Syrie : Les négociations de Genève
- Par rousseau-philippe
- Le 30/01/2016
- Dans Syrie
L'opposition arrivant à Genève,
les discussions peuvent commencer
L'émissaire de l'ONU Staffan de Mistrua et l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar al-Jaafari
Les négociations (prévues pour durer six mois) démarrent par une rencontre entre l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie et une délégation du régime de Damas. Les Syriens (régime et opposition) doivent s'entendre sur une autorité de transition chargée de coordonner des élections au milieu de 2017.
L'opposition syrienne finalement présente
L'opposition syrienne réunie à Ryad, décide finalement de se rendre à Genève pour participer aux discussions avec l'ONU. Cependant avant de commencer les négociations, elle a une exigence : que les bombardements de civils et les sièges de localités par le régime, s'arrêtent. C'est l'application des mesures humanitaires prévues par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU qu'elle exige. Cette résolution stipule l'arrêt des bombardements des zones civiles et l'accès aux localités assiégées. 18 zones sont actuellement assiégées et plus de 4,6 millions de civils ont peu d'accès à l'aide humanitaire. Les États-Unis et l'Arabie saoudite lui donnent l'assurance que la résolution 2254 sera appliquée.
« Ça va très mal. » Le politologue syrien Salam Kawakibi, proche de l’opposition au régime Assad, ne cache pas son pessimisme quant à l’impact des bombardements russes sur le terrain. « Il n’y a rien de définitif, mais les effets sont dévastateurs. Les frappes russes sont beaucoup plus précises que celles du régime. Dans le nord et dans le sud, les rebelles sont dans une situation très difficile. »
Le sort du président Assad est la question la plus épineuse à plus long terme, l'opposition réclame son départ dès la formation de l'autorité de transition, ce que le régime et ses alliés russes et iraniens refusent catégoriquement.
La question de la représentation des Kurdes reste également en suspens. Le PYD, principal parti kurde, n'a pas été invité aux pourparlers, la Turquie n'en voulant pas malgré la forte insistance de Moscou.
Les négociations débutent : Tu me donnes ceci, je te donne cela etc...
Toutefois selon le président iranien, ce serait étonnant que les négociations aboutissent tôt, puisque certains groupes font la guerre au gouvernement central mais aussi entre eux et qu'il y a beaucoup d'ingérences extérieures.
La guerre civile syrienne voit tous les mois des factions rebelles régler leurs comptes entre eux. Le Front Al-Nosra, affilié d'al-Qaida, et Ahrar Al-Cham (les hommes libres du Levant) – les deux plus puissants groupes insurgés du Nord-Ouest syrien – se sont affrontés dans la région de Salaquin. Même si les deux organisations ont signé un accord de paix. Sur le terrain c'est difficile, car elles n'ont pas le même agenda politique.
Les deux organisations sont pourtant théoriquement alliées au sein d’une coalition militaire baptisée « Armée de la conquête », qui avait mis en déroute les troupes gouvernementales dans la province d’Idlib. Par contre, les deux principales possessions des insurgés dans le Nord-Ouest sont sur la défensive. Le tout, dans un contexte où plus d’une vingtaine de cadres d’Ahrar Al-Cham et d’Al-Nosra ont été victimes d’assassinats probablement ciblés par le régime.
Si les salafistes d’Ahrar Al-Cham, soutenus par l’Arabie saoudite, revendiquent l’instauration d’un régime islamique en Syrie, la nature « transnationale » du Front Al-Nosra, qui maintient son allégeance à Al-Qaida – en guerre ouverte contre les Saoud - fait toute la différence.
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Le régime en position de force
Après avoir résisté aux bombardements russes, les insurgés reculent. L’armée régulière et ses alliés qui enchaînaient les défaites, reprennent l’offensive avec l’aide des Soukhoï russes.
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L’Etat islamique et le Front Al-Nosra exclus
Parmi les absents et opposants acharnés aux négociations, l’EI et le Front Al-Nosra. Un consensus existe quant à l’exclusion de ces deux groupes, inscrits sur la liste des organisations terroristes des Nations-Unies.
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Les parrains des deux camps en coulisse
Seules les parties syriennes au conflit sont invitées à Genève. Mais en coulisse, leurs parrains respectifs tirent les ficelles et un accord semble impossible à trouver sans leur aval. Sur le terrain diplomatique, c’est la Russie qui mènent les négociations pour Damas. L’opposition compte au nombre de ses soutiens l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie, la France et les États-Unis.
Notons qu'en sous-mains, l’opposition accuse les États-Unis de faire pression pour qu’elle accepte les exigences de la Russie.
À suivre...
Sources :
La Dépêche.fr : Syrie : l'opposition viendra à Genève, 30/01/16
Le Monde : Madjid Zerrouky, Les négociations attisent les tensions entre brigades islamistes en Syrie, 29/01/16
Le Vif.be : Syrie: les discussions ouvrent à Genève, 29/01/16
Le Monde : Madjid Zerrouky, Des négociations à quitte ou double pour l’avenir de la Syrie, 28/01/16
Le Monde : Benjamin Barthe, Les frappes russes font reculer les rebelles dans le nord de la Syrie, 21/01/16
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