Pourparlers sur le nucléaire iranien

Le president iranien hassan rohani avec le directeur de l agence nucleaire iranienne ali akbar salehi lors de la journee de l energie nucleaire le 9 avril 2019 a teheran 6177698Jusqu'à maintenant, les Américains offrent aux Iraniens : La levée d'une partie des sanctions en échange de l'arrêt par l’Iran de ses activités d’enrichissement de l'uranium au-delà de la limite permise et le programme nucléaire iranien placé sous strict contrôle de l'ONU. Ce que refuse l'Iran, exigeant la levée complète des sanctions, avant que Téhéran stoppe son programme nucléaire. Cependant, le négociateur en chef iranien affirme que les deux parties sont sur le point de se mettre d'accord sur les 2 questions qui devraient être à l'ordre du jour. Téhéran présente 2 textes : l'un sur les sanctions et l'autre sur son activité nucléaire. 

Entamées en avril, les négociations destinées à ramener les États-Unis et l’Iran à l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, étaient à l’arrêt depuis l’élection en juin du nouveau président iranien, Ebrahim Raïssi. Depuis le 29 novembre, la septième ronde des pourparlers a repris à Vienne de façon indirecte. Comme lors des séances précédentes : les États-Unis dans un hôtel, l’Iran dans un autre; la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine faisant la navette entre les deux; Iraniens et Américains refusant de négocier directement. 

L'objectif est de rétablir un accord sur le nucléaire iranien, dont les États-Unis se sont retirés en 2018 sous l'administration Trump, en réimposant des sanctions à l'Iran. Téhéran a alors riposté en cessant progressivement la mise en œuvre de l'accord. Aujourd’hui, le stock d’uranium de Téhéran est en croissance rapide. L'Iran dispose maintenant de 114 kg d’uranium enrichi à 20% et de 18 kg enrichi à 60%. Alors que selon les termes de l’accord, ce niveau ne doit pas dépasser 3,67%. 

Les deux camps en présence 

Sur la scène géopolitique mondiale, le G7, les monarchies du Golfe persique et Israël s’opposent au programme nucléaire iranien et répètent qu’ils ne permettront jamais à l’Iran d’obtenir la bombe atomique. En face, Chinois et Russes dénoncent le retrait américain et défendent l’Iran. Israël est prête à aller jusqu'à la guerre même si les États-Unis refusent d'y aller avec elle. L'Iran a alors répondu qu'il pourrait détruire Israël en 7 minutes avec ses missiles. 

Au moment du pic de la COVID-19, la Russie et la Chine ont été les seules à fournir des vaccins à l’Iran. La Chine et l'Iran viennent de signer un accord stratégique et commercial de 25 ans. La Chine investira 400 milliards $ en Iran. En contrepartie, elle obtient le pétrole iranien à un prix préférentiel. L’Iran négocie présentement un accord similaire avec la Russie. La République islamique vient aussi d'adhérer au groupe de Shanghai composé de la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, l’Inde et le Pakistan. Ce regroupement collabore économiquement, commercialement et pour ce qui est de la sécurité. La démarche iranienne démontre donc clairement son rapprochement vers ses voisins de l’Est, lui donnant une sécurité en cas d’échec des négociations avec l'Occident. 

Les dirigeants occidentaux voulaient que l’accord sur le nucléaire soit élargi au programme de missiles balistiques, aux drones ainsi qu'au rôle de l'Iran au Moyen Orient. ​​​​​​​Mais le gouvernement iranien a toujours refusé et refuse encore catégoriquement de parler d’autre chose que du retour strict à l’accord de 2015; soit, la levée totale des sanctions contre l'arrêt strict de leurs activités nucléaires. Joe Biden a répété à plusieurs reprises qu’il réintégrera l’accord une fois que les Iraniens se remettront à honorer leurs engagements. La République islamique pour sa part, affirme qu’une fois que les Américains auront levé leurs sanctions, elle se conformera à ses engagements; car ce sont les Américains qui sont sortis de l'accord en premier. 

Depuis l'arrivée au pouvoir du président Raïssi, les Iraniens exigent désormais que Washington s’engage à ne pas se retirer de l’accord comme bon lui semble. Autrement dit, un signataire qui veut quitter l’accord doit apporter des preuves solides que l’autre partie a violé ledit accord. ​​​​​​​

S'il apparaît aux Américains que l’Iran ne veut que gagner du temps pour accélérer ses avancées atomiques, l’administration Biden pourrait envisager de renforcer les sanctions économiques; alors même que le gouvernement démocrate martèle que la pression maximale de l’ère Trump a été un échec. Les mesures punitives pourraient aussi viser la Chine, qui continue d’acheter le pétrole iranien malgré l’embargo américain. Cela dit, il est peu probable que Pékin modifie sa position. L’administration Biden hausse le ton, en prévenant que toutes les options sont sur la table pour éviter que l’Iran deviennent une puissance nucléaire. Une manière de laisser planer la menace militaire. Israël brandit clairement cette possibilité. Mais, l’expérience démontre que l’Iran répond à la pression par plus de pression. De nouveaux actes de sabotage du programme nucléaire iranien risqueraient de provoquer une escalade ingérable qui pourrait dégénérer jusqu'à la guerre. Et la raison pour laquelle l'armée américaine n'a pas déjà attaqué la République islamique, est la force dissuasive de ses missiles balistiques et autres, qui causeraient forcément de forts dégâts à l'armée américaine. 

L’Iran n’a pas encore pris la décision stratégique que l’accord de 2015 n’est plus dans son intérêt, mais il pense que les États-Unis ne sont pas prêts ni en mesure de lui offrir un allégement réel et durable des sanctions. 

Une victoire de la diplomatie conduira à un apaisement dans la région. En revanche, un échec des négociations pourrait conduire à un affrontement, de l’Irak aux Territoires palestiniens, du Liban aux monarchies du Golfe persique, en passant pas Israël

© AP Photo / Vahid Salemi

Source : RTBF (Belgique) : Accord sur le nucléaire iranien : l'Iran fait état de progrès lors des négociations à Vienne, 12/12/2

Photo : Le président iranien Hassan Rohani (à dr.), en compagnie du directeur de l'Agence nucléaire iranienne, Ali Akbar Salehi, lors de la Journée de l'énergie atomique, le 9 avril 2019 à Téhéran. afp.com/HO

 

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