Syrie : La guerre civile en 2011
- Par rousseau-philippe
- Le 13/05/2016
- Dans Syrie
Guerre civile
2011
Rouge : manifestations pacifistes. Bleu : manifestations avec morts.
Dans la foulée du printemps arabe, de grandes manifestations pacifiques ont lieu dans la ville de Deraa. Les autres municipalités suivent. Toute la Syrie descend dans la rue. Alors, le gouvernement annonce une baisse de taxes. Des dizaines de fonctionnaires corrompus sont mutés ou renvoyés. Le pouvoir hausse le salaire des administrateurs. L'état d'urgence est levé. Le tribunal d'exception est aboli. Le premier ministre est remplacé. Malgré toutes ces concessions, le mouvement s'étend d'avantage, demandant tout simplement la démocratie.
Le pouvoir garde en mémoire la révolte de Hama des Frères musulmans en 1982, révolte réprimée sans réaction internationale (40.000 morts). Il lance donc les « moukhabarats » (police secrète) qui tirent, 600 morts... des milliers de blessés... 8.000 arrestations... En réponse : 230 démissions au gouvernement. À Homs sera filmé, des individus armés, jetant dans le fleuve, des corps de policiers anti-émeute et de « moukhabarats » fortement ensanglantés, un plein camion.
Les communications par satellite sont coupées de même qu'Internet. Cinq semaines après le début des manifestations M. Barack Obama appelle à la fin de la répression et réclame le départ de Bachar el-Assad. Il désengage les États-Unis d'Afghanistan et d'Irak et n'a pas l'intention de mener une intervention militaire en Syrie.
À Damas, suivi par d'autres villes méditerranéennes, d'autres Syriens descendent dans la rue, en aussi grand nombre. Ces manifestations monstres pro-régime ne seront presque jamais montrées dans les médias occidentaux.
Assad vide ses prisons. Des milliers de prisonniers rejoignent la rébellion. Ils la radicalisent et l'islamisent. Ahrar al-Sham est fondé (Islamiste, 3e force rebelle, après l’État islamique et Al Nosra). Le territoire jordanien sert de base arrière et de camp d'entrainement aux groupes rebelles. Des quartiers, des villes et certaines provinces passent à l’insurrection. Beaucoup d’étrangers affluent et renforcent la rébellion. Le Front al Nosra effectue de nombreux attentats-suicides à Damas. De nombreux soldats sont tués.
L'Armée Syrienne Libre, mouvement rebelle pro-démocratique (4e force rebelle) naît. La ville de Deraa est sous son contrôle. De vastes pans de l’armée, en majorité sunnites, la rejoignent.
Depuis quelques années, la Turquie entretenait de bonnes relations avec la Syrie. Au début, elle tente de convaincre Bachar el-Assad de négocier une issue pacifique. N'étant pas entendue, elle rompt, croyant à tort la chute imminente du régime. Elle apporte son soutien à la rébellion. Le Conseil National Syrien est lancé à Istanbul. l'Armée Syrienne Libre en fait partie. Le CNS rassemble plus de 30 organisations d'opposants dont les Frères musulmans (majoritaires). Les rebelles franchissent librement la frontière turque et leurs blessés sont soignés dans les hôpitaux turcs. Même le Front al-Nosra bénéficie de livraisons d'armes.
Quelques mois seulement après le début du conflit, l'Arabie saoudite appuie l'Armée Syrienne Libre et les groupes salafistes, comme Ahrar al-Sham et Jaysh al-Islam. En revanche elle est hostile aux Frères musulmans. Des milliers de Saoudiens partent combattre en Syrie et les djihadistes bénéficient du soutien financier d'acteurs privés parfois liés à la famille royale.
Contrairement à l'Arabie saoudite, le Qatar soutient les révolutions du Printemps arabe et appuie ouvertement les Frères musulmans. Il finance la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution.
La Russie et la Chine opposent leurs vétos au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression syrienne. Des milices pro-gouvernementales sont créées. le Hezbollah, milice libanaise chiite pro-iranienne, envoie des forces en Syrie pour appuyer le régime. Des éléments du Corps des Gardiens de la révolution islamique (Iran) sont déployés.
L'Union européenne prend des sanctions contre Damas. Moscou s'y oppose. La diplomatie française s'illustre contre le régime. L'aviation israélienne effectue des frappes aériennes contre le Hezbollah et l'armée syrienne. Une escalade de la répression est constatée. La Ligue arabe (sauf l'Irak et le Liban) vote la suspension de la Syrie et prône des sanctions politiques et économiques. Les Russes s'affichent en protecteurs de la communauté chrétienne, en grande majorité orthodoxe et liée à l'Église moscovite.
Le haut-commissaire des Nations unies aux Droits de l'Homme déclare la Syrie en état de guerre civile. Dès 2011, la liste des intervenants dans le conflit syrien est explosive, mais les médias ne le perçoivent pas encore tout à fait. C'est normal, beaucoup d'interventions sont faites en catimini.
L'année se termine avec 9.000 morts.
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