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Première élection présidentielle démocratique

Un humain, un vote !

Tunisie election

Journée historique, première élection présidentielle tunisienne teintée d'un grand standard démocratique. La première fois que les Tunisiens élisent au suffrage universel leur président depuis l'indépendance de 1956. Quatre ans après la révolution du jasmin à l'origine du "printemps arabe" (rappelons-nous, le point de départ : l'Homme qui s'était immolé par le feu parce qu'il n'arrivait plus à nourrir adéquatement sa famille)

Afin d'éviter un retour à la dictature, la nouvelle Constitution donne des prérogatives assez limitées au président mais l'élection au suffrage universel lui confère un poids politique important. Dans les rues comme dans les cafés, de nombreux Tunisiens discutent de l'élection avec passion, certains plaident pour la stabilité, d'autres pour la protection de la révolution. "Je suis venue de mon plein gré et j’ai fait mon choix de mon plein gré," lance avec fierté une retraitée. 

Des dizaines de milliers de policiers et de militaires sont déployés par crainte d'attentats djihadistes. 5,3 millions d'électeurs sont appelés aux urnes. La publication de sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote est interdite. L'instance électorale  doit annoncer au plus tard le 26 novembre, les résultats. Si aucun des prétendants n'obtient la majorité absolue, un deuxième tour aura lieu fin décembre.

À l’issue du scrutin, aucun incident majeur n’avait été signalé "C'est très important, cette élection. Il ne faut surtout pas la rater, il s'agit d'achever la révolution," dit un électeur. Cinq prétendants ont jeté l'éponge durant la campagne mais restent inscrits sur les bulletins. Le vainqueur sera appelé à présider la Tunisie pendant cinq ans, un mandat renouvelable une seule fois. Une trentaine de candidats sont en lice.

Le favori, Beji Caid Essebsi 87 ans, vétéran de la politique, ministre des Affaires étrangères dans les années 80, premier ministre intérimaire après la révolution en 2011. Ce vieux routier fédère une bonne partie de la population, excédée par l'instabilité. Son parti Nidaa Tounes, coalition hétéroclite,  parti anti-islamiste, est arrivé en tête des dernières élections législatives, il y a un mois, devant les islamistes de la formation Ennahda

M. Essebsi espère qu'une victoire lui permettra de former une coalition majoritaire au gouvernement, sa victoire aux législatives étant insuffisante pour gouverner seul. Il a fait campagne sur la nécessité de renforcer l'état et son prestige, la Tunisie ayant vécu une transition mouvementée marquée par les assassinats de deux opposants à EnnahdaIl est considéré comme le rempart contre les islamistes, comme la troisième voie qui pourrait permettre d'éviter à la fois l'islamisme et la dictature. Vu son âge, les Tunisiens estiment qu'il y a très peu de risques qu'il s'arroge tous les pouvoirs comme Ben Ali, même s'il en avait la volonté.

Son principal concurrent est le président sortant, Moncef Marzouki, élu par l'Assemblée constituante fin 2011 après avoir longtemps vécu en exil en France, il se pose en rassembleur contre le "retour à l'ancien régime". Son alliance avec les islamistes lui a permis de devenir président. Ces derniers, arrivés deuxième aux législatives, ont décidé de ne soutenir aucun candidat. Sûrement pour donner plus de chance à M. Marzouki. Il se pose en candidat naturel de la révolution, par opposition à M. Essebsi qui a servi comme ministre sous Bourguiba et présidé le Parlement de Ben Ali au début des années 1990. 

Vingt-cinq autres personnalités sont en lice, dont des ministres du président déchu Ben Ali, une figure de proue de la gauche Hamma Hammami qui se présente comme le "fils du peuple", dont les partis sont respectivement arrivés troisième et quatrième aux législatives du 26 octobre. le richissime homme d'affaires Slim Riahi ainsi qu'une magistrate Kalthoum Kannou, seule femme candidate. 

Voter "pour la stabilité" ou "pour la révolution"? Choisir "une femme" ou "un milliardaire" ou un "fils du peuple"? Devant les bureaux de vote, chez eux ou dans la rue, les Tunisiens en discutent avec passion.

La plupart des observateurs estiment que ni Essebsi, ni Marzouki ne devraient être en mesure d'obtenir la majorité absolue. Un second tour, prévu en décembre, devrait être nécessaire.

Après cette présidentielle, son vainqueur qui ne sera connu que fin décembre en cas de probable second tour, connaît déjà ce qui l'attend à l'étape suivante : construire une majorité parlementaire stable. C'est-là que le troisième candidat M.Hammami tirera son épingle du jeux.

"Ce sont des élections libres et transparentes, avec une liberté totale. Tu votes pour qui tu veux, sans pression, sans pots de vin", témoigne avec émotion un autre électeur.

 

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