Curé Labelle
- Par rousseau-philippe
- Le 13/01/2016
- Dans Québec
LABELLE, FRANÇOIS-XAVIER-ANTOINE(baptisé Antoine).
24/11/1833 au 04/01/1891 Prêtre catholique, promoteur de la colonisation.
Ses relations politiques le pousseront vers un rôle de négociateur officieux entre l’Église et l’État. Il sera toujours un homme tourné vers l’avenir et fasciné par le progrès. Le curé Labelle passera à l’histoire comme l'apôtre de la colonisation du Nord. Il gagnera à sa cause Arthur Buies, qui deviendra son premier collaborateur et son propagandiste attitré.
Ordonné prêtre en 1856, Curé de 1863 à 1868 de paroisses limitrophes des États-Unis, il devient l'un des plus grands défenseurs de la lutte contre l’émigration de ses compatriotes aux États-Unis. En 1868, il devient curé de la paroisse de Saint-Jérôme, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort.
Le curé Labelle croit que la nation catholique française est le cœur du catholicisme en Amérique du Nord et qu’elle est appelée à jouer le rôle du peuple juif au milieu des nations infidèles. La terre des Laurentides est la terre promise de son peuple. La colonisation constitue pour lui un moyen de reconquête par une stratégie légale et pacifique d’occupation du territoire.
Comme il le confessera à son évêque, il voulait enlever aux protestants les comtés d’Argenteuil et d’Ottawa pour les assurer pour toujours aux catholiques, sans le dire ouvertement. Grâce à une colonisation qui progresserait vers l’Ouest, c’est tout le territoire compris entre Montréal et Winnipeg, aussi jusqu’à la baie d’Hudson, qu'il rêve de reconquérir.
Il compte sur la construction de chemins de fer pour développer les nouveaux territoires. En 1876, lorsque le tronçon Montréal-Saint-Jérôme est officiellement inauguré, l’une des deux premières locomotives en service est baptisée « Rév. A. Labelle ». Par la suite, Labelle ne cessera de réclamer le prolongement de cette voie.
Selon lui, la prospérité de ce royaume du Nord se fera par l’exploitation des ressources agricoles et minières. Un réseau de chemins de fer le sillonnera. Des manufactures s’établiront dans ses villes d'avenir. Du commerce et du tourisme s’y développeront. Il est également convaincu que les richesses minérales sont abondantes dans les Laurentides. L’or, l’argent et le cuivre s’y trouvent comme au Colorado, toujours selon lui.
Il encourage sa paroisse à prospérer dans la voie de l’urbanisation et de l’industrialisation. Il joue un rôle certain pour l’établissement de l’importante papetière Rolland à St-Jérôme.
Labelle obtient les subsides nécessaires pour la construction de chemins dans les parties les plus reculées de sa région, contribue à établir une vingtaine de nouvelles paroisses avec 5.000 nouveaux colons. En mission officielle pour le gouvernement canadien, il parcourt l’Europe dans le but d’attirer immigrants francophones et capitaux au Canada. Il explore lui-même la forêt.
Il préconise l’érection de l’évêché d’Ottawa en archevêché pour en consolider le caractère francophone, milite pour la création d’un nouveau diocèse à Saint-Jérôme, dont l’évêque serait dépendant du futur archevêque d’Ottawa.
Le premier ministre de la province du Québec, Honoré Mercier, le nomme au poste de sous-commissaire au département de l’Agriculture et de la Colonisation que vient de créer son gouvernement. Labelle réforme la législation régissant les concessions forestières et supprime les réserves forestières. Il s’illustre en obtenant le fameux bill des 100 acres en vertu duquel toute famille qui compte 12 enfants vivants, peut se faire octroyer gratuitement une terre de 100 acres du domaine public.
Les conservateurs le combattent avec acharnement. Son archevêque subit de fortes pressions pour obtenir sa démission. Mgr Fabre a finalement raison de lui. Le 23 décembre 1890, un mot arrive du Vatican signifiant l’échec de son projet. Son rêve s’effondre par sa base religieuse. Il estime avoir été la victime que l’on a couverte de fleurs pour mieux l’immoler.
Labelle démissionne de son poste de sous-ministre le 26 décembre. Mercier refuse sa démission le 27 décembre. Le curé meurt à Québec le 4 janvier 1891, à la suite d’une brève maladie.
Le curé Labelle compte parmi les figures les plus légendaires du Québec, par sa stature physique colossale, par la liberté de langage qu’il tenait de ses origines populaires, par la fougue de son tempérament, par sa fréquentation des grands et sa proximité des petits, par sa cause de la colonisation, par sa générosité et par la démesure de ses visions d’avenir qui le faisaient passer tantôt pour fou, tantôt pour un sage sauvant son pays.
Ayant grandi dans le climat du renouveau religieux des années 1840 où le catholicisme s’affirme comme religion nationale, le curé Labelle a assumé de tout son être le nationalisme religieux, au lendemain de l’échec de l’insurrection de 1837 et du rapport Durham. Il fut à la fois héros et victime : il en a vécu. Il en est mort.
Sources :
Dictionnaire biographique du Canada, Gabriel Dussault, Université Laval, 1990
Archives de Montréal : www2.ville.montreal.qc.ca/archives/acteurs/antoine-labelle/.../index.shtm
Docèse de St-Jérôme : Le curé Labelle, savie, ses oeuvres
Statue : Curé Labelle à St-Jérôme
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