Qaïda. Comme sur le statut religieux des chiites dans le monde arabe, que Zawahiri refuse d'excommunier. Il y a ensuite une divergence générationnelle : au sein d'al-Qaida, l'expérience de référence reste celle du djihad afghan contre les Soviétiques dans les années 1980 ; pour les partisans de l'État Islamique, c'est le djihad en Irak contre les Américains, dans les années 2000.
Cette génération est plus violente, plus radicale, mais aussi plus efficace en matière de communication, de combat, de financement et d'organisation. Au final, l'EI est beaucoup plus attractif pour la jeune génération de djihadistes. Al-Qaida prône un djihad déterritorialisé, où l'Occident est l'ennemi principal. L'EI, quant à lui, établit sa domination sur un territoire, en établissant immédiatement ses institutions, notamment ses tribunaux et sa police religieuse, sans attendre la fin du conflit.
On sait peu de choses sur celui qu'on surnomme le fantôme en raison de son extrême discrétion. Né en Irak en 1971, Al-Baghdadi porte plusieurs noms d'emprunt et vivrait en ce moment en Syrie. Des militants ont affirmé qu'il se couvre le visage d'un foulard même en présence de ses proches collaborateurs.
Abou Bakr al-Baghdadi est actif depuis l'invasion de l'Irak par les Américains en 2003. Sa marque de commerce est l'efficacité. Plusieurs djihadistes étrangers rejoignent ses rangs pour cette raison. Plus de 2 000 Européens l'ont rejoint. Lorsqu'il attaque une ville, il vise immédiatement les banques, là où est l'argent et les bases miitaires, là où est l'armement. Il instaure immédiatement un impôt à la population.
L'État Islamique vend du pétrole et des armes au régime de Bachar al-Assad. Ses positions de chaque côté de la frontière irako-syrienne lui permettent de faire du trafic de toutes sortes. Sa force de frappe est en tout cas indiscutable sur le terrain, ce qui fait croire qu'il jouit possiblement du soutien d'individus puissants. Il est hostile aux chiites, considérés comme des ennemis de l'intérieur.
Les combattants de l'EI sont plutôt bien payés. Ils sont très efficaces, bien équipés et n'ont pas peur de risquer leurs vies. La contrebande de pétrole irakien et syrien constitue leur principale source de financement qui rapporte plusieurs millions de dollars. Le groupe bénéficie également d'entrées d'argent grâce aux rançons d'otages et à des saisies auprès des commerçants et des banques. Ils ne bénéficient pas du soutien d'un état, mais ils peuvent compter sur des dons privés émanant principalement du Golfe.
L'EI compte des Irakiens qui ont une très bonne connaissance du terrain, mais aussi de nombreux Syriens formés par trois ans de guerre contre Bachar al-Assad. La présence de djihadistes français et belges dans ses rangs vient d'être clairement établie. D'autres combattants ont été formés en Tchétchénie et en Afghanistan. Dans leur offensive, ils libèrent les prisonniers des villes irakiennes tombées entre leurs mains afin de grossir leurs rangs. L'EI peut compter sur le soutien de certaines tribus et de segments de la communauté sunnite, exaspérés par la politique du gouvernement central.
On constate qu'au sein d'al-Qaïda, dans la péninsule arabique (AQPA), plusieurs responsables yéménites de haut niveau affichent désormais leur soutien à l'EI, ce qui laisse penser que la prochaine scission aura probablement lieu au sein de l'AQPA. Plusieurs organisations djihadistes à Gaza et dans le Sinaï ont explicitement déclaré leur soutien à l'EI.
L’effort de guerre des forces syriennes se concentre davantage contre le Front Al-Nosra soutenu par le Qatar et contre le Front Islamique soutenu par l'Arabie Saoudite que contre l'État Islamique.
Jusqu'à maintenant, l'État Islamique s'en sort très bien malgré que l'aviation militaire iraquienne vient d'annoncer la mort du bras droit d'Abou Bakr Al-Baghdadi et même si l'aviation militaire américaine semble le freiner quelque peu dans ses attaques contre les Kurdes qui sont maintenant armés par l'Iran. Les Peshmergas kurdes reprennent maintenant du terrain.
Amerli ville chiite située à 160 km au nord de Bagdad, a été libérée dimanche soir après avoir été encerclée durant deux mois par l'État islamique. Même scènes de liesse ce lundi dans la localité de Souleimane Bek, 15 km plus au nord.
L'État Islamique torture et exécute, les civiles sunnites qui n'acceptent pas leurs lois, des militaires, des Chiites, des Chrétiens et des Kurdes. Il est répressif envers les femmes. Leur férocité fait en sorte qu'on leur obéit. Mais cette force peut devenir leur faiblesse. La population pouvant finir par se rebeller.
Une autre erreur consiste à attaquer les autres communautés. Il devrait se contenter des territoires sunnites. S'il était moins radical, cela l'aiderait mais alors, il aurait probablement moins de combattants.
Ses exactions le porteront probablement vers sa perte.