La situation sur le terrain en Syrie
- Par rousseau-philippe
- Le 02/02/2017
- Dans Syrie
Les insurgés djihadistes sont de plus en plus affaiblis pour entreprendre les pourparlers de paix onusien, reportés au 20 février prochain. Ils sont sur la défensive, divisés, encerclés et sans espoir de victoire. Le gouvernement a adopté une stratégie d'usure, comptant sur la lassitude des populations, bombardées, assiégées et victimes de l'arbitraire des rebelles. Les plus rationnels (parmi les insurgés) cherchent désormais à négocier avec le gouvernement syrien leur amnistie. Quant aux autres, ils n'ont d'autre espoir que d'être transférés vers Idleb. Désormais le gouvernement peut s'estimer vainqueur même s'il demeure des poches de résistance.
Les insurgés ne contrôlent plus que 13% du pays. Ils ont perdu une grande partie de leur territoire près de Damas et ont accusé leur plus grande défaite à Alep-Est. Ils ne contrôlent plus qu'une poignée de régions principalement dans le Nord-Ouest du pays, soit la Ghouta orientale (région à l’Est de Damas), la province d’Idleb (Nord-Ouest), où Fateh el-Cham (ex-al-Qaïda) est fortement implanté et quelques secteurs dans le Centre et le Sud du pays.
Alep
Les insurgés voulaient en faire leur capitale. La prise d'Alep-Est par l'armée syrienne est considérée comme le Stalingrad syrien, le point tournant de la guerre. Ce gain était d'ailleurs prévisible depuis le début de l'intervention militaire russe.
Al Bab
Au Nord d'Alep, forteresse de l'EI, attaquée par l'armée turque et ses alliés de l'opposition syrienne. Le but de la Turquie est de couper en deux les zones contrôlées par les Kurdes au Sud du territoire turc. L'armée syrienne se rapproche également de la ville.
Wadi Barada
Wadi Barada (15 km au Nord-Ouest de Damas) est une région cruciale pour l’approvisionnement en eau potable de la capitale et de ses 5,5 millions de citoyens, privés d'eau depuis le 22 décembre. Les rebelles y ont saboté les réservoirs, sabotage ayant conduit à des pénuries importantes. L’ONU a dénoncé les coupures d’eau comme étant un crime de guerre. Bachar al-Assad a donc exclu la région de la trêve en cours depuis le 30 décembre et a repris la région en son entier. Il est entrain de rétablir l'eau potable pour Damas. Les insurgés ont le choix : déposer les armes ou se rendre dans la province d’Idleb. Aussi des centaines d’insurgés ont quitté Wadi Barada vers Idleb. Wadi Barada constitue également une porte d'entrée vers la vallée de la Békaa au Liban. Cette vallée est contrôlée par le Hezbollah, allié d'Assad.
Le gouvernement est entrain de s’emparer de la totalité de la province de Damas. Pour les rebelles qui perdent territoire après territoire, c’est la fin du rêve d’entrer dans la capitale.
Idleb
Province frontalière avec la Turquie, dernière place forte des djihadistes, en effet, c’est dans cette région que des milliers de rebelles se sont installés, après avoir été chassés de plusieurs de leurs bastions par le gouvernement et ses alliés russes et iraniens.
Idleb était contrôlée par une alliance nommée Armée de la Conquête, formée du Front Fateh al-Cham (Al-Qaïda) et de plusieurs groupes rebelles dont Ahrar al Cham. Cette alliance semble être entrain d'implosé.
Furieux de voir d'autres groupes participer aux négociations d'Astana, Fateh al-Cham, considéré terroriste par Washington et Moscou, a attaqué dès la fin des négociations, les alliés d'Ahrar al Cham. Les batailles pourraient se muer en guerre à finir que Fateh el-Cham n'est pas prêt de perdre. C'est une guerre au sein de la rébellion, entre les partisans d'une ligne dure (Fateh al-Cham) et ceux favorables à une solution politique au conflit (Ahrar al-Cham). La politique actuelle d'Ahrar al-Cham, d'avoir un pied au sein de l'opposition dominante et un autre dans al-QaÏda semble totalement intenable.
Avec une rébellion divisée, Damas et Moscou pourraient éventuellement lancer une offensive contre Idleb.
Raqqa
Bastion de l'EI. Pour reprendre Raqqa, les États-Unis se sont jusqu'ici appuyés sur les Forces démocratiques syriennes dominées par les kurdes, que la Turquie ne tolère pas. Pour apaiser les craintes d'Ankara, Washington souhaite maintenant que la bataille soit menée en priorité par des Arabes. De sorte que 3.000 combattants arabes des "Forces d'élite syriennes de l'opposition armée", formés par les États-Unis seront dorénavant le fer de lance de l'attaque sur la ville. Les Forces d'élite syriennes sont engagées depuis novembre dans la reconquête de la province de Raqqa. Les FDS ont confirmé la participation des Forces d'élite syriennes à la bataille de Rakka. Les Américains fournissent pour la première fois des véhicules blindés à ces groupes.
Afin de compliquer encore plus les choses, les Forces d'élite syriennes entretiennent des liens étroits avec l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, tout en se réjouissant de la réconciliation entre Trump et Poutine.
Palmyre
L'armée syrienne a repoussé l'EI à 20 km de la base T-4 près de Palmyre, dans la province de Homs. Elle poursuit sa contre-offensive et regagne le contrôle de plusieurs zones.
Deir ez-zor
93.000 habitants résistent toujours à l'État islamique qui n'arrive pas à défaire l'armée syrienne aidée par les bombardements russes.
Hassaké
Contrôlée par les Kurdes et l'armée syrienne, 300.000 réfugiés de Deir Ez-zor s'y trouvent. L'État islamique essaye toujours d'envahir la ville sans succès.
Deraa
Ces derniers mois, des centaines de terroristes ont déposé les armes dans la province de Deraa. Le ministère syrien de la Réconciliation y mène des négociations avec les citoyens faisant partie de formations armées illégales. Les autorités invitent les citoyens syriens à déposer les armes et à passer la procédure de réhabilitation pour revenir à la vie normale.
États-Unis
Le président américain a évoqué le conflit syrien lors d’un entretien téléphonique avec le président russe. Ils en sont venus à s'enligner sur une lutte commune contre l'État islamique et Fateh al Cham. Le tout est encore à développer.
Le président américain a évoqué le conflit syrien lors d’un entretien téléphonique avec le roi d’Arabie saoudite. Les deux dirigeants se sont mis d’accord pour créer des «zones de sécurité» en Syrie. Cette question a également été évoquée lors d’un autre entretien téléphonique de M. Trump avec le prince héritier des Émirats arabes unis, qui a accepté de soutenir cette initiative. Les modalités pratiques de la mise en place de ces «zones de sécurité» sont à venir.
Russie
La Russie soutient le gouvernement syrien par son aviation militaire. Celle-ci fait en sorte que l'armée syrienne est entrain de gagner la guerre. Le gouvernement russe contrôle les pourparlers politiques entre les différentes factions.
Turquie
Ankara essaye de conquérir la ville d'al Bab (forteresse EI) pour couper le territoire kurde syrien en deux. La bataille s'avère plus difficile que prévue. L'armée turque y subit des pertes entre autre une dizaine de chars d'assaut Léopard. C'est la première fois que des chars Léopard sont détruits en combat. La Turquie ne demande plus le départ d'Assad.
Le rapprochement turco-russe opéré il y a quelques mois, suivi de frappes aériennes récentes des États-Unis contre les positions de Fateh al-Cham et de frappes russes contre al Bab et Raqqa, démontrent une volonté de la part des trois intervenants extérieurs, d'unir leurs efforts.
Sources :
L'Orient le Jour : Après leurs derniers revers, où en sont les rebelles syriens ?, 01/02/17
L'Orient le Jour : De l’importance de la reprise de Wadi Barada pour le régime syrien..., 01/02/17
L'orient le Jour : En Syrie, une trêve aux accents de guerre intestine rebelle, 01/02/17
Yahhoo Actualités : En Syrie, des rebelles arabes se préparent pour la bataille de Rakka, 01/02/17Sputnik
Sputnik : Palmyre: l’armée syrienne repousse Daech à 25 km de la base aérienne T-4, 01/02/17
Libération : Syrie: nouvelle défaite pour les rebelles près de Damas, 30/01/17
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