Le 1er juin 1968 décède André Laurendeau

ImageLe 1er juin 1968 décède André Laurendeau, journaliste, homme politique, essayiste, directeur de la revue "L’Action Nationale".

Lors de la 2e guerre mondiale, en raison de la mauvaise gestion des francophones dans l'armée canadienne, il s’oppose à la conscription, comme le fait lors du référendum de 1942, 72% des Québécois, pendant que 66% du ROC (Rest of Canada) l’approuve. Il exige une plus grande égalité pour les francophones à l’intérieur du régime fédéral.

André Laurendeau devient chef du Bloc Populaire provinciale en 1944 et l’un des 4 députés de ce parti élus à l’Assemblée nationale. Il dénonce les politiques centralisatrices fédérales en matière d’économie et d’affaires sociales et somme le gouvernement de l’Union nationale de Maurice Duplessis de mettre en œuvre des réformes socio-économiques pour permettre au Québec de s’assumer.

En 1958, Il devient rédacteur en chef du journal "Le Devoir", poste qu’il occupera jusqu’à sa mort. Il devient aussi journaliste et animateur vedette à la télévision et à la radio. En 1963, il parvient à convaincre le gouvernement fédéral libéral de Lester B. Pearson de former une "Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme" qu’il copréside avec Dunton. La Commission sera communément appelée la Commission Laurendeau-Dunton.

Sa vision dite des deux peuples fondateurs fut vite écrasée par une conception que défendait le juriste Frank Scott, un des maîtres à penser de Pierre Elliott Trudeau et de son multiculturalisme.

Laurendeau poursuivra inexorablement sa lutte jusqu’à sa mort en 1968. À la fin de sa vie, il finit par céder au désespoir, convaincu qu’il ne parviendra jamais à faire modifier la Constitution de manière à assurer la reconnaissance des droits de la majorité francophone au Québec et des minorités francophones des autres provinces.

Les années passant, le gouvernement fédéral finira par prendre conscience de la problématique des Deux Solitudes au Canada et adoptera la Loi sur les langues officielles en 1969, laquelle confère certains droits linguistiques aux francophones.

André Laurendeau ne vivra pas assez longtemps pour en voir la mise en place. Le 1er juin 1968, il s'effondre à son bureau, victime d'une rupture d'anévrisme à l’âge de 56 ans. À ses funérailles, Daniel Johnson père, premier ministre du Québec, est flanqué de son homologue fédéral Pierre Elliott Trudeau. Un très grand nombre de figures clés du monde politique et culturel se déplacent pour lui rendre un dernier hommage.

Le journal personnel de Laurendeau tenu durant les travaux de la Commission, montre que l’homme doutait de l’avenir de l’ensemble fédéral. Il était tenté de donner raison aux indépendantistes, mais s’accrochait néanmoins à ses rêves, comme un naufragé porte le regard au ciel dans l’attente qu’une barque improbable surgisse.

Quand en 1966 à New York, Pierre Vallières se retrouve en prison avec Charles Gagnon, pour avoir manifesté devant l’ONU au nom du Front de Libération du Québec, c’est à André Laurendeau qu’il s’adresse pour expliquer sa prise de position. Lorsque Pierre Bourgault fonde son parti souverainiste, c’est aussi à Laurendeau qu’il écrit. Les insolences du frère Untel de Jean-Paul Desbiens, Best-sellers des années 1960, naîtront d’échanges avec Laurendeau, qui en signe la préface.

Sources :

L’Encyclopédie canadienne : André Laurendeau par Michael D. Behiels, 04/09/2008

Le Devoir : Cinquante ans après sa mort, André Laurendeau reste une figure exemplaire de l’intellectuel par Jean-François Nadeau, 01/15/2018

Photo d'André Laurendeau par Gaby

 

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