Négociation irano-américaine dans un monde multilatéral

ImagesLa secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les Affaires politiques déclare : «J’appelle les États-Unis à lever leurs sanctions comme indiqué dans l’accord et à étendre les dérogations concernant le commerce du pétrole avec l’Iran. Des prolongations de dérogation sont également nécessaires pour le transfert d’uranium enrichi hors d’Iran en échange d’uranium naturel»

L’ambassadeur iranien à l’ONU : «Mon pays n’impose aucune préconditions ou nouvelles conditions pour reprendre ses engagements dans l’accord nucléaire et que toutes les mesures prises depuis le départ de l’accord des États-Unis sont réversibles»La République islamique insiste sur la levée complète des sanctions rétablies par l’ancien président américain Donald Trump, soit revenir intégralement à l'accord de 2015 et non pas seulement rétablir le commerce du pétrole avec l’Iran contre la fin de l'uranium iranien enrichiSon homologue américaine rappelle pour sa part : «Que les États-Unis sont prêts à se conformer à nouveau à l’accord seulement si l’Iran fait de même»

L'Iran dispose maintenant de 114 kg d’uranium enrichi à 20% et de 18 kg enrichi à 60%. Alors que selon les termes de l’accord, ce niveau ne doit pas dépasser 3,67%. Le pays se rapproche de plus en plus du 90% nécessaire à la fabrication d'une bombe nucléaire. Depuis l'arrivée au pouvoir du président Raïssi, les Iraniens exigent que Washington s’engage à ne pas se retirer de l’accord comme bon lui semble. Autrement dit, un signataire qui veut quitter l’accord doit apporter des preuves solides que l’autre partie a violé ledit accord. 

Sur la scène géopolitique mondiale

Le G7, les monarchies du Golfe persique et Israël s’opposent fermement au programme nucléaire iranien et répètent à tout azimut qu’ils ne permettront jamais à l’Iran d’obtenir la bombe atomique. Dans une déclaration commune, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France, en totale coordination avec les États-Unis, assurent que l’Iran doit choisir entre l’effondrement de l’accord nucléaire et un accord juste et global, dans l’intérêt du peuple iranien. Israël est prête à aller jusqu'à la guerre, s'il le faut. L'Iran lui a répondu qu'il pourrait détruire Israël en 7 minutes avec ses missiles et que toute attaque israélienne contre ses installations nucléaires ne serait pas tolérée et entraînerait la destruction par l’Iran des infrastructures vitales israéliennes. 

L’administration Biden hausse le ton, en prévenant que toutes les options sont sur la table pour éviter que l’Iran deviennent une puissance nucléaire. Une manière de laisser planer la menace militaire. Mais, l’expérience démontre que l’Iran répond à la pression par plus de pression. La raison pour laquelle l'armée américaine n'a pas déjà attaqué la République islamique, est la force dissuasive de ses missiles, qui causeraient de lourds dégâts aux forces militaires américaines. 

En face, Chinois et Russes dénoncent le retrait américain et appuient l’Iran. Pour le nouveau président iranien, les négociations sur le nucléaire ne sont pas ses premières priorités. Son administration regarde désormais vers l’Est, soit vers la Russie et la Chine, plutôt que vers l'Occident. Au moment du pic de la COVID-19, la Russie et la Chine ont été les seules à fournir des vaccins à l’Iran. La Chine et l'Iran viennent de signer un accord commercial de 25 ans. La Chine investira 400 milliards $ en Iran. En contrepartie, elle obtient le pétrole iranien à un prix préférentiel. L’Iran négocie présentement un accord similaire avec la Russie. La République islamique vient aussi d'adhérer au "Groupe de Shanghai" composé de la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, l’Inde et le Pakistan. Ce regroupement collabore économiquement, commercialement et dans le domaine de la sécurité.

De toute évidence, l’Iran énonce ses lignes rouges : Aucune discussion sur les missiles balistiques iraniens ; aucune discussion sur le rôle régional de l’Iran ; et aucun gel de l’enrichissement, tant que le mécanisme de levée des sanctions et de garantie de leur non-réapparition n’est pas convenu – un retour au cadre initial de l’accord de 2015. 

Il convient de noter que la position iranienne s'inscrit en parallèle à celle énoncée par la Russie à l’égard des États-Unis en ce qui concerne l’Ukraine : La demande de Poutine à Biden est que les lignes rouges de la Russie soient acceptés par l'Occident.

Et les positions de l’Iran et de la Russie sont identiques à celle de la Chine à l’égard de Taïwan, de la mer de Chine et de la non-ingérence d'un pays tiers dans la politique intérieur d'un autre pays. Le président Xi l’a clairement indiqué lors du sommet virtuel qu’il a tenu avec le président Biden le 15 novembre dernier. Il est évident que les trois puissances sont stratégiquement coordonnées – politiquement et probablement aussi militairement. Elles ont commencé à faire des exercices militaires ensemble. L’Iran n’a pas encore pris la décision stratégique que l’accord de 2015 n’est plus dans son intérêt, mais il pense que les États-Unis ne sont pas prêts ni en mesure de lui offrir un allégement réel et durable des sanctions

En fait, les chefs des pays occidentaux sont habitués à ce que ce soit eux qui émettent les lignes rouges. Ils ne sont pas habitués à respecter les lignes rouges des autres, tout en pensant qu'ils sont très démocratiques. Le problème du gouvernement américain est que tout compromis avec la Russie, l'Iran et la Chine, serait perçu comme une faiblesse de Biden et risquerait d'amener au pouvoir les Républicains qui pourraient être encore plus belliqueux. 

Après un monde bipolaire - États-Unis contre URSS ou capitalisme versus communisme - est né un monde unipolaire : - États-Unis -. Nous assistons présentement dans l'histoire de l'humanité, à la confrontation entre ce monde unipolaire et le monde multilatéralisme dirigé par la Chine, comprenant aussi en première ligne la Russie et l'Iran, auquel on peut ajouter la Turquie et d'autres pays. Multilatéralisme : Attitude politique qui privilégie le règlement multilatéral des problèmes mondiaux, opposé à l'unilatéralisme : Attitude qui consiste pour une puissance, à décider d'une action sans tenir compte du point de vue des autres, ni des instances internationales. Ce conflit peut se terminer par la guerre. Espérons que non, malgré qu'il y a beaucoup d'exercices militaires à travers la planète présentement !

Réseau international : À l’approche du compte à rebours géostratégique par Alastair Crooke, 14/12/21 

La Presse : Les négociations de Vienne près du point de rupture par ANNE BEADE, 14/12/21

Tribune de Genève : L’ONU demande aux USA et à l’Iran de revenir aux termes de l’accord, 14/12/21

RTBF (Belgique) : Accord sur le nucléaire iranien : l'Iran fait état de progrès lors des négociations à Vienne, 12/12/21

 

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