Dag Hammarskjöld
- Par rousseau-philippe
- Le 18/09/2022
- Dans International
Le 18 septembre 1961, Dag Hammarskjöld, secrétaire général des Nations-Unies depuis 1953, est assassiné en Rhodésie du Nord (l'actuelle Zambie). Le prix Nobel de la paix lui est décerné l'année de sa mort, à titre posthume.
Alors que le Secrétaire général se rendait en Rhodésie-du-Nord pour participer à un accord de cessez-le-feu, son avion s’écrase dans la forêt équatoriale. À l’époque, l’enquête de l’ONU conclut à un accident de pilotage. Cette version est contestée et ce n’est qu’en 2017 que l'ONU reconnait officiellement qu'il ne s'agissait pas d'un accident. Son avion a en fait été abattu par une organisation de suprématistes blancs, travaillant pour les intérêts de l’Apartheid, du Royaume-Uni et de mercenaires français.
Dag Hammarskjöld contre l'Apartheid, en faveur des nations nouvellement décolonisées, refusait de choisir entre les camps occidental et soviétique; il protégeait ses administrateurs du harcèlement de la Commission sur les activités antiaméricaines du sénateur McCarthy. Sa médiation en 1955 pour obtenir la libération de 15 soldats américains capturés par la Chine lors de la guerre de Corée, ses interventions dans la crise du canal de Suez en 1956 — avec la création de la première force d'urgence des Nations-Unies — et dans la crise jordanienne de 1958, lui valurent la réputation d’ardent défenseur de la paix. Après sa mort, John Kennedy le qualifiera de « plus grand Homme d'État du XXe siècle».
Cependant ses prises de position, lui valaient de nombreuses critiques de la part des grandes puissances, notamment lors de la crise congolaise. Le 30 juin 1960, le Congo déclare son indépendance face à la Belgique. Le 11 juillet, le Katanga, province congolaise sécessionniste, proclame la sienne face au Congo, avec l’aide de la puissante Union minière du Haut Katanga, de l’armée belge, de l’Élysée et du 10 Downing Street.
Le 14 juillet, Hammarskjöld convoque le Conseil de Sécurité de l’ONU. Les deux superpuissances de l’époque, États-Unis et URSS, étant nettement anticolonialistes, le Conseil somme la Belgique de retirer ses troupes et autorise Hammarskjöld à fournir une assistance militaire au Congo. Le Katanga ne sera jamais reconnu par l’ONU. Lumumba, Premier Ministre du Congo rompt les relations avec la Belgique.
Après la mise à l'écart de Lumumba, pro-soviètique, du poste de Premier ministre, l'Opération militaire des Nations Unies au Congo (ONUC), se retrouve d’une part sous pression américaine pour soutenir le Président congolais Kasa-Vubu, pro-occidental, et d’autre part sous pression de l'URSS pour appuyer Lumumba. Hammarskjöld mobilise alors les Pays Non-Alignés pour préserver la neutralité de l'ONUC. La crise prend de l'ampleur avec l'arrivée de la coopération militaire soviétique à la demande de Lumumba. Che Guevara à la tête d’une force cubaine vient à son aide secrètement, mais sans succès.
À l'automne 1960, l'URSS exige la démission de Dag Hammarskjöld. Ce dernier refuse. L'URSS abandonne alors son financement auprès de l'ONUC, tout comme la France et la Grande-Bretagne l’avaient déjà fait. Les forces de l’ONU remplacent alors progressivement les troupes belges, mais n’interviennent pas directement.
Après l'assassinat de Lumumba en janvier 1961, les Non-Alignés critiquent eux aussi le Secrétaire Général de l’ONU. En août et septembre 1961, l'ONUC lance des opérations militaires au Katanga. Le gouvernement katangais répond en menaçant les responsables onusiens et suite au retrait de l’armée belge, engage des mercenaires parmi les Européens sur place, la Légion étrangère, les armées rhodésienne et sud-africaine. Les offensives de l’ONUC sont mal perçues par la France et la Grande-Bretagne, qui souhaitent le maintien d'une forte autonomie du Katanga.
C'est dans ce contexte qu'Hammarskjöld entame son périple au Congo. Le Suédois cherchait à protéger la République démocratique du Congo, nouvellement indépendante, des ingérences de mercenaires blancs surnommés les « Affreux » recrutés par les sociétés minières belges et anglo-saxonnes locales, pour déstabiliser l’indépendance du Congo, pays minier.
Sous la direction de Pierre Mulele, les partisans de Lumumba assassiné, partent en guerre contre Mobutu, général de l’armée congolaise. Ils occupent rapidement les deux-tiers du pays, mais avec l'aide des États-Unis et de la Chine, Mobutu parvient à reconquérir l’ensemble du territoire. La crise congolaise prend fin le 24 novembre 1965, avec le coup d'État contre Kasa-Vubu par Mobutu.
Après Hammarskjöld, aucun autre Secrétaire général des Nations unies, n'osera affirmer de façon aussi nette, l'autonomie et l'indépendance de l'Organisation vis-à-vis les États les plus puissants.
Sources :
Rapport des Nations Unies paru en 2019
Livre : Ils ont tué Monsieur H par Maurin Picard, édition du Seuil, 2019.
Film : Dag Hammarskjöld, Vol de nuit vers la mort - La fin violente de Dag Hammarskjöld, documentaire de Hans-Rüdiger Minow, 2019.
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