Résultat de la rencontre "Russie" - "OTAN"

211022 nato russia flag rdax 775x440Deux jours après la consultation "Russie-États-Unis", la réunion "Russie-OTAN", deuxième étape sur trois, des consultations consacrées aux propositions russes sur les garanties de sécurité en Europe, s'est déroulée le 12 janvier, première rencontre entre l'OTAN et la Russie depuis plus de deux ans.

Les propositions russes

Le ministère russe de la Défense a identifié trois enjeux essentiels : 

1. Garantir que l'OTAN ne s'étendra pas vers l'est, soit vers l'Ukraine et d'autres pays.

2. L'OTAN doit s’engager à ne pas déployer de nouveaux missiles américains de courte et moyenne portée en Europe, car leur déploiement pourrait aggraver radicalement les conditions de sécurité sur le continent. La Russie déploierait alors elle aussi de nouveaux missiles.

3. Limiter les activités militaires en Europe et éviter de créer des contingents avancés, près des frontières de chacun.

Selon les Russes, l'OTAN a parlé de l'Ukraine pendant une heure et demie. La diplomatie russe a alors appelé l'Alliance à cesser d'accorder une assistance militaire à l'Ukraine, afin d'obtenir une désescalade militaire russe à la frontière ukrainienne. 

Pendant quatre heures de discussions, la Russie a proposé à l'OTAN des mesures pour désamorcer la crise. L’Alliance les a ignorées. Ce qui crée selon la partie russe, des conditions préalables à des incidents et à des conflits, qui sapent les fondements même de la sécurité européenne. Cela se produit dans un contexte d'instabilité mondiale, de menaces terroristes et d'une nouvelle course aux armements, menant à des relations Russie-OTAN extrêmement tendues.

Les Russes ont rappelé qu'ils ont toujours proposé une relance des contacts entre les deux camps. Mais l'OTAN a toujours déclaré que c’était impossible à cause de la situation ukrainienne depuis 2014. Moscou a rappelé que le déploiement de dizaines de milliers de soldats russes à la frontière, est une réaction à la présence croissante de l'OTAN aux frontières russes. 

Moscou s’est dit préoccupé par l’intention de l’OTAN d'augmenter le nombre d’armes nucléaires et a dénoncé la dégradation du système de contrôle des armements. Dégradation, qui a commencé par le retrait des États-Unis du Traité sur la défense antimissile; suivi par le refus de l'OTAN de ratifier le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe, qui était censé devenir la pierre angulaire de la sécurité européenne et par l'abandon du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire par l'administration américaine en 2021, sans oublier le traité "Ciel ouvert" qui a été gravement sapé, traité qui permettait à l'armée adverse de survoler le territoire de l'autre par des avions de reconnaissance sans arme, dans le but de vérifier le respect des autres traités.

Les propositions de l'OTAN

L’OTAN a insisté sur son caractère purement défensif et sur le fait que ses membres n’ont jamais été forcés d'y adhérer. L'Alliance n’accepte pas l’idée d’arrêter son élargissement et de ramener ses frontières au niveau de 1997. 

L'Alliance a rejeté catégoriquement les demandes russes à propos que l'OTAN arrête son élargissement et retire ses forces des états membres limitrophes de la Russie. L'organisation a refusé de garantir que l'Ukraine n'adhérera jamais à l'OTAN et a mentionné que les pays membres sont unis pour imposer des sanctions à la Russie, si jamais elle envahit l'Ukraine. L'organisme en a même profité pour mentionner que des discussions sont en cours pour renforcer la présence militaire de l'OTAN dans les pays baltes et a aussi évoqué la possible adhésion de la Finlande ou de la Suède, si ces pays le souhaitent. 

L'Alliance a insisté pour que la Russie réduise la tension militaire à la frontière de l'Ukraine, respecte la souveraineté et l'intégrité territoriale de ses voisins et s'abstienne de toute agressivité ou d'activités malveillantes envers les membres de l'OTAN. Pour l'organisme, il existe réellement un risque d'un nouveau conflit armé en Europe, un risque qui entraînerait de graves coûts économiques et autres pour Moscou et qui entraînerait forcément de nouveaux déploiements militaires dans les états membres de l'OTAN proches de la Russie, donc des conséquences bien pires qu'en 2014. Mais pour autant, les représentants russes ne se sont aucunement engagés à retirer leurs troupes. 

Cependant, les dirigeants de l'OTAN se sont dits prêts à engager une diplomatie sérieuse avec Moscou, sur les armements, le désarmement, le déploiement de missiles en Europe, ainsi que sur la limitation réciproque des missiles et de discuter des politiques nucléaires de chacun. L'organisation souhaite accroître la transparence des exercices militaires, éviter les incidents militaires dangereux et réduire les menaces dans l'espace et les cyber-menaces. Un autre point d'intérêt pour l'organisme, est d'améliorer les canaux de communication en rétablissant les bureaux diplomatiques respectifs à Bruxelles et à Moscou, retirés de part et d'autre, suite à la plainte de l'Alliance selon laquelle les membres de la mission russe étaient en fait, des espions. L'Alliance voudrait que les deux camps se réunissent de nouveau et bientôt pour mener une discussion plus approfondie. La diplomatie russe a pris acte des propositions, sans donner de réponse immédiate. Toutefois, les deux camps conservent une porte ouverte sur les pourparlers.

Conclusion 

La conversation a été franche, directe, profonde et intense. Le tout dans le respect de l'un et de l'autre. Ils n'ont pas le choix, vu l'armement dont chacun dispose. Les deux parties ont qualifié les discussions d’utiles, tout en reconnaissant l’existence de nombreuses divergences.

En effet, il existe toujours des différents significatifs sur la situation en Ukraine et la sécurité en Europe, mais dialoguer a été positif. Cependant, quatre heures de discussion sérieuse entre la Russie et l'Alliance de 30 membres, nous laissent toujours sans réponse, à savoir si Vladimir Poutine choisira la diplomatie ou la guerre. N'oublions pas que le président russe est un fin stratège!  Avancer 100 000 militaires bien équipés d'armements modernes sur les 280 000 soldats réguliers de l'armée russe, lui a permis d'ouvrir le dialogue, qui autrement lui a toujours été refusé. L'OTAN craint donc l'armée russe, mais cette dernière craint aussi l'OTAN, puisqu'elle reste sur place. On parle ici de forces militaires gigantesques de part et d'autre.   

À noter que les deux parties ont exprimé la nécessité de reprendre le dialogue et d'explorer un calendrier pour d'éventuelles rencontres. Cependant, la Russie ne voulant pas dialoguer inutilement ni éternellement, un mois tout au plus, n'a pas encore donné de dates précises pour de futures rencontres. En même temps, les deux protagonistes ne se font aucune illusion sur les perspectives d'avancement de ces pourparlers, tout en reconnaissant que le dialogue est difficile, mais nécessaire. Vues les circonstances, il est fort possible que la Russie ne poursuive pas le dialogue diplomatique avec l’OTAN, mais une course aux armements coûte excessivement chère ! 

À suivre... 

 

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