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L’Égypte et la Turquie sur un pied de guerre en Libye

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L’Égypte et la Turquie sur un pied de guerre en Libye et les deux font partis des trois armées les plus imposantes du Moyen-Orient, tout comme l'Iran. Ces dernières années, la Turquie s'est dotée d’une capacité de production de matériel militaire énorme et est devenue un acteur majeur dans les ventes d’armes de la région et est maintenant la 2e armée la plus puissante de l'OTAN. L'armée égyptienne quant à elle, est l'une des plus importantes d'Afrique et du Moyen Orient. En Égypte, l'armée est partie intégrante de la société, en possédant non seulement des usines d'armement, mais également de nombreuses usines civiles. Elle est l'un des principaux employeurs. On dit que c'est l'armée qui possède un pays et non pas le pays qui possède une armée. D'ailleurs, la très grande majorité de la population égyptienne considère l'armée, comme étant la principale force démocratique du pays. 

Afin de diminuer les incursions terroristes le long de sa frontière, l’Égypte soutient le général Khalifa Haftar de l'Armée Nationale Libyenne (ANL), qui combat le Gouvernement d’Accord National (GAN). L’Égypte s’oppose au GAN, parce qu’il est constitué de Frères musulmans proches de la Turquie, donc par le fait même proche des Frères musulmans égyptiens. Ceux-ci avaient gagné la seule élection totalement libre en Égypte, mais avaient été renversés quelques temps plus tard, par un coup d'état fomenté par l'armée égyptienne, résultant de manifestations civiles monstres contre les Frères musulmans. Auparavant, la population égyptienne s'était opposée au transfert du pouvoir de Moubarak père à Moubarak fils et l'armée avait appuyé également la population. 

La Turquie ne veut absolument pas que le GAN tombe. D'ailleurs, elle l'arme et a envoyé en Libye de 200 à 500 conseillers militaires, de 500 à 1000 mercenaires syriens et des dizaines de drones militaires. Sa marine militaire est déployée au large des côtes libyennes, faisant monter la tension avec les forces de l’OTAN qui y patrouillent, dont la France. Le ministère français de la Défense a déclaré qu'une frégate française tentant d'identifier un cargo soupçonné de transporter des armes en Libye, a été intercepté en Méditerranée par des frégates turques. La Turquie a démenti les allégations. Emmanuel Macron accuse la Turquie de jouer en Libye un jeu dangereux qui ne peut plus être toléré. L’Égypte quant à elle, a envoyé de 200 à 500 soldats pour aider l'ANL et en a massé 40 000 autres à la frontière libyenne; mais voudrait éviter un conflit déstabilisateur à sa frontière. 

Haftar s’est approché de très très près de Tripoli l’hiver dernier; puis avec l'intervention militaire turque, il a connu des revers retentissants et a dû battre en retraite vers l’est libyen. Hors, il y a une ligne rouge et c'est la ville de Syrte, que le GAN ne peut franchir. Le président égyptien al-Sissi a été clair, en avertissant fermement le GAN de ne pas envahir Syrte, si non il fera face à l'armée égyptienne. 

Dans l'éventualité d'une confrontation militaire entre l'Égypte et la Turquie près de la ville de Syrte, la partie turque sera obligée de sécuriser ses lignes d'approvisionnement et de soutien logistique de ses forces navales et aériennes à un coût financier colossal, vu la longue distance du lieu de guerre. C'est ce que voudrait éviter la Turquie. Tandis que, les forces armées égyptiennes combattront près de leurs côtes, de leurs terres et de leur espace aérien, dans un environnement familier. L'armée égyptienne aura une capacité supérieure pour compenser ses pertes et sécuriser ses lignes d'approvisionnement et de soutien logistique, à des distances beaucoup plus courtes, qu'elles ne le sont du côté turc.  

L’Égypte et ses alliés du Golfe, de même que la Grèce, veulent exclure la Turquie de l’exploration gazière et pétrolière de l’est méditerranéen. L'ANL sécurise les champs pétroliers et les ports situés dans le croissant Pétrolier. Les ports sont sous couverture aérienne, dont des MIG-29 russes modernisés en provenance de Syrie et des Sukhoï-24Les batteries anti-aérienne sont russes également. Les installations pétrolières sont une ligne rouge à ne pas franchir pour le GAN. La Turquie a pourtant signé une entente d’exploration avec le GAN, qui empiète sur les zones revendiquées par l’Égypte.

L’Italie soutient le GAN parce qu’elle possède des investissements importants en Libye et qu’elle redoute une nouvelle arrivée d’immigrants clandestins en provenance de Libye. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis financent l'ANL; parce qu’ils s’opposent aux Frères musulmans turcs. Le Qatar, ennemi de ces deux pays du Golfe, s'implique financièrement aux côtés de son allié turc. Il y a une lutte entre le clan de l'Arabie saoudite et celui de la Turquie des Frères musulmans, pour contrôler le monde sunnite. La Russie de son côté appuie Haftar dans le but d’établir une tête de pont en Afrique du Nord. Elle non plus ne veut pas renforcer les Frères musulmans. Elle conserve son statut de puissance méditerranéenne en développant une diplomatie efficace, en suggérant fortement aux belligérants de négocier. Entre 800 et 1 200 commandos de la compagnie privée de sécurité Wagner proche de Moscou, seraient engagés au service de l'ANL. 

Les Émirats-Arabes-Unis discutent avec la Grèce du renforcement de leur coopération militaire, au moment où les deux pays sont en désaccord avec la Turquie sur l'implication de cette dernière en Libye et l'exploration pétrolière en Méditerranée orientale. En plus, la Grèce a un problème d'infiltration de réfugiés syriens venant de Turquie. 

Les services de renseignements turcs ont mis en place une nouvelle salle d'opération dont l'un des objectifs est de rechercher Saif al-Islam Kadhafi, fils de l'ancien dictateur éclairé, afin de l'assassiner ou de l'arrêter et de le remettre à la Cour pénale internationale pour mettre fin à son rôle politique. Mais ce dernier serait étroitement gardé par ses hommes dans la ville de Zintan et serait introuvable.

Les États-Unis sont divisés. Une partie des hauts-fonctionnaires et des spécialistes, animés par la vieille hantise anti-Russie, préfère appuyer les Frères musulmans plutôt que de laisser la Russie s’installer en Libye. Une autre partie, proche de Donald Trump, ne veut pas soutenir les Frères musulmans.

Un État islamiste dirigé par les Frères musulmans est intolérable pour la plupart des acteurs impliqués. Ou bien un nouvel équilibre est trouvé entre les camps islamistes et anti-islamistes et alors la Turquie peut dire adieu à son accord pétrolier, ou bien la solution sera militaire et elle risque fortement d’ajouter les troupes égyptiennes à cette guerre. Le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan joue gros. L’Union européenne pourrait définitivement rompre avec lui et sa popularité intérieure pourrait être sérieusement compromise en cas de défaite.

Sources : AFP, France; Al Masdar News, Liban; Atlantic Council; Emirates, WAM; Institut italien d’études politiques internationales; ISPI; Journal  de Montréal; La Presse; Le Monde; Nova, agence de presse italienne; Press TV, Iran; Reuters, Allemagne; Risk Intelligence; RT Arabic; Sputnik arabe; La Voix du Nord.  

 

 

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