L'armée syrienne reprend Alep

 

 La guerre totale 

La trêve d'une semaine volant en éclats, Washington ne peut plus rien. Moscou décide. Après les bombardements intensifs de l'armée syrienne et de l'aviation russe sur les quartiers Est d'Alep, l'armée syrienne, les milices iraniennes, irakiennes et libanaises lancent une offensive terrestre sur quatre fronts contre les quartiers tenus par les djihadistes.

Ils enfoncent la ligne de front et s'emparent du quartier de Farafira. Des unités sont en train de déminer le quartier. C'est confirmé par la télévision syrienne et l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Les djihadistes affirment : « les forces gouvernementales ont gagné du terrain dans le quartier de Farafira, mais elles ont ensuite battues en retraite. »

La Russie utilise toute sa puissance de feu pour aider le régime à reconquérir Alep. Selon elle, vaut mieux remporter une victoire militaire que de poursuivre de vaines négociations avec Washington. « Il n'existe aucune perspective de solution politique. Le dernier mot revient au champ de bataille », déclare Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah. Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, estime que le sort d'Alep ne dépend plus que de l'issue de la confrontation armée.

Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie au Washington Institute : « Sans Alep, Assad n'est qu'un demi-président. Pour vraiment gouverner, il lui faut Alep. Fort de cette victoire, Bachar Al-Assad pourrait se targuer de contrôler les principales villes du pays, à savoir Damas, Alep, Homs, reprise en 2014, et Hama. »

« Moscou veut en terminer avec une importante poche de résistance rebelle », croit Igor Sutyagin, expert de la Russie au Royal United Service Institute de Londres. " Il ne lui restera ensuite qu'à reprendre la province d'Idleb et quelques poches rebelles."

Selon Thomas Pierret, expert de la Syrie à l'Université d'Édimbourg : « Il s'agit d'accorder à Assad une victoire décisive et d'éliminer toute alternative en privant l'opposition de ce qu'elle considère comme sa capitale. Une rébellion chassée d'Alep serait ramenée au rang d'insurrection périphérique ».

« Une victoire à Alep mettrait les autorités de Damas en position de force, en vue de prochaines négociations. Al-Assad ne pourra rien obtenir sans Moscou, et la Russie à son tour comprend bien que, sans Al-Assad, elle sera chassée du Proche-Orient. C'est une amitié forcée! » note Alexeï Malachenko, politologue russe spécialiste du Moyen-Orient.

 

Sources :

Radio-Canada Info, Reuters, Associated Press, France-Presse : L'armée syrienne lance une offensive terrestre à Alep, 27/09/16

Le Journal de Montréal : Après les bombardements, l’armée syrienne avance dans Alep, 27/09/16