La Syrie dans le chaos

Carte de syrie

Les combats entre les forces gouvernementales et les insurgés font rage de plus bel. En réponse aux offensives simultanées d'al-Quaïda et ses alliés dont l'Armée Syrienne Libre, les tirs aériens Russes se concentrent sur les provinces d’Idlib, de Hama et la banlieue-Est de Damas.

Hama

Combats très intenses dans la province de Hama, où des insurgés dirigés par Al-Qaïda ont conquis temporairement quelques dizaines de villages. Un conglomérat constitué de djihadistes, d’islamistes et de ce qui reste de l’Armée Syrienne Libre ont lancé une offensive dans l’arrière-pays. Haya’t Tahrir al Sham (al Qaïda) détient un rôle actif dans cet assaut. Il a lancé plusieurs attentats-suicide en guise de bombardements au début de l'opération. Les forces aériennes russes et syriennes ont aussitôt rétorqué en les pilonnant, pendant que l’armée syrienne contre-attaquait en les repoussant. Les villes de Kawkab et de Qamhana près de Hama ont été libérées par le gouvernement. Une milice chiite irakienne s'est jointe aux forces syriennes pour y mener la bataille, le Harakat Hezbollah al NujabaLes Forces du Tigre de l'armée syrienne se déplacent aussi vers le Nord d’Hama. 

Homs

L'opération d'évacuation a repris ce lundi à Homs, plusieurs centaines de rebelles quittant leur dernier bastion, ont rapporté les médias officiels et l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Les violents combats de la fin de semaine dans la province de Hama ont retardé le départ des insurgés du quartier d'Al Waer. Les opérations d'évacuation ont débuté la semaine dernière, le régime syrien acheminant par autocars quelques dix mille à 15.000 rebelles et civils vers des zones de campagne de la région d'Idleb. 1.600 personnes quittent la ville ce lundi. Selon l'OSDH, 40.000 civils et plus de 2.500 rebelles se trouvaient dans le quartier d'Al Waer.

Idleb

Le grand mouvement de l’armée syrienne vers le gouvernorat d’Idleb pour le libérer des terroristes d'al Quaïda est toujours en préparation mais aucune date n’a été fixée jusqu'à ce jour, pour son lancement. 

Damas

Cela fait suite à une autre bataille distincte qui s’est déroulée à l’Est de Damas, dans les quartiers de Jobar et Abbasin où le Harakat Hezbollah al Nujaba s’est aussi déployéLe Harakat al Nujaba formé en 2013, opère en tant que « Corps des Gardiens de la Révolution Iranienne. » Au début du mois, cette milice aurait annoncé la formation de la « Brigade de Libération du Golan », d'où l'énervement d'Israël qui a tué par drone un de ses leaders locaux, un Druze syrien. Par la suite, un autre drone israélien a été abattu par l'armée syrienne en territoire syrien. 

Le Harakat Hezbollah al-Nujaba est une milice irakienne qui défend les lieux saints chiites de la Mosquée Sayyida Zaynab à Damas. Ces forces ont été cruciales pour empêcher la chute du régime syrien et elles ont contribué à des victoires significatives, telles que la libération d’Alep l’année dernière. Tout compte fait, l’attaque contre Damas est maintenant terminée et les djihadistes n’y ont rien conquis tandis que la contre-offensive syrienne est sans équivoque.

Deraa

Ces mêmes djihadistes ont attaqué simultanément la périphérie de la ville de Deraa, au Sud du pays. L'attaque n’a rien donné, ne réussissant pas à percer la défense syrienne.

Raqqa

Les Forces démocratiques syriennes à majorité kurdes progressent lentement mais sûrement vers Raqqa, capitale de l'État islamique en Syrie. Mine de rien, elles sont présentement à 45 km de leur but. En effet, elles sont arrivées à Tabqa, en compagnie de conseillers militaires américains. 

Tabqa

Des rumeurs, font le tour des réseaux sociaux syriens, faisant état d'un effondrement du barrage de l'Euphrate, suite à des bombardements des forces de la coalition US. Le barrage de Tabqa (ou de Thawra), le plus grand de Syrie, s'est en effet partiellement effondré dimanche en raison des combats opposant les terroristes de Daech aux Forces démocratiques syriennes près de Raqqa, a annoncé la chaîne de télévision libanaise Al-Mayadeen. 

Alep

L’armée syrienne assiège la ville de Deir Hafer, dernier fief de l'EI dans la province d’Alep. Elle y contrôle la route Deir Hafer-Raqqa ce qui consolide le blocus et coupe le ravitaillement de l'EI. Elle continue sa progression vers le Sud et reprend ainsi du terrain à l’État islamique. Elle compte continuer son avancée vers Raqqa et Deir Ezzor. Les Kurdes occupent la route près de Raqqa vers Alep, tandis que l'armée syrienne occupe la même route près d'Alep vers Raqqa. L'offensive kurde pourrait aussi potentiellement inciter les commandants de l'EI à se retirer du gouvernorat d'Alep pour renforcer la défense de Raqqa.

Palmyre et Deir EzZor

Après d'âpres combats entre l’armée syrienne et l'État islamique autour de Palmyre et de Deir Ezzor, s'en suit de légères avancées des forces gouvernementales. Par ailleurs, la Force aérienne syrienne effectue des frappes massives contre les positions des terroristes. 

Turquie

La Turquie est dans une pure impasse. Le rêve d’Erdogan d’avancer sur Raqqa, ou vers Deir Ezzor ou même sur la ville d’Alep est contrecarré par un accord russo-américain. Les forces turques sont coincées au Nord-Est de la ville d’Alep à al-Bab et n’ont aucun moyen d’avancer que ce soit vers le Sud, l’Est ou l’Ouest et ce malgré l'arrivée de renfort et quelques bombardements de son artillerie sur les Kurdes de Manbij, où 500 Américains des forces spéciales d'intervention sont arrivés. À l’Est de la ville d’Alep, l’armée syrienne bloque toute avancée des forces turques, même si la Turquie a diminué le débit du fleuve Euphrate en guise de représailles.

Une centaine de soldats russes, faisant partis de forces spéciales d'intervention ont pénétré dans l'enclave kurde d'Afrine pour y assurer la sécurité face à l'armée turque et aux Turkmènes. L'armée syrienne contrôle elle-même certains villages entre Kurdes et Turcs. Les chars d'assaut turcs comme on peut le constater sont en fait sur le cran d'arrêt.

Israël

Israël a fait quelques éclats en intervenant pour la 12e fois depuis le début de la guerre, il y a six ans. Elle affirme viser des convois d'armement sophistiqué destiné au Hezbollah libanais. Cette fois-ci, ses avions ont bombardé probablement l'armée syrienne près de Palmyre. Israël a été mis en garde par un lancement de missiles anti-aériens syriens S-200. La Russie a interpellé son ambassadeur. Par la suite, Moscou a bombardé l'État islamique dans la région de Palmyre et ce par des missiles lancés à partir de ses propres navires de guerre mouillant en mer noire, question de rappeler à Israël et aux Américains la puissance de feu qu'elle possède. Jusqu'ici, la Russie ne fait que des remontrances verbales à Israël.

On sent qu'Israël ne touchera pas à l'armée russe mais que cette dernière la laisse bombarder occasionnellement l'armée syrienne et le Hezbollah. Comme l'a si bien dit Assad : « Les interventions d'Israël en Syrie ne sont que cosmétiques. Elles n'influencent pas réellement le cours de la guerre. » Damas a quand même informé Tel-Aviv, prenant Moscou comme interlocuteur, qu'à l'avenir pour chaque raid israélien sur la Syrie, et pour chaque avion israélien frappant la Syrie, sera envoyé un missile scud sur des bases militaires israéliennes. Si Israël bombarde des civils en Syrie, la Syrie bombardera le port de Haïfa. Le président Assad affirme que la patience de la Syrie a maintenant atteint ses limites. 

États-Unis

La position de Trump sur la Syrie semble encore incertaine. Des rumeurs veulent que l'armée américaine bombarderait éventuellement l'armée syrienne. Pour ma part, ça me semble quelque peu incongru. Ce serait un très mauvais choix, puisque les Russes se sentiraient dans l'obligation d'intervenir, au début probablement verbalement puis pour une deuxième offense américaine, ils feraient sûrement une simple démonstration de force, puis si les Américains persistent, alors l'armée russe serait obligée de rétorquer physiquement. Il en va de soit. Les Russes ne peuvent reculer, si non c'est la fin de la montée de leur hégémonie. Alors que si les Américains n'attaquent pas l'armée syrienne, ce ne serait en aucun cas la fin de l'égémonie américaine.

Ce qui est certain, c'est que les Américains aident les Kurdes (FDS) à conquérir Raqqa des mains de l'EI.

Russie

Depuis le début de l'intervention russe en Syrie, soit septembre 2015, 27 militaires russes y ont perdu la vie. Le déploiement russe compte des avions de chasse, des bombardiers et des batteries antiaériennes ultra-sophistiquées (S-300 et S-400). La Russie a agrandit sa base navale militaire de Tartous. Elle a également construit une base aérienne à Hmeimim, au Sud-Est de Lattaquié. Au total, près de 5.000 Russes sont actuellement en Syrie. Leur mission : assurer la maintenance de l'artillerie et de l'aviation militaire russe. La présence russe en Syrie demeure un enjeu capital pour Moscou qui compte dorénavant peser sur la géopolitique internationale. 

Conclusion

L'ultime gagnant de cette guerre à outrance devrait donc être le gouvernement syrien, la Russie, l'Iran, sans oublier le Hezbollah libanais qui s'en sort avec une expertise de guerre hors du commun et un stockage d'armes sophistiquées qui lui seront très utiles pour commander le respect d'Israël face à lui.

 

Sources :

Le Grand Soir : Syrie – Le mouvement des États-Unis sur Tabqa pourrait compliquer la situation politique, 26/03/17

France Info : Syrie : la bataille de Raqqa se prépare, 26/03/17

Le Portail Juif Francophone : La milice irako-iranienne al-Nujaba à la rescousse d’Assad, 26/03/17

Mehr News Agency : Syrian army establishes control on Kawkab town in Hama, 26/03/17

AMN : Syrian Army joins race to Raqqa, three ISIS-held villages liberated in eastern Aleppo, 26/03/17

Métro : Violents combats en Syrie, 25/03/17

Sputnik : L'armée syrienne déloge les terroristes dans la province de Hama, 25/03/17

Le Point : Comment la Russie renforce sa mainmise sur la Syrie, 24/03/17

Métro :  L'armée syrienne assiège le dernier fief de Daech, 23/03/17

 

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