La victoire de Bachar est pour bientôt
- Par rousseau-philippe
- Le 04/08/2016
- Dans Syrie
Washington signe un accord avec Moscou. Les détails demeurent toujours secrets, mais John Kerry les dévoilera pendant le mois d'août. L'accord prévoit une coopération contre le Front al-Nosra, même si celui-ci a officiellement rompu ses liens avec al-Qaïda. En fait, al-Nosra essaye tout simplement d'éviter les frappes américaines. Or la Maison Blanche ne change rien à sa volonté d'éliminer le Front al-Nosra, devenu depuis sa rupture avec al Qaïda, Fatah el-Sham (La conquête du Levant).
Sans doute les négociations sont-elles toujours en cours à propos des groupes et sur la délimitation des zones qui seront frappées par la nouvelle coalition. Un état-major commun doit être créé en Jordanie. En échange du soutien américain contre al Nosra, les Russes s'engagent à ne pas attaquer les «rebelles modérés» soutenus par les États-Unis. L'armée syrienne et les milices chiites étrangères sont, elles aussi tenues par l'accord.
Cet accord est dû aux désillusions américaines à l'égard d'une crise qui n'en finit plus, du succès de la stratégie russe et du besoin de dégager le terrain pour Hilary Clinton. En effet, une attaque de l'État islamique majeure contre les États-Unis, avant l'élection présidentielle du 6 novembre, risquerait de faire basculer les électeurs vers Donald Trump. Pour éviter cela, les États-Unis s'engageraient davantage contre al Nosra que contre l'État islamique. Libre ensuite à Hillary Clinton de poursuivre cette stratégie ou de se montrer plus faucon que colombe, à condition d'être élue présidente.
L'inconvénient est que le Front al-Nosra et les groupes rebelles qui combattent le régime de Bachar al-Assad à Alep, sont entremêlés. La récente contre-offensive rebelle pour briser le siège des quartiers Est en constitue un exemple. al-Nosra (al Qaïda), Ahrar al-Cham, Noureddine Zenki, Ajnad al-Cham (tous djihadistes) ont tenté plusieurs contre-attaques, sans succès. C'est donc difficile de croire que ces dits «groupes modérés» se détacheront d'al-Nosra.
Dans les faits, l'accord donne l'avantage décisif au régime d'Assad. À la fin de l'été 2016, nous assisterons probablement au dénouement de la guerre, non pas des combats en tant que tels, car le conflit possède quand même sa propre dynamique, mais nous assisterons à la victoire de la Russie et de l'Iran.
Source :
Le Figaro : Accord russo-américain en Syrie : vers la victoire finale de Moscou et de Téhéran ?, Fabrice Balanche, 03/08/16
Agrégé et docteur en Géographie, Fabrice Balanche est maître de conférences à l'Université Lyon-2 et chercheur invité au Washington Institute. Spécialiste du Moyen-Orient, il a publié notamment La région alaouite et le pouvoir syrien (éd. Karthala, 2006) et Atlas du Proche-Orient arabe (éd. RFI & PUPS, 2010).
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