Situation cahoteuse au nord-est de la Syrie
- Par rousseau-philippe
- Le 19/10/2019
- Dans Syrie
Carte : Le-Blog-Sam-La-Touch.over-blog.com
Bleu : Zone démilitariée que veut obtenir la Turquie; jaune : zone sous contrôle Kurde; rouge : zones sous contrôle de l'armée syrienne, vert : zone sous contrôle de HTS; orange : zone récemment sous contrôle de l'armée syrienne.
Erdogan estime que la zone de sécurité en Syrie de 30 km de largeur, allant de l'Euphrate à la frontière irakienne, soit sur 400 km de longueur, devra servir à installer une partie des quelques 3,6 millions de réfugiés syriens venus chercher asile en Turquie et en même temps, elle devra aussi servir à éloigner les forces kurdes (YPG), qu'il considère comme une organisation terroriste.
"Si vous essayez de présenter notre opération comme une invasion, nous ouvrirons les portes et vous enverrons 3,6 millions de migrants", avait menacé le président turc au début de l'offensive. Une menace que les Européens prennent au sérieux. Pour contenir la vague migratoire, il y a quelques années ils ont signé un accord avec Ankara, qui stipule que cette dernière doit retenir sur son sol les réfugiés syriens en échange de 6 milliards d'euros. Jusqu'à présent, seule la moitié de la somme a été versée, poussant régulièrement la Turquie à remettre l'accord financier en cause.
Le cessez-le-feu, bien qu'imprécis sur la longueur et la largeur de son application, prévoit l'évacuation des Kurdes de la zone proche de la frontière turco-syrienne. Ce cessez-le-feu permet aussi à la Turquie d'éviter de lourdes sanctions américaines et européennes, qui pèsent sur elle depuis le début de l'offensive.
Les kurdes réclamant un couloir humanitaire, pour évacuer civils et blessés de la ville de Ras Al-Aïn, particulièrement sous tension, ont donc accepté le cessez-le-feu. L'offensive turque a fait jusqu'à maintenant 300 000 réfugiés. Mazlum Kobane, l'un des chefs kurdes en Syrie, estime que l'arrêt temporaire des combats se limite aux régions de Tal Abyad et Ras Al-Aïn, théâtre des affrontements entre l'armée turque et l'armée kurde. Hors de question en revanche, que les Turcs prennent le contrôle des quelques 400 km de frontière, ou que des modifications démographiques aient lieu, a précisé Mazlum Kobane, réfutant ainsi la réinstallation de millions de réfugiés syriens de Turquie dans cette zone.
Le cessez-le-feu prendra fin mardi le 22 octobre, date à laquelle Erdogan rencontre Poutine à Moscou. La Russie devrait donc jouer un rôle d'intermédiaire entre les gouvernements syrien, turc et kurde.
Sources :
France info, Offensive turque en Syrie : à qui profite vraiment le cessez-le-feu ?, 19/10/2019
Fabrice Balanche, géographe et spécialiste de la Syrie
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