La Turquie coupe l'eau de l'Euphrate

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Après avoir envoyer des renforts militaires, violant la convention internationale sur l’accès à l’eau, la Turquie coupe l'approvisionnement en eau du fleuve Euphrate. Conséquences : Fermeture d'une usine hydroélectrique et du barrage de Tichrine, qui fournit l’eau et l’électricité à la ville de Manbij et à la région de Kobané, à majorité kurde. Manbij fournira donc aux civils des générateurs à essence pour affronter cette coupure d'électricité. Cette action est destinée à déstabiliser les Kurdes avant d’en arriver à des mesures plus drastiques comme d’envahir la ville.

Les Américains soutenant les Kurdes, Erdogan leur demande de choisir : la Turquie ou les Kurdes syriens. Les États-Unis ne peuvent pas laisser tomber les Kurdes, car leur lutte contre l'EI en Syrie serait alors terminée. Ils ne peuvent pas non plus laisser tomber la Turquie puisqu'ils utilisent une de ses bases militaires et que la Turquie est membre de l'OTAN tout comme eux.

Le barrage de Tichrine

Le barrage de Tichrine

Le gouvernement syrien est également touché puisque dans la vallée de Tichrine se trouvent le barrage de Tabqa et le lac Assad fournissant à Alep la plus grande partie de son électricité et de son eau potable, ainsi que l’eau nécessaire pour irriguer plus de 640.000 hectares de terres agricoles. La Turquie menace ainsi aussi Mossul en Irak, dont l’alimentation en eau potable dépend également de l’Euphrate.

Pendant ce temps, les États-Unis envoient 400 soldats supplémentaires pour appuyer l’offensive contre Raqqa, capitale de l'État islamique en Syrie. 

En plus, la Syrie accuse l'armée turque de bombarder à l'artillerie lourde la région de Manbij. Damas n'a donné aucune autorisation à l'armée turque pour entrer en territoire syrien. Le Conseil militaire de Manbij, appuyé par les États-Unis, a cédé le contrôle de plusieurs villes au gouvernement de la Syrie dans le cadre d'un accord promu par la Russie visant à réduire la tension. 

Aussi, depuis qu'elle a déployé des troupes en Syrie depuis 2015, la Russie est devenue incontournable au Moyen-Orient. En effet, le président Vladimir Poutine accueille le Premier ministre israélien Netanyahu et recevra bientôt le président turc Erdogan. Ces hommes discuteront de commerce, d'énergie, d'investissement et du conflit syrien.

Israël est préoccupé par l'instabilité à sa frontière avec la Syrie. Le Hezbollah, l'armée syrienne et des milices pro-iraniennes luttant contre al Qaïda et l'État islamique sur les hauteurs du Golan, inquiète Tel Aviv. Israël implore régulièrement la Russie pour maintenir le Hezbollah et les groupes pro-iraniens profondément anti-israéliens, loin de sa frontière. 

Israël cherche des garanties de la part de la Russie, s'assurant que le Hezbollah ne mette pas la main sur l'aide militaire accordée par Moscou à l'armée syrienne. Tel Aviv, dans le but d'obtenir un résultat, refuse de vendre des armes aux pays limitrophes de la Russie. Par exemple, en 2008 pendant la guerre russo-georgienne, Tel Aviv a suspendu ses ventes d'armes à la Géorgie.

Israël demande l'aide russe pour préserver une zone tampon dans les hauteurs du Golan, tout comme elle l'a demandé aux États-Unis. Mais elle veut aussi être en mesure de cibler les convois du Hezbollah et des dépôts d'armes dans la région, sans marcher sur les pieds de la Russie. Et si un éventuel conflit avec le Hezbollah se répandait en Syrie ou au Liban, elle veut s'assurer que la Russie ne s'en mêlera pas. Autrement dit, Israël veut le beurre et l'argent du beurre.

Mais la capacité de Moscou à manœuvrer les acteurs sur le champ de bataille près d'Israël est limitée et Tel Aviv le sait. D'ailleurs, les propres priorités de la Russie en Syrie l'emporteront sur toutes les demandes d'Israël ou de la Turquie. 

La semaine dernière, le plan Turc pour une offensive sur Manbij a été stoppé par une prise de contrôle de l'armée syrienne à la périphérie du territoire kurde face à l'armée turque, le tout avec l'assentiment de la Russie et des Kurdes. Ce sera un sujet de discussion entre Poutine et Erdogan.

Le but de ces réunions est de conserver les canaux de communication ouverts et de trouver si possible une solution. La Russie se soucie de maintenir ses relations avec Israël et la Turquie pour préserver ses liens économiques importants avec eux, mais le but ultime de Moscou demeurera toujours ses propres intérêts dans la région, c'est à dire son alliance avec Damas et Téhéran. 


Sources :

Résau International : Juste après la visite de McCain à Erdogan, la Turquie coupe l’eau à la Syrie, 10/03/17

L'Humanité : syrie. Les troupes turques encerclées par les forces syriennes et kurdes, 10/03/17

Ncuatro : Siria acusa al Ejército de Turquía de bombardear sus posiciones en la provincia de Alepo, 10/03/17

Stratford : Russian Realpolitik at Work in the Middle East, 10/03/17

Journal de Montréal : Les États-Unis envoient 400 soldats supplémentaires en Syrie, 09/03/17

 

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