En Syrie, une odeur de paix commence à se faire sentir
- Par rousseau-philippe
- Le 16/06/2014
- Dans Syrie
L'un des deux navires où sont stockées les armes chimiques de la Syrie, a pris la mer. Il les livre à la Finlande et aux États-Unis, pour qu'elles soient détruites.
Dans le sud du pays, un processus de réconciliation est en cours. Le gouvernement demande à plus de 5 000 rebelles d’origine syrienne de déposer les armes et de se rendre, en favorisant la sortie des djihadistes étrangers de la région.
Au même moment, Barack Obama augmente son aide en équipement et en formation à l’armée syrienne libre. La Grande Bretagne y ayant déjà emboité le pas. On parle de quelques millions de dollars seulement.
Ensemble, ils en sont venus à la conclusion que le président syrien ne cèdera pas. Les États-Unis qui envisageaient au départ, un soutien à l’opposition jusqu’à la chute du régime, visent dorénavant un règlement politique. Ils fournissent maintenant aux forces modérées un soutien qui les placerait en position de mener des négociations avec le régime.
Assad, lui, veut démontrer qu'il n'y a qu'une solution, la sienne. Le président syrien a annoncé la plus grande amnistie depuis le début de la révolte en 2011 et ce, une semaine après sa victoire présidentielle qui lui accorde une certaine légitimité.
Après trois ans de conflit sanglant et les dernières victoires de l'armée arabe syrienne, cette amnistie, pourrait toucher des dizaines de milliers de prisonniers et de révolutionnaires. Elle concerne tous les prisonniers et les combattants rebelles qui désirent déposer les armes. Les précédentes amnisties excluaient ceux qui avaient commis des crimes de sang.
Bachar al-Assad se présente comme le seul capable de ramener la sécurité et de réconcilier les Syriens. Il faudra se faire à l'idée qu’il restera et s'accommoder de lui pour quelque temps. Le temps que son clan trouve quelqu’un de présentable pour le remplacer, certainement quelques années de patience, encore.
On ne peut nier le fait que beaucoup de gens ont voté pour lui parce qu’ils voulaient le retour de la paix et de la sécurité, un sentiment partagé également par certains réfugiés syriens.
M. Assad est quand même placé en tête d'une liste de criminels de guerre présumés, en compagnie de responsables syriens et de membres de l'insurrection. Vingt dossiers d'inculpation ont été remis à la Cour pénale internationale. 55 000 clichés fournis par un photographe de la police militaire syrienne surnommé César ont apporté des preuves évidentes du recours systématique à la torture et du décès de 11 000 détenus.
Pendant ce temps, l’armée arabe syrienne fait des gains sur la ligne de front de Lattaquié dans l’Ouest du pays. Au nord à Alep, son plan consiste à encercler la ville depuis le sud. D’autres unités ont continué leurs avancées en prenant Al-Khanat. Elle est maintenant dans les monts Azzan. Les forces de l'armée syrienne sont à environ 10 kilomètres de la route Alep-Damas. Les soldats de l'armée ont mené de vastes opérations dans la localité de Joubar près de Damas.
Lors d’offensives majeurs des forces gouvernementales, le Hezbollah a réussi à assumer un rôle important dans la direction des opérations de l’armée arabe syrienne. A Qoussayr (Juin 2013), il a pris directement en main le commandement des opérations, assumant parallèlement la surveillance aérienne du champ de bataille, via des drones. Il a augmenté énormément sa capacité en tant que véritable armée. Israël le craint beaucoup plus qu’auparavant.
L’Iran accorde toujours un soutien matériel et financier constant à la Syrie (on parle de quelques dizaines de milliards) et assume un rôle fondamental dans la formation de milices chiites, notamment celles venus d’Irak. La Russie vend toujours des armes (dont certaines sophistiquées) à la Syrie (des dizaines de milliards de dollars).
Selon un rapport du Brooking Doha Center, de 100 000 à 120 000 djihadistes seraient en Syrie. Leurs parrains : l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie. Beaucoup d'argent (on parle encore de milliards) a été transféré vers ces islamistes radicaux, pas forcément par les États eux-mêmes, mais par des personnes très riches de ces pays.
Il faut reconnaître que les groupes radicaux sont des professionnels de la communication sur Internet. Ils peaufinent leur propagande et savent parler aux jeunes qui sont à la recherche d'affirmations radicales et de sensations fortes. Ils ont de l'argent et sont bien armés.
Ils utilisent la dimension religieuse que représente la Syrie dans l'imaginaire musulman. La Syrie (Bilad el-Sham en arabe), joue un rôle particulier dans l'eschatologie musulmane (discours sur la fin des temps). Dans le Coran, c'est en Syrie que doit se dérouler l'affrontement final contre Satan, lors du jugement dernier. Cela résonne bien dans l'imaginaire djihadiste.
Sept groupements fédérés au sein d’un front uni disposent de 60 000 combattants et constituent une des plus importantes formations militaires du pays. Trois de ces formations Ahrar As Cham (les hommes libres du levant), Soukour As Cham (Les Aigles du Levant) et Jaych al Islam (l’Armée de l’Islam), opèrent en coordination étroite avec Al Qaeda, via al Nosra. Son but ultime : la création d’un État islamique en Syrie.
EIIL (État islamique d’Irak et du Levant), se distingue davantage par sa sauvagerie, entrainant son expulsion d’Al Qaeda en février 2014. EIIL a été expulsé d’Alep, de Lattaquié et d’Idlib, mais contrôle encore l’axe routier Alep-Raqqa. C’est un mouvement transfrontière. Son objectif va au-delà de la Syrie et de l’Irak. Il serait en train de transférer les armes confisquées en Irak par la prise de Mossoul, vers la Syrie. À Deir Ezour, de violents affrontements entre lui et le front Al-Nosra ont toujours lieu. Il consolide ses positions en Irak et avance vers Bagdad.
L’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie ont contribué, à l’évolution de l’opposition vers l’extrémisme. Cependant, les Turcs déçus par l’attitude de ses alliés de l’OTAN dont l’abandon définitif d’une intervention militaire par les Américains, souhaiteraient mettre un terme aux combats. Ils viennent d’inscrire le groupe al Nosra [filiale d’Al Qaeda], sur la liste des groupes terroristes.
Le Qatar appelle au cessez-le-feu. Les États-Unis à une solution politique. Assad se présente comme l’homme de la réconciliation et de la paix.
Et bien en cas de paix, la reconstruction syrienne prendra sûrement entre 15 et 20 ans. Le coût en est établi à environ 165 milliards de dollars, 18 fois le budget annuel de la Syrie.
Ceci ne dérangera pas le premier cercle de Bachar Al Assad puisque qu’en reconstruisant le pays avec l’aide de compagnies iraniennes, russes et occidentales, tout ce beau monde fera d’énormes profits. Ils sont gagnants sur toute la ligne.
NB
Il est très difficile de connaître le nombre exact de soldats de l’armée syrienne libre ou de djihadistes ou de combattants étrangers, idem pour le nombre de soldats dans l’armée arabe syrienne ou du Hezbollah et des milices chiites venus d’Irak impliqués en Syrie. La même chose pour les milices kurdes de Syrie, d’Irak d’Iran ou de la Turquie.
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