2/12/1823 : Doctrine Monroe : l'Amérique aux Américains

1 monroe doctrine cartoon grangerLe 2 décembre 1823, James Monroe 5e président des États-Unis, énonce la doctrine qui portera son nom et fixera pour un siècle et demi les fondements de la diplomatie américaine :

1) Les États-Unis ont reconnu l'année précédente en 1822 l'indépendance des nouvelles républiques latino-américaines ; en conséquence de quoi, l'Amérique du nord et l'Amérique du sud ne sont plus ouvertes à la colonisation européenne.

2) Les États-Unis regardent désormais toute intervention de l'Europe dans les affaires du continent américain comme une menace pour leur sécurité et pour la paix.

3) En contrepartie, les États-Unis n'interviendront jamais dans les affaires européennes.

Ces principes ont été énoncés par le président James Monroe dans son message du 2 décembre 1823 au Congrès américain. En réalité, Monroe a réaffirmé les termes essentiels du message d'adieu de George Washington, le 19 septembre 1796.

Le gouvernement des États-Unis s'inquiétait alors des ambitions russes sur l'Amérique du Nord : le tsar avait en 1821, lancé un 'oukase' (édit) interdisant aux navires étrangers de s'avancer à moins de cent milles des côtes de l'Alaska, ce qui semblait cacher des visées impérialistes sur le Nord-Ouest du continent. En fait, Monroe s'inquiétait surtout de la 'Sainte-Alliance' formée par trois monarchies européennes victorieuses de l'Empire napoléonien : l'Autriche, la Russie et la Prusse. La 'Sainte-Alliance' s'inquiétait de la libération des colonies espagnoles d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale vis à vis de l'ancien empire colonial de la monarchie espagnole. Au congrès de Vérone en octobre 1822, la "Sainte Alliance' avait mandaté Louis XVIII roi de France, pour restaurer Ferdinand VII sur le trône d'Espagne. Ce qui fut fait lors de la bataille de Trocadéro en 1823. S'en suivit une répression féroce des éléments libéraux espagnols et la fermeture des journaux et des universités. 

Une réplique à l'impérialisme européen (1823-1895)

Les États-Unis se posaient en défenseurs de l'indépendance du Nouveau Continent, mais ne possédaient aucun moyen pour la faire respecter. Dans l'immédiat, le message de Monroe n'eut aucun effet. Si les nouvelles républiques d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud l'accueillirent avec sympathie, elles étaient davantage portées à se tourner vers l'Angleterre comme défenseur naturel, que vers les États-Unis dénués de toute puissance militaire. En Europe, le message de Monroe passa inaperçu; les États-Unis étant considérés comme une puissance négligeable dans le monde. 

Au congrès de Panama en 1826, Bolívar cherche à obtenir des engagements concrets de la part des États-Unis, mais il se heurte à un refus. De sorte que les interventions de la France et de l'Angleterre en Amérique du Sud dans les années 1830, ne suscitent aucune réaction de la part des États-Unis. Cependant, aucune puissance européenne ne s'est installée à proximité des États-Unis, si l'on excepte la colonisation anglaise au Canada, antérieure à l'indépendance américaine.

En 1837 lors de la rébellion des Patriotes au Canada, Papineau leur chef s'exile aux États-Unis. Il y constate un appui théorique à la cause des Patriotes, mais ne parvient pas à se procurer de l'argent ou des armes. Il tente d'obtenir l'appui du président américain Van Buren à travers ses contacts parmi l'élite américaine, mais sans succès. Les dirigeants étasuniens ne veulent pas risquer des représailles de la part de l'Angleterre. Le 5 janvier 1838, le gouvernement américain promulgue une loi interdisant à tout citoyen américain de participer à l'insurrection canadienne, que ce soit par le financement ou en fournissant des armes. L'appui américain demeure théorique.

La première mention réelle de la doctrine Monroe est faite dans une petite dépêche diplomatique américaine en 1854. Les premières applications vinrent du secrétaire d'État du président Lincoln, William H. Seward, lors de la guerre de Sécession (1861 - 1865). Il invoqua la doctrine Monroe contre l'Espagne, qui venait de réoccuper la république Dominicaine, son ancienne colonie et contre la France, qui cherchait à placer Maximilien à la tête du Mexique. Mais la guerre de Sécession l'empêcha d'agir. La doctrine joua un rôle en 1867, lors de l'achat de l'Alaska par les États-Unis à la Russie.

En 1895, à la suite d'incidents répétés entre le Venezuela et la Grande-Bretagne pour les frontières de la Guyane britannique, les États-Unis s'érigèrent en arbitre et imposèrent un compromis. La doctrine Monroe explique surtout le fait que les États-Unis ont tardé à s'impliquer lors des deux guerres mondiales. 

Sources :

Herodote : 2 décembre 1823, la doctrine de Monroe, 27/11/2018

Encyclopédie Universalis : La doctrine Monroe. 

 

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