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La situation présente en Syrie

 

Telechargement 6 1Bachar al-Assad demeure le président de la Syrie et entend bien le rester. Les forces de son gouvernement ont repoussé les rebelles des périphéries de Damas, de la ville de Homs et d'Alep-Est. 

Dans la situation actuelle, l’opposition ne peut pas l’emporter. Le gouvernement est loin d'être au bord du gouffre, tant sur le plan politique que militaire. Malgré de réelles difficultés, le pouvoir réussit à se poser dans l'opinion publique syrienne comme étant le seul rempart crédible contre l'ingérence étrangère et l'instauration d'un état islamique. Son but n’est pas d'en convaincre l’opinion publique occidentale mais l'opinion publique syrienne.

Le gouvernement contrôle l'axe reliant la région côtière à Damas et aux quatre autres grandes villes du pays. Il s’agit d'un peu plus de 60% de la population. 10% réside dans les zones tenues par les milices kurdes, alliés tacites du gouvernement. Les djihadistes contrôlent quand à eux, 15 % de la population, dont une partie les fuit et enfin 15% des Syriens vivent dans des zones âprement disputées. Globalement le régime est puissant dans le Sud et l’Ouest du pays, tandis que les djihadistes dominent le Nord et l’Est.

Ceux qui vivent dans les territoires sécurisés par le gouvernement ont une vie beaucoup plus agréable. Ils ne subissent aucune pénurie. Certes, ils subissent occasionnellement quelques bombardements djihadistes ou quelques actes terroristes, mais cela n'est d'aucune mesure avec ceux vivant dans les quartiers supposément sécurisés par les rebelles où il subissent les bombardements syriens, russes et les assauts de l'armée, sans compter que tout ce qu'un être humain a besoin quotidiennement pour vivre est en pénurie.

Les minorités confessionnelles (20% de la population) demeurent fidèles au gouvernement. Sous Assad, elles peuvent pratiquer leur religion. Ce qui n'est pas le cas sous les djihadistes. La bourgeoisie et l’appareil bureaucratique, soutiennent également fermement Bachar al-Assad. 

Les territoires ruraux à forte identité arabe sunnite penchent quand à eux, davantage du côté des djihadistes. Une minorité, dans les classes populaires arabes sunnites et les cercles intellectuels, déteste Assad et exige son départ.

Dans ce contexte, l’objectif d'Assad est de prouver à l'ensemble de la population, que le gouvernement est capable d’assurer la sécurité alors que l’opposition en est incapable. Il s’agit d’une technique classique de contre-insurrection qui s’appuie sur le principe suivant : La population suit celui qui est capable, selon elle, d’assurer sa sécurité.

Pour la majorité des Syriens, qu'est-ce qui peut assurer la sécurité ? C’est le retour à la paix, le retour à la stabilité. Et qui peut donner la paix, la stabilité et la sécurité en Syrie ? Aucun nom ne s'impose de la part de l'opposition. Seul Bachar al-Assad peut le faire. Son départ signifierait le chaos.

Les rebelles sont divisés. Les combattants islamistes, armés et financés par les pétromonarchies du Golfe s’imposent au sein de l’opposition armée, marginalisant les éléments laïcs de l’Armée Syrienne Libre. Rien ne nous prouve que cette dernière est encore réellement existante.

De nombreux groupes se livrent au pillage pour financer leur combat. C’est même devenu une habitude. Ils pillent les usines et même les chemins de fer. Tout cela entraîne un rejet des rebelles par la population. Dans certains quartiers d’Alep, les islamistes interdisaient aux femmes de conduire une voiture et le hijab était de rigueur. Les arrestations et exécutions arbitraires par les rebelles y étaient monnaie courante.

Ni les États Unis, ni l’Union Européenne ne souhaitent s’engager directement dans un conflit où la montée en puissance des islamistes empêche toute intervention directe de l’OTAN. Comment auraient-ils pu justifier une intervention militaire pour éradiquer les islamistes du Nord du Mali, alors qu’ils contribueraient à les installer au pouvoir en Syrie ?

Israël s’inquiète d’un changement de régime en Syrie, l’état hébreux renforce sa frontière sur le Golan, car l’armée syrienne aurait abandonné le terrain aux islamistes qu'Israël a lui-même aidé.

Bachar el Assad  dispose d’un fort soutien financier et militaire de la part de l’Iran et de la Russie, ce qui lui permet de financer l’appareil d’état et d’entretenir l’armée. Les djihadistes sont dans une situation où les aides extérieures se réduisent, faute de succès tangibles. Les oppositions armées et les oppositions politiques n’ont toujours pas réussi à s’entendre pour créer une véritable organisation structurée qui leur permettraient de passer à la prise du pouvoir.

La Russie et l’Iran ayant beaucoup plus à perdre que l’Occident et les pétromonarchies du Golfe, il est impossible que les alliés de Bachar al-Assad lui retire leur soutien. L’issue de la guerre civile syrienne se jouera sur le terrain militaire, pendant encore plusieurs mois. La trêve avec les autres mouvements djihadistes permettra au gouvernement de vaincre Fateh al Cham (al Qaïda).

Après, Damas devrait se tourner contre l'État islamique. Pour ce qui est de la question kurde et de la question de l'armée turque en Syrie, les problèmes devraient être résolus en négociation entre la Syrie, la Russie, l'Iran, la Turquie et le Kurdistan. Ce ne sera pas facile mais la real politik devrait y jouer un rôle majeur, chacun selon sa force. 

Philipe Rousseau

Fotement inspiré de

Atlantico : Et si Assad était en fait en train de gagner en Syrie ?, Propos de Fabrice Balanche recueillis par Théophile Sourdille, 10/01/13

Fabrice Balanche, an associate professor and research director at the University of Lyon 2, is a visiting fellow at The Washington Institute.

 

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