Alep, le Leningrad syrien

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Sur place, la comparaison n'apparaît pas absurde selon Fabrice Balanche, grand analyste de la guerre civile syrienne. En effet, le tiers de la ville est détruit, les civils demeurés sur place vivent dans des conditions aberrantes. Les francs-tireurs des deux côtés se tirent les uns les autres par dessus la tête des civils. Il arrive que les quartiers chrétiens servent de cibles aux tirs d'artillerie des djihadistes, pour les punir de leur soutient au régime.

Moins commentée que la prise de Palmyre ou la bataille de Kobané, la bataille d’Alep concentre pourtant toute l’attention des Syriens. Dès 2012, Bachar el-Assad avait affirmé que "le sort de la nation et du peuple" en dépendait. Avec une population d’1,7 million d'habitants, elle est la deuxième ville du pays, juste derrière Damas. Au début de la guerre civile, elle fut progressivement encerclée par les rebelles de l’Armée Syrienne Libre.

Fin 2012, voyant l’échec du "printemps arabe", l’ASL, arrête  sa lutte dans la ville par manque d’argent et d’armement. Les combattants de l’Armée Syrienne Libre se sont tournés vers les djihadistes, qui eux avaient des armes, de l’argent et des renforts. (1)

Ce mois-ci, les rebelles, réunis au sein de la nouvelle coalition Ansar al-Charia – littéralement les partisans de la charia –, ont attaqué la partie Ouest d’Alep, tenue par l’armée. Comme d’habitude, les djihadistes ont précédé leur assaut d’une attaque suicide à la voiture piégée.

Mauvais calcul, malgré la violence de l’offensive, les troupes pro-Bachar, le Hezbollah et les milices chrétiennes, les ont empêchés d’atteindre leur but. L’Armée Arabe Syrienne a répliqué par des bombardements aériens sur la partie orientale de la ville.

Une petite partie de la muraille de la citadelle d'Alep (XIIIe siècle) classée au patrimoine mondial de l'humanité, s'est écroulée après l’explosion d’un tunnel rebelle par l’Armée Arabe Syrienne. (2)

Auparavant, l’armée d’Assad avait essayé de couper le ravitaillement aux rebelles, sans succès. L’EI a également essayé, lui aussi, sans succès.

Le front reste stable malgré tous les efforts de tous les côtés. On sent quand même que quelque chose pourrait réussir éventuellement d’un côté comme de l’autre. L’enjeu d’Alep pourrait être la cassure qui ferait qu’un côté l’emporterait sur l’autre. Mais ça pourrait aussi bien ne jamais arriver.

Sources : (1) Aletetia, Rome : Syrie : Alep, la mère de toutes les batailles, 19/07/15

               (2)  Le Figaro 12/07/2015 « Syrie : la citadelle d'Alep éventrée par une explosion », Sana, OSDH, AFP.

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