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L'affaire Meng Wanzhou a été mal gérée par le Canada

La pire crise diplomatique du Canada s’est terminée le 24 septembre 2021, lorsque simultanément, la directrice financière de Huawei Meng Wanzhou, en résidence surveillée à Vancouver et les Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig ont été libérés. Victime collatérale de la guerre diplomatico-commerciale que se livrent la Chine et les États-Unis; le Canada a révélé toute sa faiblesse dans cette affaire. 

Washington a choisi le maillon faible de son système d’alliance et lui a demandé d’arrêter et d’extrader la femme d’affaires chinoise. Beijing a répliqué en arrêtant les deux Michael et en imposant au Canada une série de sanctions économiques. Le gouvernement Trudeau, effrayé à l’idée de fâcher l’une ou l’autre des parties, n’a pas su réagir rapidement et s’est enfermé dans une définition bornée du respect de la règle de droit, qui a eu pour conséquence trois ans de calvaire pour les deux Canadiens.

Le Canada a préféré se rabattre sur le respect de la règle de droit. Erreur ! Qui l’a privé de la marge de manœuvre, qui lui aurait permis de faire libérer rapidement les deux Michael. Dès le moment où les autorités canadiennes ont reçu la demande d’extradition de Meng Wanzhou, elles auraient dû invoquer les répercussions géopolitiques de l’affaire et dire non à la requête des Américains. 

La machine judiciaire lancée, le respect de la règle de droit a écarté d’emblée toute autre issue possible à cette crise. Or, cette option existait. L'ancien premier ministre canadien Jean Chrétien, l’ancien ministre de la Justice Allan Rock et l’ancienne juge Louise Arbour entre autres, ont plaidé l’intervention du ministre de la Justice pour qu’il mette fin à la procédure et expulse Mme Meng vers la Chine — la loi l’autorise —, ce qui aurait favorisé la libération des deux Canadiens. Trudeau a refusé. 

Les États-Unis ont mené le bal tout au long de la crise. Ils l’ont provoquée et ils l’ont réglée en négociant directement avec la Chine. Drapé dans le manteau de la Justice, le Canada, lui, n’y a joué qu’un rôle de figurant. 

Tout au long de cette crise, pourtant facile à gérer et à régler, Trudeau n’a pas su protéger les intérêts du Canada. 

Sources : 

The Two Michaels : Innocent Canadian Captives and High Stakes Espionage in the US-China Cyber War, de Mike Blanchfield et Fen Osler Hampson, Sutherland House, 275 pages.

Les infortunes de la Vertu par Jocelyn Coulon dans la recue L'Actualité, le 14 février 2022.

 

 

 

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