Kurdistan irakien : résultat du référendum : 90% « Oui »

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Rouge        : Territoire officiel de la région du Kurdistan irakien

Rose foncé : Territoire conquis par le Kurdistan irakien 

Rose pâle  : Autre territoire revendiqué par le Kurdistan irakien

Blanc        : L'Irak non kurde

 

Les Kurdes d’Irak disent « oui » à l’indépendance

Selon la chaîne de télévision kurde Roudaou, le "oui" aurait dépassé les 90%. Massoud Barzani invite la communauté internationale à respecter la volonté de millions de personnes qui se sont prononcées en faveur de l’indépendance. Il invite également le gouvernement irakien à entamer un dialogue sérieux plutôt que de brandir des menaces. Par contre, le premier ministre irakien exclue toute négociation.

Après un demi-siècle de conflit, les 5 millions de Kurdes ont voté pour l’indépendance du Kurdistan irakien. Leur mémoire est peuplée de proches morts au combat, de clandestinité, de terreur (attaque au gaz sarin par Sadam Hussein) et d’exil. C’est le rêve de tout Kurde d’avoir un état indépendant. 

L’autonomie du Kurdistan irakien est reconnue par la constitution irakienne depuis 2005. Les Kurdes contrôlent leurs propres institutions. Ils émettent leurs propres visas et la présence de consulats étrangers à Erbil, la capitale, rend possible les relations diplomatiques directes avec différents pays. Le Kurdistan irakien contrôle ses frontières avec ses pays voisins (Turquie, Syrie, Iran) où se trouvent également des millions de Kurdes. Les jeunes générations n’ont connu qu’un système éducatif en langue kurde. L'autorité de Bagdad y est complètement absente.

Le pouvoir est exercée par deux factions politico-militaires : le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK). La capitale étant Erbil. Le Kurdistan irakien comprend trois provinces, celles de Dohouk, Erbil et Souleymanieh. Dans les faits, les zones d’influence de l’UPK et du PDK s’étendent au-delà, dans les territoires placés officiellement sous l’autorité de Bagdad, mais contrôlés en réalité par les Kurdes. Ces territoires comprennent la province du Sinjar, une partie de la plaine de Ninive, ainsi qu’une partie de la province de Kirkouk.

Dans la ville de  Kirkouk, les factions kurdes contrôlent les forces de sécurité et la vie économique depuis 2003, soit depuis la chute de Saddam Hussein. L’exploitation des ressources en pétrole de Kirkouk est vitale pour la survie économique d’un Kurdistan indépendant. Les tensions montent entre les forces kurdes et les milices chiites, notamment dans les zones mixtes situées autour de la ville, où cohabitent une majorité kurde avec des minorités arabe et turkmène. C'est le premier endroit où les forces militaires irakiennes interviendraient pour défendre les minorités. En effet, le premier ministre irakien laisse planer la menace d’une intervention militaire. 

Al-Koch aussi relève officiellement de l'autorité de Bagdad, mais est en fait tenue par le PDK. Les autorités kurdes entendent l’incorporer au Kurdistan indépendant. Ce que redoute la communauté chrétienne y vivant. Elle voudrait faire partie de l'état irakien.

Le Kurdistan irakien est en fait une zone correspondant aux sphères d'influence combinées de deux factions kurdes. Issus de la guérilla kurde contre le régime de Saddam Hussein (1979-2003), le PDK et l’UPK se sont affrontés au cours d’une guerre civile (1994-1998), avant de se partager le territoire et l’administration de la région kurde, créée après 2003. Ils conservent leurs propres forces militaires et de sécurité ainsi que des intérêts économiques et des réseaux clientélistes distincts.

L’initiative du référendum a été prise par le président de la région autonome du nord et chef du PDK, Massoud Barzani. Son initiative a reçu le soutien officiel de petits partis satellites et de l’UPK qui contrôle le sud.

 

Des voix dissidentes estiment que le Kurdistan n’est pas prêt pour l’indépendance. Le mouvement Gorran a boycotté la session du Parlement confirmant la tenue du référendum. Le 12 septembre, le Parlement fédéral a voté contre la tenue du scrutin. La Cour suprême irakienne avait ordonné le 18 septembre, la suspension du référendum jusqu’à ce qu’elle puisse en examiner sa constitutionnalité. 

L’Iran menace de fermer sa frontière avec la région autonome et de mettre fin à tous ses accords de sécurité avec celle-ci si elle venait à proclamer l'indépendance. La Turquie s’oppose également à l'indépendance. Le pays, qui entretient de bons rapports commerciaux avec Erbil, redoute l’effet contagieux que pourrait avoir la création d’un état kurde à sa frontière. 

Estimant que l'indépendance des Kurdes est une entrave à la lutte contre l’État islamique et à la stabilisation des zones libérées, les États-Unis expriment aussi leur désaccord. Washington menace de cesser tout soutien politique, militaire et diplomatique au Kurdistan irakien. 

Les Nations Unies proposent à Erbil son aide pour mener des négociations avec Bagdad. Elle n’a jusqu’ici pas reçu de réponse de la part de M. Barzani.

Les Kurdes ont su, non seulement mobiliser l’ensemble de leurs forces sur le terrain et protéger leur frontière, mais aussi accueillir 2 millions de réfugiés. Et c’est à l’heure même où les fous de Dieu s’apprêtent à rendre les armes, que les Kurdes victorieux, annoncent leur goût pour l'indépendance. Nul ne doute que l’affirmation de leur souveraineté aura un effet d’entraînement dans la région. 

Le référendum est également présenté comme un moyen d’affermir la position kurde dans l’optique de négociations avec l’état central.

 

 


 

 

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