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Afrique

  • Éthiopie : Les forces du Tigré aux portes d'Addis Abeba

    Forces presence ethiopie 1La guerre a démarré le 4 novembre 2020, suite à la sécession du Tigré au nord de l'Éthiopie; lorsque le premier ministre éthiopien M. Abys Ahmed a envoyé l’armée fédérale pour destituer le 'Front de Libération du Peuple du Tigré' (FLPT). Le 28 novembre 2020, la victoire est proclamée après la prise de la capitale du Tigré : Mekele; tout en assurant que le gouvernement éthiopien a pris toutes les précautions nécessaires pour protéger les civils.

    Cependant, de très nombreux Tigréens ont fui par la brousse, laissant tout derrière eux, marchant pendant des jours, dormant sous les arbres, n'ayant pas d'argent et rien à cuisiner. Arrivés au Soudan, les Soudanais les ont soutenus du mieux qu'ils ont pu. 'Médecins Sans Frontière' a fourni les soins médicaux aux camps de réfugiés soudanais, qui ont accueilli plus de 45000 réfugiés tigréens, souffrant d'infections respiratoires, de paludisme, de diarrhée, de tuberculose et de mal nutrition. L'armée éthiopienne a en fait été très violente. En effet après son passage, plus rien ne fonctionnait au Tigré, plus d'électricité, de réseau téléphonique et de banques. 

    Le FLPT accuse l'Érythrée, pays voisin, de prêter main forte au gouvernement éthiopien; de sorte qu'il a lancé à plusieurs reprises, des roquettes vers la capitale érythréenne, Asmara. Malgré l’accumulation de preuves, et l’insistance des États-Unis et des Nations unies qui demandaient le retrait des troupes érythréennes du Tigré, le gouvernement éthiopien a farouchement nié l’évidence pendant près de cinq mois, dénonçant des 'fake news'. Tout comme l’Éthiopie, l’Érythrée niait toute implication. 

    Cependant le 23 mars 2021 sous la pression internationale, le Premier Ministre éthiopien a finalement reconnu l’intervention militaire de son voisin en sa faveur et a admis que des exactions avaient été commises. Les soldats érythréens ne sont pas les seuls à en avoir commis, mais ils ont été particulièrement brutaux et portent une lourde responsabilité quant aux massacres, pillages et viols. En effet, des témoignages indiquent que le viol a été utilisé comme arme de guerre. Des médecins affirment que les hôpitaux des villes du Tigré ont traité plus de 500 femmes violées. 'Amnesty International' accuse les soldats érythréens de s’être livrés au massacre de plusieurs centaines de civils dans la ville d’Aksoum, les 28 et 29 novembre 2020; information corroborée par la 'Commission éthiopienne des droits de l'Homme'. Depuis, plusieurs rapports internationaux ont révélé des exactions commises par le Tigré comme par les forces gouvernementales et par des soldats érythréens. Abys Ahmed tente de minimiser l’implication de l’Érythrée en expliquant que ce dernier protège sa frontière; mais il semble qu'en fait, les dirigeants des 2 pays ont effectué un pacte pour démolir le FLPT. En effet, Ahmed fédère une alliance entre l’ethnie amhara et l’Érythrée autour de la destruction du FLPT, l’ennemi commun.

    Ce dernier s'est toutefois engagé à poursuivre les combats, tant que les forces fédéralistes seront présentes au Tigré. En optant pour la guérilla, il a repris l’essentiel de son territoire, en s'appropriant une partie importante de l'artillerie éthiopienne et en poursuivant son offensive jusqu'à l'intérieur des provinces voisines de l’Amhara et de l’Afar. Le FLPT est maintenant à 220 km au nord-est d’Addis Abeba et menace de marcher sur la capitale. L'effondrement du FLPT en novembre 2020, avait été aussi rapide qu’inattendu. Huit mois plus tard, sa reconquête éclair, est tout aussi spectaculaire.

    La situation humanitaire s’est rapidement détériorée au Tigré, en Amhara et en Afar. Marquée par les atrocités et la famine, la guerre a fait plusieurs milliers de morts et plus de 2 millions de déplacés. Plus de 9 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire, affirme le 'Programme Alimentaire Mondial' des Nations unies. En Amhara où les combats se déroulent présentement, 3,7 millions de personnes ont désormais un urgent besoin d’aide alimentaire. Le premier ministre éthiopien, M. Ahmed, dirige aujourd'hui lui-même les combats sur le terrain. D'un message envoyé depuis le front, il a promis « d’enterrer l’ennemi ». 

    La communauté internationale tente d’obtenir un cessez-le-feu. Plusieurs États ont même appelé leurs ressortissants à quitter le pays, le dernier en liste vendredi dernier étant le Canada, qui a demandé à ses citoyens présents sur le sol éthiopien de partir immédiatement. 

    Les États-Unis face à cette guerre 

    Ils ont soutenu l’arrivée du Premier ministre Abiy Ahmed le 2 avril 2018 à la tête d’un pays en proie à une crise politique et miné par les conflits ethniques. Le nouveau dirigeant avait entrepris des réformes pour se rapprocher du voisin ennemi érythréen. Une fois signé, l’accord de paix lui a valu en octobre 2019, le prix Nobel de la Paix. Le plus jeune chef de gouvernement du continent africain est devenu alors un symbole courtisé par l’Occident. En mars 2019, Emmanuel Macron loue le dirigeant avec qui il signe un accord de défense, suspendu en août dernier. La Maison Blanche n’avait pas prévu que ce novice en politique, qui semblait promettre l’ouverture et la modernité, se lancerait dans une guerre d’intégration totale jusqu’au-boutiste.

    Considéré par Washington comme un important allié dans la lutte internationale contre le terrorisme, du fait de sa proximité avec la Somalie, l’Éthiopie a activement participé aux missions de l'ONU, y fournissant d’importants contingents militaires. Les États-Unis en échange, étaient le plus grand donateur d'aide humanitaire en Éthiopie, par l’intermédiaire des agences onusiennes, pour un montant d'un milliard $ par année.

    Depuis la guerre, les tensions ne cessent de s'accroître entre les deux. Le gouvernement éthiopien vient de lancer une campagne à l’encontre des organisations internationales présentes dans le pays, les accusant de collaboration avec l’ennemi intérieur : le Tigré. 72 chauffeurs du Programme alimentaire mondial de l'ONU sont retenus. 16 employés éthiopiens de l'ONU ont été arrêtés et le gouvernement a expulsé 7 responsables des Nations Unies, accusés d’ingérence.

    En réponse, Joe Biden a exclu l’Éthiopie de son pacte avec l’Afrique, facilitant l'accès au marché américain (AGOA). Washington a suspendu les avoirs et transactions financières des parties prenantes au conflit et a effectué des restrictions de visas à l’encontre d’officiels éthiopiens et érythréens accusés de n’avoir pris aucune mesure significative pour mettre fin aux hostilités. À l’occasion du premier anniversaire de la guerre, l’ambassadeur américain Jeffrey Feltman, a expliqué qu’il n’est plus possible de continuer le "business as usual" avec le gouvernement éthiopien. "Le partenariat extraordinaire dont nous avons bénéficié n'est pas viable si le conflit militaire s'étend", a-t-il déploré. 

    Du côté du pouvoir en place, la pression américaine ne fait qu’enflammer les élans patriotiques : "Si l'aide et les prêts nous privent de notre liberté, nous ne sacrifierons pas notre liberté", a déclaré le maire de la capitale. Des propos applaudis par des dizaines de milliers de supporteurs. Le gouvernement éthiopien s’estime donc contraint de réévaluer ses relations avec les États-Unis. 

    L’Armée de Libération Oromo (OLA)

    De plus en plus menacée par l’avancée de la coalition de rebelles tigréens, maintenant alliée à l'Armée de Libération Oromo, le pays dirigé par Abiy Ahmed pourrait voir son destin basculer. Au mois d’août dernier, l’OLA a rejoint le 'Front de Libération du Peuple du Tigré'. Ensemble, ils menacent de marcher sur Addis-Abeba. Sur le plan strictement militaire, les experts conviennent que l’OLA n’est pas en mesure de faire basculer seule le conflit armé. En revanche, son alliance avec le Front de Libération du Peuple du Tigré (FLPT) représente une menace existentielle pour le gouvernement central d’Addis-Abeba. Les deux mouvements armés régionaux aux prises avec les troupes fédérales, ne sont plus qu’à 220 kilomètres de la capitale. 

    L'Éthiopie

    Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique derrière le Nigeria, l’Éthiopie compte plus de 116 millions de citoyens. Son tissu social est une mosaïque multi-ethnique et multi-religieuse de communautés délicatement entremêlées depuis presque trois millénaires. Les mariages et les lignées inter-ethniques sont monnaie courante depuis plusieurs générations. Les Tigréens représentent 6 % de la population; les Amhara : un quart; les Oromo : un tiers. Les Éthiopiens ont la particularité de chérir profondément leur patrimoine culturel commun, tout en restant accueillants envers l’étranger, même pendant les périodes les plus sombre de leur histoire.

    L’émancipation politique et économique de ce grand pays a inspiré tous les peuples d’Afrique. L’Éthiopie a vaincu le colonialisme fasciste italien en préservant sa souveraineté tout en aidant d’autres États sur le continent à accéder à la leur. Addis Abeba, sa capitale, accueille le siège social de l’Union Africaine. 

    Son fédéralisme incarné par le dernier « roi des rois », l'empereur Haïlé Sélassié, était rude :  Une hyper centralisation autoritaire ; les composantes ethniques éthiopiennes devaient renier leur identité pour s’intégrer au groupe dominant : les Amhara. Après sa chute en 1974, l’élite tigréenne prenant le pouvoir par les armes en 1991 inverse le processus : Une fédération où chaque région dispose d’une très forte autonomie. Lorsque le Premier ministre tigréen Zenawi décède en 2012, le pouvoir s’effondre. Les régions de l’Oromya et Amhara mènent un soulèvement populaire.

    Le système éthiopien de gouvernance, le 'fédéralisme ethnique', est sans équivalent dans le monde. Institué par l’ancien Premier ministre Meles Zenawi, du Front Populaire de Libération du Tigré (FPLT), le système est inscrit dans la Constitution éthiopienne depuis 1995, fondé sur le principe de l’autodétermination des régions. 

    Puis en 2018, avec l’élection d’un jeune dirigeant oromo quasi inconnu jusque-là, Abiy Ahmed, l’Éthiopie entre dans sa transition démocratique et suscite un immense espoir populaire, avec une série de réformes : droits humains, libéralisation de l’économie, privatisation des télécommunications et de d’autres secteurs économiques ravivant l'économie. L'Éthiopie connaît alors une importante relance économique, symbolisée par le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne commencé en 2013 et qui sera terminé en 2022, entièrement financé par les Éthiopiens et qui devrait produire 6450 MW, ce qui en fait le plus grand projet hydroélectrique d’Afrique. Cependant, en toile de fond, une question existentielle : comment les 80 'nations, nationalités et peuples' du pays devraient-ils s’organiser pour à la fois affirmer leur identité sans entraves et vivre côte à côte pour leur bénéfice mutuel ? 3 ans plus tard, le pays est à genoux. Abiy avait hérité pourtant d’un État plus que centenaire, d’un pays souverain fonctionnel, avec une des meilleures armées d’Afrique, 2 fois vaincues en juin et en octobre, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Ses services de sécurité sont omniprésents. L’Éthiopie était le pilier de la stabilité dans la Corne de l'Afrique. Elle y est devenue le foyer majeur d’instabilité. 

    Pour tourner la page de la guerre au Tigré, le Premier ministre promet la tenue d'élections législatives en juin. 

    Tentative d’ingérence

    Hormis celle de l’Union Africaine (UA), toute  intervention directe ou indirecte, risque d’être perçue comme une tentative voilée d’ingérence ou de mise à l’écart d’un gouvernement légalement et démocratiquement élu par 32 millions d’électeurs éthiopiens. Pour sa part, le FPLT a déjà rejeté l’Union africaine, qu’il soupçonne de partialité; bien que l’ancien président nigérian Obasanjo, envoyé spécial de l’UA, a été reçu à Mekele. La voie de sortie de crise n’est pas encore en vue.

    Course au désastre

    Des dizaines de milliers d’hommes sont décimés sur les champs de bataille. La guérilla de l’Armée de Libération Oromo se répand comme un traînée de poudre. Au Tigré, 5 millions de citoyens sur 6 millions ont besoin d’une aide d’urgence, 400 000 personnes sont au bord de la famine. Le blocus imposé par Addis-Abeba ne laisse passer que 15 % environ des secours nécessaires. 

    Abiy Ahmed porte une responsabilité écrasante dans cette course au désastre. Sa popularité initiale conjuguée à la vague de démocratisation lui conférait une mission historique : Réunir les 'nations, nationalités et peuples' d'Éthiopie pour qu’ils s’accordent librement sur un futur commun. Au lieu, Abiy Ahmed a exacerbé les divisions. Très vite, il rend les Tigréens responsables de tous les maux du pays, présents et passés. La tension monte avec le FPLT. Finalement,  il lance le 4 novembre 2020 une guerre qu'il a voulue, et non subie comme il le proclame. Les troupes fédérales aidées de paramilitaires amharas et surtout de l’armée érythréenne entrent au Tigré pour une opération de rétablissement de l’ordre censée finir en quelques jours. Il a délibérément et violemment ignoré et réprimé les aspirations d’une grande partie des Éthiopiens, dont le FPLT est devenu le champion. 

    Sa vision est archaïque. Même la force ne réussirait pas à l’imposer. La preuve : la coalition FPLT-ALO se rapproche de plus en plus d’Addis-Abeba, et pourrait sous peu étrangler voire prendre la capitale. La survie du régime ne tient plus qu’à un fil. Abiy Ahmed part sur le front pour prendre la tête de son armée, comme si cela pouvait inverser le rapport de force. 

    Bientôt hors jeu ?

    Olusegun Obasanjo de l’Union Africaine et le secrétaire d'État américain Anthony Blinken sont à la manœuvre diplomatique. Les discussions piétinent. La coalition FPLT-OLA est sûre de sa supériorité militaire, tandis qu’Abiy Ahmed croit en un retournement des armes grâce à une mobilisation générale. Blinken a imputé la principale responsabilité de la poursuite des hostilités à Abiy. Des personnalités à l’intérieur comme hors du régime se concertent pour le mettre hors jeu d’une façon ou d’une autre et lancer ainsi ce fameux 'dialogue national inclusif'. Leur réussite apporterait la seule petite lueur d’espoir. 

    Le gouvernement fédéral et le FPLT tirent chacun leur légitimité par le fait qu'ils ont gagné leurs élections. Il est vrai que dans les deux cas, ils ont été élus. En dernière heure le premier décembre,

    les autorités éthiopiennes ont affirmé mercredi que les forces pro-gouvernementales avaient repris la localité de Shewa Robit, située à environ 220 kilomètres de la capitale Addis Abeba

    Sources :

    Le Devoir : Situation alimentaire délétère en Éthiopie, Agence France Presse, 27/11/21

    Jeune Afrique : Éthiopie : un pôle de stabilité régionale ébranlé ?, Par Arnauld Akodjenou, 27/11/21

    Jeune Afrique : Comment Abiy Ahmed a mis l’Éthiopie à terre par René Dufort, 24/11/21

    France 24 : Guerre en Éthiopie : "Les États-Unis n’ont plus confiance en Abiy Ahmed", 12/11/21

    France 24 : Comment l'Éthiopie a dû se résoudre à admettre l'implication de l'Érythrée au Tigré, 24/03/21

    Atalayar (Espagne): MSF fournit des soins médicaux au Soudan aux personnes fuyant les violences dans la région du Tigré, en Éthiopie, 01/12/20

    Carte: Visa Actu, La Croix. 

  • Sahara Occidental en guerre totale...

    Sahara occ map

    Depuis le 13 novembre, la guerre a repris au Sahara Occidental. Le gouvernement sahraoui lance un message urgent à tous les pays du monde, aux autorités publiques et privées, de s’abstenir de mener tous types d’activité sur le territoire sahraoui actuellement en guerre ouverte. Après un cessez-le-feu de 29 ans, la deuxième guerre entre le Front Polisario et le Maroc se déroule en l’absence totale de médias. Les deux parties ayant choisi de ne présenter aucune image de leurs opérations militaires. Une situation rarissime depuis la Deuxième Guerre mondiale, surtout à l’ère des smartphones et des réseaux sociaux. Ce qui n'augure rien de bon du point de vue de la violence. Présentement, il est très difficile ­— voire impossible — pour un média d’atteindre les zones de combats, les deux camps refusant catégoriquement tout accès. Organiser une mission médiatique à partir de la Mauritanie serait suicidaire. L’armée sahraouie détruirait tout véhicule non-identifié ou identifié en tant que média. Même l'ONU se dit impuissante à savoir ce qui se passe depuis la rupture du cessez-le-feu.

    Le 15 novembre, Maghreb Arabe Presse, l’agence officielle marocaine, a publié une dépêche faisant état de tirs depuis deux jours de la part des forces sahraouies sur le mur de sable marocain long de 2700km. Cette dépêche a été supprimée dès le lendemain. Le Maroc agit comme si la guerre n’existait pas. Ses médias ont reçu ordre de ne pas aborder ce qui se passe au Sahara Occidental. Selon l’agence de presse officielle sahraouie, les opérations militaires se concentrent pour le moment, essentiellement sur le mur marocain. Il est bombardé quotidiennement par l’artillerie de l’Armée Populaire de Libération Sahraouie et a été touché à 14 endroits. 

    Tout a commencé au poste frontière de Guerguerat, à l'extrême sud du Sahara Occidental, là où passe la seule route reliant le Maroc à la Mauritanie et à l'Afrique de l'Ouest : la Nationale 1. Guerguerat lieu où le 13 novembre, 200 véhicules militaires marocains sont intervenus contre des manifestants sahraouis pacifistes protégés par seulement quatre véhicules armés. Ils bloquaient la route vers la Mauritanie. Cette dernière a été fermée côté mauritanien, suite au bombardement de la route pendant deux nuits par les forces sahraouies. La Nationale 1, là où du côté marocain, de grands travaux ont amélioré la route pour faciliter définitivement le trafic civil et commercial. Elle se termine au port de Tanger sur la Méditerranée, un axe routier essentiel pour les relations commerciales du Maroc avec l'Afrique de l'Ouest.

    La fermeture de Guerguerat démentie par le Maroc, plonge l'économie marocaine dans le marasme. L’agroalimentaire marocain grand exportateur vers la Mauritanie et les pays d’Afrique de l’Ouest est fortement touché. De plus, le royaume se voit privé des revenus du trafic de résine de cannabis, dont il est le premier producteur mondial. La production automnale de kif sera difficilement exportable vers le Moyen-Orient et l’Asie, via les routes du Sahel. Le Front Polisario dédie des unités entières pour lutter contre ce trafic. Désormais, même les passeurs les plus téméraires n’oseront plus s’approcher des zones de combats. En plus, le Maroc doit puiser dans ses réserves pour financer l’effort de guerre. 

    Depuis la semaine dernière, des échanges réguliers de tirs opposent les deux camps le long du mur de sable de 2.700 km érigé par les Marocains. Le Polisario annonce chaque jour des attaques massives sur différents points de ce mur étroitement surveillé par les forces marocaines. Très discret sur les mouvements militaires, le Maroc communique surtout sur la légitimité de sa présence et sur le soutien de tribus sahraouis locales et de pays amis. Les deux camps se livrent une guerre d'informations sur les réseaux sociaux. 

    L'ONU appelle les parties à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire baisser la tension. Des discussions sont en cours pour relancer le processus de règlement politique, à l'arrêt depuis 2019. La dernière résolution du Conseil de sécurité adoptée le 30 octobre, est jugée favorable à l'esprit d'autonomie marocaine élaborée par le roi du Maroc. Après l'adoption de cette résolution, le Polisario affirme n'avoir d'autre choix que d'intensifier les combats. Le Maroc, qui contrôle les trois quarts du Sahara occidental, ses gisements de phosphate et ses eaux méditerranéennes poissonneuses, veut une autonomie sahraouie sous sa souveraineté.

    L'Union Africaine, la Russie et le Mali appellent à la reprise des négociations pour une solution politique négociée, juste et acceptable pour toutes les parties. Le Polisario demande depuis trente ans l'organisation d'un référendum d'autodétermination prévu par l'accord de 1991, mais jamais mis en œuvre. Cuba réaffirme son appui au Polisario.

    L'Algérie voisine, souhaite la tenue d’un référendum pour permettre aux Sahraouis de faire leur choix. S’ils optent pour leur rattachement à la monarchie marocaine, l'Algérie respectera leur décision. De même s'ils optent pour l'autodétermination. En attendant elle accepte et ouvre ses bras aux femmes sahraouies, aux enfants sahraouis et aux vieillards sahraouis. Elle ferme ses frontières à toute circulation commerciale du Maroc vers d'autres pays que le sien. Selon la revue Military Watch Magazine, l'Algérie possède le missile balistique russe "Iskander" d'une portée de 500 km, d'une grande précision, d'une grande maniabilité; sa trajectoire étant difficile à prévoir par les systèmes de défense. 

    La Mauritanie quant à elle, émet des réserves sur le 2éme mur de sable érigé par le Maroc. Elle le considère trop près de ses frontières. Elle a aussi des réserves sur la démarche unilatérale du Maroc, ainsi que sur la présence des forces militaires marocaines stationnées à Lagouira près de l'armée mauritanienne; alors que cette localité est classée zone démilitarisée depuis des décennies. Le roi du Maroc est attendu en Mauritanie pour discuter de la situation.

    À suivre...

    Sources: 

    Magrheb online : "Opérations militaires, médiatisation, impacts économiques, Sahara Occidental, un conflit hybride" par Tarek Hafid, 22/11/20

    TV5 Monde : "Sahara Occidental : que se passe-t-il depuis la rupture du cessez-le-feu ?", 22/11/20 

    Algérie Presse Service : "La Mauritanie émet des réserves sur le 2éme mur de sable érigé par le Maroc", 22/11/20

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  • Sahara occidental : sur le pied de guerre...

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    L'ONU ne reconnaît ni la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), qui contrôle 20% du Sahara occidental, ni la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, qui en contrôle 80%. Elle considère le territoire comme en phase de décolonisation. Par contre pour l'Union Africaine, la RASD est un état africain. Elle est membre à part entière de l'organisation depuis 1982. Le Maroc lui, reçoit le soutien de l'Arabie saoudite et de la Jordanie.

    En 1991, après presque deux décennies de guerre, le Maroc accepte enfin un cessez-le-feu avec le Front Polisario, armée de la RASD. Malgré cette paix, une génération toute entière est née et a grandi en exil. Elle a passé toute sa jeunesse dans des camps de réfugiés sur le territoire du Front Polisario, près de la frontière algérienne et aussi en Espagne.

    Cette nouvelle génération, ayant épuisé tous les moyens pacifiques, affirme maintenant qu'il est grand temps pour elle de rentrer chez elle et de se battre, s'il le faut. Dans le cadre de l'accord de paix de 1991, le Maroc avait accepté d'organiser un référendum sur l'indépendance; ce qu'il n'a jamais fait. C'est un vote qu'il aurait certainement perdu.

    Le Sahara occidental est considéré par certains, comme la dernière colonie d'Afrique. 80% est occupé par le Maroc depuis 1975. Ce dernier considère quant à lui, que cette ancienne colonie espagnole, fait partie de son territoire. Ainsi en 1975, lorsque l'Espagne annonce qu'elle va organiser un référendum sur l'indépendance du Sahara occidental - alors appelé Sahara espagnol - le Maroc reconquiert le territoire. La guerre contre le Front Polisario a été coûteuse, notamment en raison de la construction d'un mur fortifié de 2700 km que le Maroc a érigé de son côté de la zone tampon.

    Depuis que le Maroc a obtenu son indépendance en 1956, il existe une version selon laquelle le pays a été dépouillé par la France et l'Espagne du Sahara occidental et de certaines parties de la Mauritanie, du Mali et de l'Algérie. En 1963, le Maroc a essayé de reprendre par la force à l'Algérie, le territoire qu'il considérait sien. Il a subi une défaite militaire humiliante.

    Le 20 octobre dernier, des manifestants sahraouis ont empêché des camions marocains de circuler du Maroc, en passant par le Sahara occidental, vers la Mauritanie. En réponse, le Maroc a expulsé les manifestants par la force le 13 novembre. Ce même jour, en violation du cessez-le-feu de 1991, l'armée marocaine a pénétré dans la zone tampon établie par l'ONU. En réponse, le Front Polisario a décrété l'état de guerre. L'ONU ayant reçu des rapports sur plusieurs incidents de tir de part et d'autre, demande aux belligérants de respecter le cessez-le-feu.

    La semaine dernière, de féroces affrontements ont éclaté. Le Front Polisario a bombardé le mur marocain et demande le retrait total des Marocains du Sahara occidental. La fin de la guerre est désormais liée à la fin de l'occupation illégale, déclare-t-il.

    Pour la jeunesse née en exil, il n'y a plus de retour possible en arrière, la seule issue est un conflit armé ouvert. Pour eux, 30 ans, c'était assez long pour placer des urnes!

    Sources :

    Al Masdar news : Les forces du Polisario lancent de lourdes attaques à la frontière marocaine, 20/1120

    Euro News : Sahara occidental : le Front Polisario et le Maroc sur le chemin de la guerre ?, par Marta Rodriguez Martinez & Orlando Crowcrof, 20/11/20

    Carte : Radio France Internationale

  • La course à la présidence du Zimbabwe est maintenant ouverte

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    2e8b708 50b0c229f6f34bc4ad2ccf33feefe705 50b0c229f6f34bc4ad2ccf33feefe705 0Le président du Zimbabwe, M. Robert Mugabe est l'un des « pères de l’indépendance » de l'ancienne Rhodésie du Sud. Il a été l'un des chefs de file d'un nouveau pays souverain et non ségrégationniste. 

    Ce dernier âgé de 93 ans, vient de limoger son vice-président Emmerson Mnangagwa pour manque de respect, manque de loyauté, et malhonnêteté. Pourtant le vice-président en poste depuis trois ans, qui a été à tour de rôle, ministre de l’Intérieur, ministre de la Défense et ministre de la Justice, était perçu comme le dauphin naturel du chef de l’état.

    Depuis plusieurs mois, la grogne s'intensifiait entre les deux hommes. En effet pour sa succession, le président semble maintenant accorder son appui à la nouvelle garde, un groupe qu’on appelle le G40 et auquel est associée Grace Mugabe (sa femme).

    871728450Elle dirige la Ligue des femmes de la Zanu-PF, le parti de son mari et ne cache plus ses ambitions présidentielles. Elle multiplie les rallyes politiques à travers le pays et lance de petites phrases du style « je suis prête si mon mari a besoin de moi », tout en intensifiant les attaques contre M. Mnangagwa, son principal adversaire à la succession de son mari. 

    Lors de la fin de semaine dernière, Mme Mugabe a été huée lors d'un meeting populaire. Le président a alors accusé le vice-président d'en avoir organisé la fronde.

    Former vp mnangagwaM. Mnangagwa pour sa part, n'est pas très loin de certaines branches de l'armée nationale. De sorte que les déplacements récents de cette dernière à travers le pays, ne passent pas inaperçus. Il semblerait qu'elle encercle la capitale.

    Le vice-président pourrait décider de rester au sein de la Zanu-PF et de se battre ou de créer son propre parti. 

  • Boko haram, conflit régional

    Boko Haram : Depuis six ans, cette insurrection a fait plus de 13.000 morts et 1,5 million déplacés au Nigeria. L’organisation multiplie ses opérations, incluant des attaques contre le Cameroun, le Niger et le Tchad.

    Boko Haram a envahi pendant quelques heures Gombe, capitale régionale dans le nord-est du Nigeria. Le président nigérian appelle alors à l'aide, les États-Unis. «Il n'y a pour l'heure, aucun projet d'envoyer ou d'ajouter de nouveaux soldats américains au Nigeria», a répondu le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.

    Le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Bénin se sont mis d’accord pour engager 8.700 hommes dans une force multinationale contre Boko Haram, alors que le Tchad a déjà lancé ses troupes dans la bataille dans le nord-est du Nigeria.

    Sources :45e Nord.ca, Canoe.ca actualités, 

  • Boko Haram

    Boko Haram a lancé pour la première fois, une attaque contre le Tchad, tuant cinq personnes.

    Des éléments de Boko Haram sont arrivés sur des hors-bords venant de Baga, sur la rive nigériane du lac Tchad, pour lancer un assaut simultané contre Ngouboua un village et un camp militaire. 

    Boko Haram avait lancé une contre-attaque meurtrière au Cameroun, dans la ville de Fotokol, avant d'être repoussé par les soldats camerounais et l'armée tchadienne. Auparavant sur le sol du Nigeria, l'armée tchadienne avait chassé les islamistes de la ville frontalière de Gamboru (voisine de Fotokol).

    Dégager les passages frontaliers et les axes de circulation vitaux devient l’un des enjeux de l'engagement militaire tchadien dans la lutte contre Boko Haram. Le commerce est quasiment stoppé à la frontière nigériane. L'axe commercial N’Djamena, Kousseri, Maidiguru est au point mort à cause de la présence de Boko Haram dans la zone de Fotokol et Gamboru.

    Sources : Afrik.com, Canoe.ca actualités, France 24.