François Rousseau, concepteur de la Baie james
- Par rousseau-philippe
- Le 16/10/2016
- Dans Québec
François Rousseau est né le 17 octobre 1904. Il travaille entre autre pour Lacasse Rousseau, son père et fondateur de la compagnie Electrical Manufacturing. François y est monteur de ligne avec son frère Jacques. Il monte dans les poteaux.
Grand studieux, il devient en 1927 ingénieur diplômé du Massachussetts Institute of Technology de Boston. Le « MIT » est d’une renommée internationale. Après l’obtention de son diplôme, il travaille comme ingénieur pour la firme Dufresne Construction Company.
Son premier chantier sera la construction de la sous-structure du pont Jacques-Cartier. Le pont est construit en acier au coût de 23 millions de dollars. Les travaux durent deux ans et demi et sont complétés près d’un an et demi plus rapidement que prévu, et ce, sans interrompre la circulation fluviale. Le pont est ouvert à la circulation en 1930.
Le pont Viau érigé en bois en 1847, reconstruit en acier en 1887, puis en béton en 1930. Ce dernier est conçu par l'architecte Marius Dufresne, patron de François, qui y travaille comme ingénieur. Rénové en 1962, élargi en 1993, tablier reconstruit en acier en 2010.
1931-32, il est ingénieur pour la conception du tunnel Wellington. Comme bon nombre de grands travaux publics de l’époque, ce projet avait entre autre pour objectif de créer de l’emploi suite au crash boursier de 1929. Cette construction rappelle le style architectural « Art déco ». Son frère André y travaille comme surveillant des travaux. En 1990, le tunnel est remplacé par le pont Wellington.
Pendant la 2e guerre mondiale, il travaille comme ingénieur à la construction de navires marchands. Jusqu’en 1942, la très grande majorité de ceux-ci ne réussiront pas à traverser l’océan Atlantique dû aux fameux sous-marins allemands U-Boat.
Engagé par Hydro-Québec en 1948, François, un ingénieur de conception et de construction, y devient ingénieur en chef au début des années 60. Spécialisé en hydroélectricité, il met de l’avant de grands travaux de construction.
Doté d'une rare énergie et d'une imagination féconde, François ouvre la voie à de nombreux ingénieurs québécois. Il est exigeant envers lui-même et les autres. Mais si son employé a raison, il le défendra jusqu’à la mort.
Durant les années 50 et 60, il sera l'âme dirigeante de grands projets hydroélectriques : les centrales Bersimis-1, Bersimis-2, Beauharnois, Carillon et Manic-Outardes.
À Carillon, François travaille à la construction du barrage pendant que son frère Jacques est l’un des scientifiques découvrant les fondations du fort de Dollard des Ormeaux (1660). Une fois les recherches terminées, le lieu du fort sera inondé.
1962-64 Manic 5 le plus gros barrage à voûte au monde est construit. Il en est le concepteur.
En 1966, il est prêté à l’Expo 67 pour concevoir l’île Notre-Dame. Île créée de toute pièce.
En 1968, il s'associe à l'étude d'ingénieurs-conseils Acres (Québec) Limited, en tant que vice-président. Il est impliqué dans la conception des projets gigantesques de Churchill Falls et de la Baie James.
En 1970, il fonde avec ses associés la firme d’ingénieurs conseil « Rousseau, Sauvé, Warren ».
Comme disait Roger Warren, il appuyait ses énoncés avec des tableaux, des dessins, des agencements et des démonstrations. Plus souvent qu’autrement, une seule rencontre avec François Rousseau convainquait son interlocuteur du bienfondé du projet.
Rousseau est le principal promoteur d'un projet de production hydroélectrique sur La Grande Rivière. Il prépare les études qui inciteront le gouvernement de Robert Bourassa à développer le potentiel de cette rivière dans le cadre du projet de la Baie-James. (1)
Guy Saint-Pierre, ancien associé de mon père, alors qu'Il était ministre dans le gouvernement Bourassa invite à souper Paul Desrochers, l’éminence grise de Robert Bourassa. Il veut lui présenter ses anciens associés. Robert Bourassa fait les relations publiques et Paul Desrochers, inconnu de la population même encore aujourd’hui, fait les affaires.(1)
Paul Desrochers affirme à ce souper : « Le Premier ministre s’est fait élire en promettant 100 000 emplois. Nous nous demandons ce qu’on pourrait faire pour créer ces emplois. Nous cherchons quelque chose qui, en même temps, pourrait servir à la province ». François Rousseau de lui répondre : « Il y a un projet qui a été mis sur les tablettes à Hydro-Québec à cause des chutes Churchill. C’est la Baie James ».(1)
Paul Desrochers ajoute : « Je connaissais François Rousseau. Je l’avais rencontré au projet Manicouagan-Outardes alors qu’il était ingénieur en chef à l’Hydro-Québec. Il était intéressé par la question du développement hydro-électrique du Québec. Il connaissait son affaire. Et puis, ce n’était pas un gars empêtré dans la bureaucratie ».(1)
Trois jours plus tard en après-midi, Desrochers se rend à l’appartement de Rousseau, au Château, rue Sherbrooke. Ils étudient des rapports des années 1930 à 1966 sur le rendement des rivières de la Baie James. À 4 h 30 du matin, Paul Desrochers prend congé de son hôte. Les deux sont fatigués mais heureux. Desrochers a trouvé son projet pour les 100 000 emplois et Rousseau vient de se trouver un allié solide et puissant.(1)
Déjà le , François avait adressé une note manuscrite sur le sujet au commissaire Joseph Bourbeau d’Hydro-Québec. D'ailleurs, je pense que ce projet était dans sa tête depuis les années 50.
L’idée originale du projet est de François Rousseau. Robert Bourassa en est le père politique et mon père, le père conceptuel.
Le 26 septembre 1968, François Rousseau obtient la médaille « HQ » de l'Hydro Québec pour le parachèvement du barrage de Manicouagan 5. Au début des années 70, il obtient la Médaille « Julian C. Smith » de l'Association canadienne des ingénieurs et aussi la médaille de « l'Ordre du Canada ».
Au courant de l’actualité nationale et internationale, amateur des grands peintres québécois et étrangers, amateur de l’art en général, d’architecture, d’histoire, de bons vins, de bonne bouffe, grand cuisinier hors du commun, jardinier de fin de semaine, amateur de voyages outre-mer, bon photographe amateur, aimant la nature, sociable, amoureux de sa femme, de ses enfants et petits enfants, François Rousseau était aussi un bon vivant.
Grand fumeur de cigare de la Havane, cela le conduira à l’hôpital. Il est décédé en 1975 quelques jours après sa fête.
Comme il me disait, les écrits demeurent, les paroles s’envolent.
Et bien voilà un écrit qui demeurera.
Philippe,
fils de François
Sources :
(1) Baie James, une épopée, Roger Lacasse, éd. Libre Expression, PP 95-96, 1983
Documentations de François Rousseau
Souvenirs de Philippe Rousseau
Le tunnel Wellington.ca
Pont Jacques Cartier, Wikipédia
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