Iraq, guerre civile ?
- Par rousseau-philippe
- Le 18/06/2014
- Dans Irak
Nous l’avons sous-estimé. En trois jours, l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) prend l’ensemble du triangle sunnite, soit Fallouja, Mossoul deuxième ville d'Irak, riveraine depuis des millénaires du Tibre, bordée de champs pétroliers. Ils prennent en fait la province de Ninive en son entier (nord), Tikrit (foyer du clan de Saddam Hussein) et d'autres régions de la province de Salaheddine, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est) et de Kirkouk (nord). Les djihadistes s'emparent par la suite, d'une grande partie de Tal Afar, ville stratégique à la frontière syrienne et d’Al-Awja, village natal de Saddam.
Les combattants en tenues noires prennent contrôle de tous ces territoires, en récupérant les armes et l’argent des banques, en appelant la population à poursuivre ses activés et en dissuadant tout pillage.
Leur objectif est maintenant la capitale. Ses rues sont quasi-désertes et les commerces fermés. Les insurgés, s’y trouvent à peine, à cent kilomètres au nord et à une soixantaine à l'ouest.
L’EIIL n'aurait jamais pu emporter un tel succès sans appuis locaux. Ce changement s’est produit grâce à la complicité de certains éléments de l’armée de l’ancien régime irakien, dirigés par Izzat al-Douri, une des plus hautes autorités politiques d’Irak sous Saddam Hussein.
Pendant ce temps, les peshmergas, force kurde, ont pris le contrôle de Kirkuk, dans le nord du pays. Ils en rêvaient depuis longtemps. C'est chose faite. Ils ne permettront jamais à l'EIIL d’y entrer.
Après plusieurs jours de déroute totale, l’armée iraquienne a repris près de Bagdad, Ishaqi, Muatassam, Dhoulouiya et repoussé une attaque à Baâqouba. Elle entame donc une contre-offensive.
Le premier ministre al-Maliki, commandant en chef des forces armées, a obtenu du gouvernement des pouvoirs illimités pour combattre les rebelles. Dans la province de Kirkouk, l’armée a écarté les djihadistes de Bachir, mais ces derniers se sont emparés de Moultaqa.
Ainsi donc, trois ans après le départ des troupes américaines, l'Irak est en train de se désagréger. Selon l'ONU, il est menacé dans sa souveraineté et son intégrité territoriale. L'offensive djihadiste suscite d’ailleurs l’inquiétude de la communauté internationale, notamment des États-Unis qui se sont militairement retirés du pays, après huit longues années.
Les Américains envisagent d’en discuter avec l'Iran, tout en excluant toute coopération militaire. Notons qu’un porte-avions est déjà déployé dans le Golfe. Ils n’enverront pas de troupes au sol mais pourraient par contre utiliser des frappes aériennes soit par jets, drones ou missiles.
Le président iranien indique une coopération possible avec les États-Unis et promet une aide au gouvernement iraquien. Quelques 5 000 Iraniens se portent d’ailleurs volontaires pour défendre les lieux saints chiites d'Irak. Ceux-ci sont en réalité la face visible de l’iceberg. Il est donc probable de voir des pasdarans (troupe d’élite iranienne), combattre au côté de ce qui reste de l'armée irakienne. Leur fameux général Souleymani, se trouverait déjà à Bagdad.
Le premier ministre Maliki est détesté par la minorité sunnite, qui l'accuse de marginalisation et de persécution, en refusant de l'intégrer dans les institutions et dans le champ politique. L’Arabie saoudite accuse ouvertement Maliki de conduire l'Irak vers la guerre civile par sa politique d'exclusion des sunnites. Maliki lui, accuse Ryad de soutenir les insurgés.
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