Le 4e anniversaire de la guerre civile syrienne : 2014
- Par rousseau-philippe
- Le 14/03/2015
- Dans Syrie
2014
146.000 morts plus tard, une guerre qui n'en finit plus. En se prolongeant, le conflit est devenu à la fois guerre par procuration et aussi guerre sainte. Malgré la catastrophe humanitaire qui se déroule sous ses yeux, la communauté internationale peine à se mobiliser et à s'entendre sur la position à adopter. La diplomatie occidentale improvise.
Le mécontentement contre le régime est plus grand parmi les Sunnites conservateurs et dans les localités ayant un taux de pauvreté élevé, comme Deraa et Homs, parmi les quartiers les plus déshérités des grandes villes ainsi que dans les zones rurales touchées par la sécheresse de 2001.
Le démantèlement de l'arsenal chimique du régime, encadré par l'Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, aboutit à la destruction du stock.
L'Armée Syrienne Libre était la première coalition rebelle formée lors de la militarisation de la révolte pour tenter de renverser Assad. Soutenue par l'Occident et considérée comme la rébellion "modérée", l'ALS a été affaiblie par des divisions internes et prise de vitesse par les groupes djihadistes.
Le coup le plus dur a été asséné en décembre 2013 quand Washington et Londres ont décidé de suspendre leur aide non létale, après la prise de dépôts d'armes de l'ASL par des djihadistes. Au départ force principale de l'opposition, l'ASL démocratique est donc supplantée totalement par les djihadistes.
L’Arabie saoudite et le Qatar financent des groupes fondamentalistes dont le lien avec Al Quaïda a été démontré. D'un conflit entre une dictature sanguinaire et une opposition syrienne aspirant à la démocratie, la crise s'est transformée en une guerre entre un régime despotique et des djihadistes dont l'objectif est d'installer un état islamique.
Début 2014 la principale force rebelle en termes d'effectif est le Front Islamique regroupant des brigades syriennes comme Ahrar al-Sham se réclamant du salafisme ou des Frères musulmans. Elles sont principalement regroupées au sein du Front al-Nosra, branche officielle d’Al Quaïda. Ce groupe s'est rapidement imposé au sein de la rébellion, grâce à sa discipline et au zèle de ses combattants.
L'EIIL est en guerre plus ou moins ouverte avec toutes les autres factions rebelles. Cependant les frontières entre ces groupes sont poreuses et de nombreux combattants changent d’allégeance.
Dans l'Est, la première moitié de l’année est marquée au fer rouge par des combats acharnés entre Al Nosra filiale d’Al Qaïda et l’EIIL, en dépit de l’appel à l'ordre adressé par le chef d'Al-Qaïda. L’EIIL en sort victorieux. De son côté, le Front al-Nosra, chassé de l'Est par l'EI, monte en puissance dans le Nord-Ouest et le Sud. L’ASL qui y était prédominante y cède sa place.
Le régime syrien n'arrêtera jamais de déclarer que « la Syrie est confrontée à une guerre barbare contre les groupes takfiris (terroristes)». Les exactions des takfiris (coupage de tête et autres…) vont provoquer dans un second temps l'afflux de combattants étrangers pro-régime.
Rose : Assad. gris : État islamique. blanc et vert : Al Nosra, Front islamique et ASL. jaune : Kurdes.
Mai : Le gouvernement a repris le contrôle de la ville de Homs. Il contrôle maintenant le centre du pays et 60% de la population. Certaines unités de l’Armée Syrienne Libre passent du côté de l’Armée Arabe Syrienne. Bachar Al Assad a réussi à délégitimer la rébellion, en soulignant les ingérences étrangères dans le pays. L'opposition, qui s’en allait déloger le Lion, en est réduite à négocier des couloirs d'évacuation.
Début juin, le pays est sur les rotules, pourtant le régime Al Assad est toujours debout et nargue l’opposition par une élection présidentielle à travers laquelle, il ira chercher sa légitimité, 88,7% des voix. On ne note aucune scission majeure au sein du clan Assad.
Fin juin, l’État islamique en Irak et au Levant s’appelle dorénavant, l’État islamique et réunit les territoires qu’il contrôle en Irak et en Syrie pour en faire un califat. L’avancée fulgurante de l'État islamique en Iraq et en Syrie, nous a tous surpris. Pourtant dès le début de son existence, ce mouvement affirmait vouloir unir les parties sunnites de l'Irak, de la Syrie, du Liban et de la Jordanie. L'État Islamique possèderait environ entre 20.000 et 50.000 guerriers dont 12.000 étrangers.
En août, la coalition anti-État-islamique commence ses bombardements, Américains en tête.
Septembre, l'EI attaque la ville de Kobané. Les Kurdes parviendront à reprendre la totalité de la ville en janvier 2015.
Toujours septembre, l’EI coupe des têtes sur vidéo. C’est l’organisation qui depuis le début de son entrée dans le conflit, se sert le mieux des médias sociaux.
La conférence de paix « GenèveII » durant laquelle l’opposition et le régime se sont effectivement rencontrés, n'a abouti à rien, que dalle! John Kerry d'un amateurisme surprenant y affirme : "Assad ne fera pas parti d'un gouvernement de transition." Le premier ministre syrien n'a qu'à lui répondre : " Ce n'est pas un pays étranger qui décidera si Assad fera parti ou non d'un gouvernement de transition mais c'est bel et bien le peuple syrien qui en décidera ! " Et vlan! Dans les dents! Avec de telles affirmations, c'était " Foupoudav ! " foutu, pourri d'avance !
Le gouvernement considère comme la question la plus importante, le terrorisme. L’opposition considère comme la question la plus importante, l'autorité gouvernementale de transition. Pendant ce temps, c’est La guerre sans merci sur le terrain. Le "talking on the ground" est excessivement brutal.
Après septembre beaucoup de groupes à travers le monde annonce leur allégeance à l’État islamique.
2014, ajoute 76,000 morts, l'année la plus meurtrière. On est rendu à 222.000 morts. Ah oui, le slogan du début des manifestations pacifiques : « Pour une Syrie sans tyrannie ».
Suite dans le prochain article… 2015
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