L'Ukraine et l'Union européenne

Les gouvernements occidentaux accusent le Kremlin de masser des troupes à la frontière de l’Ukraine, en vue d’une potentielle offensive. Tandis que la Russie dément toute velléité belliqueuse et dénonce les provocations de l’OTAN.

Alors que la Russie a célébré le 25 décembre dernier, les 30 ans de la chute de l’Union soviétique, Moscou défend ses intérêts et avance diplomatiquement ses pions. La Russie a marqué un point très important en bougeant son armée. C'est ce qui lui a permis d'ouvrir les négociations. Avant que son armée ne bouge, on ne l'écoutait même pas. En fait, le but recherché est d'amener les Américains à la table de négociation et c'est réussi. Mais pourquoi eux et non pas l'Union Européenne (UE) ou certains pays européens comme la France et l'Allemagne ? C'est tout simplement parce que c'est surtout le Pentagone qui bouge son armée sous l'égide de l'OTAN à la frontière russe. C'est Washington qui mène le bal, parce que c'est lui qui a la plus grande armée au monde. Les Européens suivent, bien que leurs armées ne soient pas négligeables, non plus. 

La Russie est prête à discuter, mais demeure inflexible par rapport à sa ligne rouge ukrainienne. Les États-Unis sont prêts à discuter, mais sans concession. En fait, Washington a accepté de négocier pour rediriger l'OTAN de la dissuasion vers la diplomatie. Autrement dit, personne ne veut affronter l'armée de l'autre. L'Ukraine veut faire parti de l'OTAN. L'Alliance retarde son acceptation à cause de l'armée russe. 

L'Union Européenne

Accompagné du ministre ukrainien des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie européenne visite la ligne de front du Donbass, avec lequel Kiev est en guerre depuis 2014, plus de 14 000 morts inutiles. Il apporte le soutien de l'Union Européenne (UE) à la souveraineté de l’Ukraine et à son intégrité territoriale. Le conflit avec Moscou, est justement sur l'intégrité territoriale. Il se rend aussi à Kiev et évoque des sanctions économiques comme moyen de dissuasion par rapport à la Russie. Tout comme les États-Unis et la Grande-Bretagne, il ne parle pas de réponse militaire. Tout comme Kiev, l'Union Européenne ne se soucie guerre de ce que pense la population du Donbass et de la Crimée.

Des pourparlers entre la Russie et les États-Unis commenceront les 9 et 10 janvier à Genève, suivis le 12 d’une rencontre Russie-OTAN, puis le 13 d’une réunion dans le cadre de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) - 57 pays membres qui œuvrent pour la prévention des conflits, la gestion des crises et le relèvement post-conflits en Europe et en Eurasie. Tous les pays d'Europe en sont membres sans exception, tous les États de l'Union Européenne et de l'OTAN. L’Union Européenne pour sa part, s’inquiète d’être mise à l'écart des pourparlers et voudrait bien participer à toute discussion sur la sécurité de l’Europe. Fait bizarre, même si ses membres y participent en tant que membres de l'OSCE, ils n'y participent pas en tant que membres de l'Union Européenne.  

Le président français pour sa part, ménage la partie russe, tend la main au président Poutine, est à l'écoute de la diplomatie russe sur le renforcement de la stabilité et de la sécurité du continent européen. La France appelle les Européens à se coordonner étroitement en vue des négociations à venir avec la Russie sur l'architecture de la sécurité en Europe. 

Face à Washington et Moscou, l’UE semble avoir du mal à trouver sa place. Pourtant la voix de l’Europe sur un enjeu aussi crucial est fondamentale. L’arrivée d'un nouveau Chancelier allemand Olaf Scholz, n'aide certainement pas la cause. L'Allemagne ne peut pas se passer du gaz russe dont elle dépend et il lui est difficile de le faire savoir. Lorsque les États-Unis discutent directement avec l’Ukraine, pays candidat à l’UE et à l'OTAN, face à une Russie qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, la position de l’Union semble être réduite à son nom. L’Union Européenne doit donc se doter d’outils capables de lui conférer une puissance diplomatique; pour cela, elle a besoin d'une force politique et d'une armée puissante. Face à l'armée russe, ce sont les États-Unis qui négocient, parce qu'eux aussi ont une armée puissante. 

La solution

2022 s'avérera une année charnière : L'Ukraine ne récupérera jamais la Crimée, ni le Donbass. Si l'armée russe ne peut entrer en force au Donbass, l'armée ukrainienne non plus. Alors, disons que l'Ukraine pourra toujours continuer de réclamer verbalement la Crimée et le Donbass, mais sans rien faire pour les récupérer réellement. Après, le temps fera son œuvre ! Pour ce qui est de l'OTAN, l'Ukraine ne pourra en faire parti, sauf en cas d'urgence, comme c'est le cas présentement pour la Suède et la Finlande. N'oublions pas que le but commun entre tous, y compris pour la Russie et les États-Unis, est le renforcement de la stabilité et de la sécurité du continent européen. C'est le point sur lequel tout le monde est d'accord. Et pour l'obtenir, les deux côtés doivent faire, disons de petites concessions. Après, chacun pourra crier haut et fort qu'il a gagné.   

Individuellement, chaque pays d'Europe, y compris la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne ne seront plus compétitifs. Avec le temps, l'Union Européenne deviendra donc une force politique, économique et militaire incontournable. Elle n'a pas le choix, si elle veut être compétitive face à la Chine, l'Inde et les États-Unis. Ce jour viendra lorsque la Russie elle-même fera partie de l'Union Européenne. Et pour ce, Il faudra attendre encore plusieurs années, car lorsque ça se produira, c'est la Russie qui sera la première puissance de l'Union Européenne. Alors ce ne sera certainement pas la Russie de Poutine. Il y a eu trop de conflits. Ce sera la Russie post-Poutine. 

 

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