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9/11/42, arrestation d’un espion allemand au Québec

Esquisse de VoRo pour sa BD " L'espion de trop" ouvrage sur l'espion Werner von Janowski 

Telechargement 19Janowski, lieutenant de la marine militaire allemande, saboteur de formation, accoste en chaloupe à 5 h du matin le 9 novembre 1942, à 6 kilomètres de New Carlisle en Gaspésie. Il vient du sous-marin U-Boot-518. Sa mission est possiblement de faire enquête sur la construction du nouveau bombardier mosquito, déjà en production.

Cette année-là, les U-Boots sillonnent le fleuve Saint-Laurent et coulent 21 navires militaires ou marchands, en partance des côtes terre-neuviennes pour l’Europe. Les Allemands pensent éventuellement installer une base navale militaire sur l’île d’Anticosti. D'ailleurs l'année suivante, ils installeront une station météorologique au Labrador, à l'insu des autorités canadiennes.

Toujours est-il qu'à 6h30 le matin du 9 novembre 1942, Janowski se présente sous le nom de William Brenton à l’hôtel New Carlisle, en parlant anglais avec un accent parisien. Il demande une chambre avec bain. Il dégage une forte odeur de mazout et paye en dollars canadiens qui ne sont plus en circulation. Il a des allumettes belges et se dit vendeur torontois de radio.

Moins de trois heures plus tard, Janowski quitte l'hôtel pour la gare. Dans le doute, le fils du propriétaire de l'hôtel le rejoint et s'assoit à ses côtés, lui offrant une cigarette en attendant le train pour Montréal. Juste avant que le train ne parte, il alerte un agent de la police provinciale, qui se précipite tout de go dans le train et avec la description que lui a fournis le jeune, retrouve Janowski. Il l'Interroge. Lorsque le policier lui demande s'il peut fouiller ses bagages, Janowski répond : « Ça ne sera pas nécessaire. Je suis un officier allemand qui sert son pays comme vous le faites vous-même ». Dans ses effets personnels : un puissant émetteur-radio. La marine et l'aviation militaire canadienne cherchent immédiatement le U-Boot-518, mais sans succès. 

Le Service canadien du renseignement lui donne comme nom de code "Watchdog". Ici, trois thèses s'affrontent :

La première, la plus plausible, est que Janowski a coopéré, mais n’a fourni que peu de renseignements significatifs. Aucun agent allemand n'a été arrêté grâce à lui et aucun U-boot n'a été capturé, malgré son apparente coopération. En moins d'un an, l'opération "Watchdog" est suspendue et Janowski envoyé dans une prison, le camp 020 en Grande-Bretagne. En fait, sa mission était de se faire arrêté, de faire semblant de fournir des renseignements aux autorités canadiennes et de continuer à espionner pour les autorités allemandes à l'intérieur des services secrets canadiens. Janowski a probablement alerté les services secrets allemands de sa capture. Le principal protagoniste de cette thèse, le journaliste canadien Beeby, fonde sa position sur le dossier de l'agent allemand (Watchdog), obtenu du Service canadien du renseignement de sécurité, en vertu de la Loi canadienne sur l'accès à l'information.

Deuxième hypothèse : Pour d'autres, il aurait collaboré à l’arrestation de plusieurs espions allemands au Canada; mais il est impossible de savoir leurs noms. Il aurait avoué avoir l’intention de se rendre à Montréal pour contacter Adrien Arcand, nazi notoire et chef du Parti National Social Chrétien, mais déjà en prison depuis deux ans. Puis il aurait été envoyé en Angleterre pour assister les services secrets britanniques jusqu’à la fin de la guerre. Il n'a jamais posé de menace sérieuse à la sécurité alliée.

Troisième hypothèse : Ou peut-être qu'il était tout simplement un espion allemand qui s'est fait arrêté. Qu'il a fait accroire qu'il coopérerait et qu’il n’avait pas grand chose à transmettre.

Le fait est qu'il a été libéré en 1947, donc très peu de chance qu'il est véritablement collaboré. Janowski n'avait plus de domicile où retourner, car sa ville domiciliaire, comme la majeure partie de la Prusse orientale, avait été annexée par la Pologne et sa population allemande expulsée. Il a trouvé du travail comme traducteur pour la marine allemande et est décédé en vacance en Espagne en 1978.

Sources :

Patrimoine de la Gaspésie Cyber Magasine : Werner Alfred Waldemar Von Janowski : L’espion de New Carlisle de Sophie Turbide.

University of Toronto Press : Cargo of lies, la véritable histoire d'un agent double nazi au Canada de Dean Debby, évalué par RA Ratcliff (University of California, Berkeley), 1997.

Photo : Royal Canadian Mounted Police - National Archives of Canada: mug shots of Janowski, C-107138

 

 

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