Les forces en présence en Syrie

 

La Russie

De 2011 à 2016, le succès militaire et diplomatique russe s'est construit en une stratégie élaborée en plusieurs actes et mise en œuvre par le triumvirat Poutine, Lavrov, Choïgou. Ils connaissent les Syriens depuis le temps de l'URSS et même du temps des Tsars qui s'alliaient alors avec les Chrétiens orthodoxes de Syrie.

Pour la diplomatie russe, la révolte de 2011 est une insurrection islamiste et une affaire interne à la Syrie. Contrairement aux Occidentaux, les Russes perçoivent tout de suite que ce ne sont pas les manifestations pacifiques de Deraa qui vont mettre à genoux, le régime de Damas. La Russie n’a jamais sous-estimé la résilience du régime qui se transcrit dans l’asabiya (« esprit de solidarité »). Asabiya entre Alaouites, Chrétiens, Druzes, Chiites et bourgeoisie sunnite. Partant de ce constat, la Russie a soutenu avec l’Iran, son allié syrien. Un soutien sous-estimé par les Occidentaux.

Comment la Russie a sauvé le régime syrien ?

Dès 2012 le régime est sous embargo, il ne pouvait plus payer ses fonctionnaires, ses soldats, et ses armes. La Russie a donc fourni au régime du pétrole raffiné et du papier monnaie. Le gouvernement syrien finit par utiliser les armes chimiques, la Russie trouve l'idée d'éliminer celles-ci. Puis, voyant le régime sous forte pression à l’été 2015, elle décide d’intervenir militairement. En effet, si le régime s’est replié sur la « Syrie utile » et tente de la consolider grâce à l’aide du Hezbollah libanais, de troupes iraniennes et de milices chiites afghanes (Hazaras) et irakiennes, l’intervention russe va créer une rupture stratégique.

Le président Poutine surprend en annonçant le retrait d’une partie des troupes russes en mars 2016. La Russie ne s’est pas enlisée et l’intervention russe a permis au régime de consolider l’axe Damas-Homs-Hama (en attendant Alep). Si la reprise de Palmyre est symbolique, la ville servira de base arrière stratégique pour reconquérir Raqqa, capitale de l’État Islamique.

Si le régime syrien est en passe de pouvoir reprendre Alep, c’est grâce à l’aide du YPG kurde. De même, le bombardement massif de la Russie sur les opposants au régime ont affaibli leurs poids diplomatique et font du régime syrien un acteur incontournable pour trouver une issue.

 

Syrie, qui se bat contre qui ?

L’OPPOSITION AU RÉGIME AL-ASSAD :

L’État islamique

30.000 à 50.000 hommes, issus de la rébellion sunnite irakienne. Après la chute du régime sunnite de Saddam Hussein, dès 2004 se fédèrent à Al Qaida, d'anciens cadres du précèdent régime et certains sunnites exaspérés. Le groupe participe d’abord discrètement puis activement à la rébellion syrienne. « L’État islamique en Irak et au Levant» est proclamé en avril 2013. Il proclame un califat sur une partie de l’Irak et de la Syrie. 

Le Front al Nosra

10.000 à 15.000 hommes affiliés à Al-Qaïda. Ce mouvement prône un djihâd global contre les régimes arabes et occidentaux, lutte en priorité contre le régime d'Assad, dans le but de le remplacer par un gouvernement sunnite. Comme pour l’État Islamique, le Front Al-Nosra dispose de nombreux financements Qataries et Saoudiens (principalement privé), la passivité turque est aussi un facteur d’aide important.

Jaïch al Islam

Formé en 2013 par plusieurs groupes hétéroclites : islamistes modérés, transfuges de l’armée syrienne libre et salafistes de tous ordres, 3.000 hommes,le mouvement veut obtenir une certaine respectabilité auprès des gouvernements occidentaux. Pour cela le groupe a cherché à collaborer avec les services occidentaux. Cependant, leur proximité avec le front Al-Nostra et la porosité de leur organisation laissent septiques les observateurs. 

L'Armée Syrienne Libre

Évoquée souvent par les médias occidentaux, l’ASL, entre 4.000 et 6.000 hommes n’est en rien une force militaire organisée. Elle regroupe une myriade de groupes armés, composés de volontaires ou d’ex soldats du régime. La théorie veut que les groupes membres de l’ASL soient liés au Conseil Militaire suprême de l’opposition Syrienne, mais sur le terrain, les alliances avec le front Al-Nostra ou le Front Islamique sont courantes. L’ASL a bénéficié de formations et d’équipements de la part des États-Unis dès 2012. Cette aide n’a pas permis au groupe de prendre un avantage sur le terrain. De nombreux équipements ont été perdus au profit de groupes islamistes. 

L’Armée de la libération

Coalition entre des factions de l’Armée syrienne libre, des éléments du Front islamique et du front Al-Nostra ainsi que des groupes islamiques divers comme Jaïch al Islam. Elle se bat à la fois contre le régime et Daech. Elle est considérée par plusieurs organisations internationales et la Russie, comme un groupe terroriste. Cette coalition montre parfaitement la porosité entre les différents groupes islamistes radicaux et l’opposition dite modérée.  

Ahrar el Cham

« Les hommes libres du pays de Damas », regroupe une multitude de groupes salafistes proches des Frères musulmans, 15.000 hommes. Son combat se limite au territoire syrien, avec pour objectif d’établir un État sunnite islamique. Créé en 2011, il est principalement présent dans la région de Damas. Ce groupe est soutenu par l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie.

 

LES SOUTIENS DU RÉGIME AL-ASSAD :

L'armée Arabe Syrienne

Plus de 100.000 hommes, aidée par plusieurs centaines de conseillers militaires Russes et Iraniens. Avec une aviation et une artillerie en état de combattre. La Russie et l’Iran soutiennent l’effort de guerre en fournissant gracieusement ou à crédit armes et munitions.

La force Al-Qods

Environ 5.000 hommes, gardiens de la révolution iranienne, mène des opérations militaires principalement sous forme d’actions d’infiltration (forces spéciales) ou de protection de la frontière iranienne. 

Le Hezbollah

Groupe militaire chiite libanais, largement entretenu par l’Iran. Il reconnait ouvertement combattre partout en Syrie aux côtés du régime. Leur nombre est estimé à 10.000.  

L'armée russe

Elle assure un soutien en équipement, formation et organisation au régime. Elle assure des frappes aériennes contre l’État Islamique et l’Armée de la Libération. La Russie compte environs 1.800 hommes sur le territoire syrien et 5.000 hommes en appui.

 

Les forces indépendantes

Les Forces Kurdes

YPG (unités de protections du peuple) 20.000 hommes et femmes qui affrontent les groupes islamistes, principalement l'État islamique. 

Les Forces Démocratiques Syriennes 

40.000 hommes formées des forces kurdes (YPG) et une nouvelle coalition arabo-kurde, comprenant plusieurs milices et bénéficiant du soutien aérien de l’OTAN.

 

Sources :

Globale Diplomatie.com : Syrie : l’insolent succès russe, Romain Dewaele, 11/04/16

Globale Diplomatie.com : Syrie : Qui se bat contre qui?  Romain Dewaele, 09/04/16

 

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