5e anniversaire de la guerre civile syrienne : 2014

 

 

Images 2 3 Le démentellement des armes chimiques

 

2014

146.000 morts plus tard, une guerre qui n'en finit plus. L'année 2014 sera la plus meurtrière. Elle finira à 222.000 morts. En se prolongeant, le conflit est devenu à la fois, guerre par procuration (Arabie saoudite, Qatar, Turquie) et aussi guerre sainte. Malgré la catastrophe humanitaire qui se déroule sous ses yeux, la diplomatie occidentale improvise. Elle s'imagine que les rebelles modérés "pro-démocratie occidentale" ont encore un poids dans la balance.

Le mécontentement contre le régime est plus grand parmi les Sunnites conservateurs et dans les localités ayant un taux de pauvreté élevé, comme Deraa et Homs, parmi les quartiers les plus déshérités des grandes villes ainsi que dans les zones rurales touchées par la sécheresse de 2001.

Le démantèlement de l'arsenal chimique du régime, encadré par l'Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, aboutit à la destruction totale du stock.

Asl 1L'Armée Syrienne Libre était une des premières coalitions rebelles formées lors de la militarisation de la révolte pour tenter de renverser Assad. Soutenue par l'Occident et considérée à juste titre comme la rébellion "modérée", l'ALS a été affaiblie par des divisions internes et prise de vitesse par les groupes djihadistes tels qu'al Nosra (filiale d'al Qaïda), l'EI et Ahrar al-Sham et d'autres groupes que la presse occidentale de même que plusieurs gouvernements occidentaux prennent pour modérés alors qu'ils ne le sont pas.

L’Arabie saoudite et le Qatar financent des groupes fondamentalistes dont le lien avec Al Quaïda  a été démontré. D'un conflit entre une dictature sanguinaire et une opposition syrienne aspirant à la démocratie, la crise s'est transformée en une guerre entre un régime despotique et des djihadistes dont l'objectif est d'installer un "État islamique".

Telechargement 10Début 2014, la principale force rebelle en termes d'effectif est le Front Islamique dont le but est l'instauration d'un État islamique régi par la charia. Ce mouvement armé regroupe des brigades syriennes comme Ahrar al-Sham se réclamant du salafisme ou des Frères musulmans. Elles sont principalement regroupées au sein du Front al-Nosra, branche syrienne d’Al Quaïda. Ce groupe s'est rapidement imposé au sein de la rébellion, grâce à sa discipline et au zèle de ses combattants. 

L'EIIL est en guerre avec toutes les factions rebelles. Dans l'Est, la  première moitié de l’année est marquée au fer rouge par des combats acharnés entre Al Nosra filiale d’Al Qaïda et l’EIIL et ce, en dépit de l’appel à l'ordre adressé par le chef d'Al-Qaïda. L’EIIL en sort victorieux. De son côté, le Front al-Nosra, chassé de l'Est par l'EI, monte en puissance dans le Nord-Ouest et le Sud. L’ASL qui y était prédominante y cède sa place.

Le régime syrien n'arrêtera jamais de déclarer que « la Syrie est confrontée à une guerre barbare contre les groupes takfiris (terroristes)». Les exactions des takfiris (coupage de tête et autres…) vont provoquer dans un second temps l'afflux de combattants étrangers pro-régime.

Syrian civil war september 2014Rose : Assad. Gris : État islamique. Vert : Al Nosra, Front islamique et ASL. Jaune : Kurdes. 

Blanc : Le Golan syrien occupé par Israël.

Mai : Le gouvernement a repris le contrôle de la ville de Homs. Il contrôle maintenant le centre du pays et 60% de la population. Des unités de l’ASL passent du côté de l’Armée Arabe Syrienne. Bachar al Assad a réussi à délégitimer la rébellion, en soulignant les ingérences étrangères dans le pays. L'opposition, qui s’en allait déloger le Lion, en est réduite à négocier des couloirs d'évacuation.

Début juin, le pays est sur les rotules, pourtant le régime Assad est toujours debout et nargue l’opposition par une élection présidentielle à travers laquelle, il ira chercher sa "légitimité", 88,7% des voix. Il n'y a plus de défections au sein du clan Assad. Ce clan est maintenant totalement uni.

Ei 2Toujours en juin, l’État islamique en Irak et au Levant prend comme nom : "lÉtat islamique". Il réunit les territoires qu’il contrôle en Irak et en Syrie pour en faire un califat (un pays dont personne n'accepte le terme). L’avancée fulgurante de l'État islamique en Iraq et en Syrie, nous a tous surpris. Pourtant dès le début de son existence, ce mouvement affirmait vouloir unir les parties sunnites de l'Irak, de la Syrie, du Liban et de la Jordanie.

L'État Islamique posséderait environ entre 20.000 et 50.000 guerriers dont 12.000 étrangers. Il utilise jusqu'à maintenant, d'excellentes stratégies de guerre.

En août, la coalition anti-État-islamique commence ses bombardements, Américains en tête, sans l'approbation du régime.

Septembre, l'EI attaque la ville de Kobané. Les Kurdes, avec l'aide de l'aviation militaire américaine,  parviendront à reprendre la totalité de la ville en octobre 2015, au grand dam de la Turquie.

Toujours septembre, l’EI coupe des têtes sur vidéo. C’est l’organisation qui depuis le début de son entrée dans le conflit, se sert le mieux des médias sociaux pour sa propagande et son recrutement.

GeneveLa conférence de paix « Genève II » durant laquelle l’opposition et le régime se rencontrent, n'a abouti à rien, que dalle! M. Kerry affirme : "Assad ne fera pas parti d'un gouvernement de transition." Le premier ministre syrien n'a qu'à lui répondre : "Ce n'est pas un pays étranger qui décidera si Assad fera parti ou non d'un gouvernement de transition mais c'est bel et bien le peuple syrien qui en décidera!" Et vlan! Dans les dents! Avec de telles affirmations, c'est "foupoudav!"  foutu, pourri d'avance!

Le régime considère qu'Assad a le droit de se présenter à de nouvelles élections présidentielles. Ce que l’opposition lui refuse. Pendant ce temps, c’est la guerre sans merci sur le terrain. Le "talking on the ground" est excessivement brutal. Les morts de part et d'autre s'accumulent à une vitesse phénoménale.

Après septembre beaucoup de groupes à travers le monde annonce leur allégeance à l’État islamique.

2014, ajoute 76,000 morts, l'année la plus meurtrière. On est rendu à 222.000 morts. Ah oui, le slogan du début des manifestations pacifiques : « Pour une Syrie sans tyrannie ».

Suite dans le prochain article… 2015

 

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