La duplicité turque
- Par rousseau-philippe
- Le 07/10/2014
- Dans Syrie
"La terreur ne sera pas stoppée (...) tant que nous ne coopérerons pas en vue d'une opération terrestre", a déclaré M. Erdogan président de la Turquie. Mais qu'est-ce qui l'empêche d'agir? Elle ne veut pas y aller seul.
Mais comment se fait-il que Daech exécute les otages occidentaux et que les otages turcs, eux, ont été libérés sans la moindre égratignure?
Selon le quotidien britannique The Times, les 49 otages turcs auraient été échangés contre 180 prisonniers djihadistes, dont deux Britanniques. Nous pouvons probablement ajouter à cette entente que la Turquie accepte les 180 000 réfugiés Kurdes sur son territoire, pendant que l'État islamique exécute un nettoyage ethniqe dans la région de Kobané. Sans oublier que l'armée turque ferme le passage de sa frontière aux Kurdes turcs qui veulent aider les Kurdes de Kobané.
L’État islamique a implanté ses troupes tout au long d'un large pan de la frontière turco-syrienne. Mais jusqu’à présent, la poche résistante de Kobané l'empêche de contrôler une bande de territoire continue de 100 kilomètres entre Jarabulus et Tell Abyad.
Depuis le début de la guerre civile syrienne, de nombreux djihadistes ont pour la plupart transité impunément par la Turquie pour rejoindre les combattants de l'EI, en franchissant cette frontière poreuse. L’État islamique n’a jamais lancé de campagne contre la Turquie, comme c'est le cas en Irak, en Syrie et comme il le tente maintenant au Liban et bientôt si possible en Jordanie où des sympathisants l'attendent.
Pour la Turquie, défendre Kobané, reviendrait à se battre aux côtés du PKK, dont une branche tient la ville. Or, le parti des travailleurs kurdes (PKK) reste l’ennemi juré de la Turquie. Le premier but du premier ministre turc demeure toujours le renversement d'el Assad plutôt que celui de l'EI.
Si la Turquie rejoint la coalition internationale, elle continue de jouer un double jeu. Le Parti des travailleurs kurdes, le PKK accuse Ankara de duplicité depuis le début des opérations. Il menace de rompre le traité de paix qui le lie à elle, si celle-ci laisse tomber Kobané aux mains de l'EI. Rappelons que depuis 26 ans le conflit entre l'armée turque et les kurdes a fait 46 000 morts. La Turquie ne veut pas d'un état kurde.
Faut-il rappeler que ce pays fait partie de l’OTAN et qu’il aspire à rejoindre l’Union européenne ? On verra dans les jours qui viennent où et comment Ankara interviendra si nécessaire en Syrie et en Irak contre les groupes terroristes. N'oublions pas que si l'État islamique attaque la Turquie, l'OTAN rentre en guerre contre lui, les troupes au sol et tout, la clause D'artagnan ! Un pour tous et tous pour un ! Comme ce fut le cas pour l'Afghanistan.
La guerre risque de reprendre de plus bel entre les Kurdes et la Turquie. L'Occident risque de requérir la fermeture de la frontière turque face à l'État islamique pour empêcher son ravitaillement en hommes et en matériels. Techniquement, la Turquie a sûrement les moyens d'accomplir les deux missions à la fois. Elle a une armée efficace, bien équipée et dont les soldats et l'opinion publique n'ont pas peur de la mort contrairement aux Occidentaux. Ce qui peut toujours changer en cours de route. Elle demandera sûrement en échange une éventuelle participation à l'Union européenne.
Sauf que cette fois-ci, l'opinion publique occidentale risque fortement d'être en faveur des Kurdes et que l'État islamique ne laissera pas la Turquie fermer sa frontière sans réaction. Ce sera la guerre. Entre temps, à Kobané, les drapeaux noirs se multiplient. La ville tombe.
Depuis deux ans, Assad (dictateur sanguinaire) a raison sur ces deux points : Il se bat contre des terroristes et des étrangers. Deuxièmement, la guerre civile syrienne est une poudrière pour toute la région.
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