La fin de la guerre s'annonce en faveur du régime
- Par rousseau-philippe
- Le 28/02/2016
- Dans Syrie
Un "cessez-le-feu" ne naît pas parmi les marguerites.
Pour trouver une solution à une guerre, on applique la "Real Politic", c'est à dire le point d’équilibre entre les lignes rouges des uns et des autres, selon la force réelle de chacun.
EI et alNosra
Tous sans exception, sont d'accord pour rayer de la Syrie, al Nosra, filiale d'al Quaïda et l'État islamique. Donc, ces deux groupes disparaîtront impliquant automatiquement quelques représailles terroristes sanguinaires en Russie tout comme en Occident et un retour quelque peu chaotique des djihadistes dans leurs pays d'origine ou ailleurs, comme en Arabie saoudite.
Terroristes
Le problème ce sont les autres groupes terroristes. Certains sont financés par la Turquie et d'autres par l'Arabie saoudite. Les Russes feront tout pour faire ressortir ces groupes de la rébellion et en démontrer l'appui américain à leur cause. Il ne restera qu’à laisser le monde observer le comportement des uns et des autres, soulignant ce qui cloche. Résultat : le bloc occidental en sortira discrédité, y compris aux yeux de sa propre population.
Il s’agit d’aboutir à une fin de guerre où la rébellion modérée sera très affaiblie, de part la disparition des groupes terroristes qui l'appuient. Les deux groupes forts restants, seront le régime d'al-Assad et l'État islamique.
Rebelles modérés
Financés par la Turquie et l'Arabie saoudite, ils sont d’accord pour négocier, mais surtout pas avec Assad qu'ils considèrent à juste titre comme un bourreau. Pour eux, Assad ne fait pas parti de l'avenir du pays. L'opposition modérée est et demeurera la force la plus affaiblie de la guerre civile et elle sortira du conflit encore plus affaiblie.
Le régime Assad
Quand on parle de soldats au sol, c'est la première force. Il reconquiert et contrôle maintenant près de 80 % de la Syrie utile. Il pense qu’il peut gagner militairement. L'objectif ne semble pas la négociation ou si négociation il y a, Assad participera à l'élection présidentielle et même dans une élection réelle, vérifiée par l'Occident, il est en très forte position pour la gagner.
N'oublions pas que 8 millions de réfugiés intérieurs ont choisis de vivre sous sa protection en plus de ceux qui y étaient déjà. Sur 26 millions de population, 4 ont choisi l'extérieur du pays et la majorité des 22 millions à l'intérieur, choisissent Assad et non pas la rébellion ou les terroristes. C'est normal, généralement l'ensemble des citoyens d'un pays votent pour ce qui leur semblent être la stabilité. En Syrie, la stabilité et la sécurité c'est Assad, qu'il soit tyran ou bourreau.
Iran
L’Iran veut la survie politique du régime syrien. C'est un de ses alliés de première ligne avec l'Iraq et le Hezbollah libanais. L'Iran a un pipeline à faire passer en Syrie. D'ailleurs Assad l'a choisi plutôt que celui proposé par l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie.
La Russie
Les Russes, les Iraniens, le Hezbollah libanais, les milices chiites irakiennes et afghanes sont d'accord : Assad ne sera pas défait par les armes. La force militaire russe sur le terrain assure la survie du régime et quadruple sa force. Après avoir gagner militairement contre l'opposition dite modérée mais hétéroclite, Damas et Moscou attaqueront al Nosra et l'EI et gagneront à nouveau des territoires. L'importance de la force militaire aérienne russe en fait la première force clé en Syrie.
États-Unis
Les Américains continueront de jouer la carte des bombardements civiles par les Russes. Ce qui n'a aucun impact sur le terrain, mais fonctionne très bien pour ce qui est de discréditer la Russie auprès de la population occidentale. Le secrétaire d’état américain prévoie la division de la Syrie, en cas d’inefficacité du cessez-le-feu. Ce qui est toujours possible.
Alliés de la Turquie et de l’Arabie saoudite, les États-Unis sont d’abord attachés à lutter contre l'EI. Ils réalisent l’essentiel des bombardements contre ce groupe. Leur position officielle est toujours que M. Assad quitte le pouvoir, mais ils ne précisent pas quand. Le sort du dirigeant syrien ne semble pas leur priorité. Ils ne s'engageront jamais directement contre lui ou les Russes et conseillent aux Turcs de faire pareil.
Les Kurdes
Les Kurdes de Syrie, soutenus par Washington et Moscou, meilleure force sur le terrain contre l'EI, ont pour objectif de se tailler un territoire autonome le long de la Turquie, quitte à faire une alliance avec Assad. Ce qui arrivera probablement en temps et lieu. Ils ont en ce moment une alliance tacite avec le régime.
La Turquie
La Turquie entend empêcher les Kurdes de Syrie de s’installer le long de ses propres zones kurdes. Elle semble y échouer. Elle a menacé d'intervenir directement sur le terrain. Ce qu'elle ne peut plus faire malgré qu'elle possède la deuxième armée terrestre de l'OTAN après celle des États-Unis. Elle bombarde les Kurdes depuis sa frontière. Ce qui ne semble pas suffisant pour arrêter les Kurdes.
L’Arabie saoudite
L’Arabie saoudite veut contrer l’expansionnisme iranien dans la région. Elle soutient l'opposition civile et armée. Turcs et Saoudiens, qui entretiennent leurs factions de la rébellion syrienne, veulent la chute de Bachar al-Assad. Ils semblent échouer. La Turquie et l'Arabie saoudite ne peuvent même plus faire la menace d'une intervention militaire.
Point d’équilibre
Il est clair que le point d’équilibre entre les lignes rouges des uns et des autres, selon la force réelle de chacun, sera beaucoup plus près du régime que de l'opposition.
Sources :
Le Devoir : Quelle après-trêve, si trêve il y a?, Alain Frachon, 27/02/16
Réseau International : Les Etats-Unis et leurs alliés sont à la recherche de la guerre et non de la paix en Syrie (Lavrov), 25/02/16
Sputnik : Poutine à l'appareil: entretiens avec des dirigeants du Proche-Orient, 27/02/16
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