Armée turque bloquée en Syrie

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Vert : Turcs et Turkmènes. Jaune: Kurdes. Rouge : Armée syrienne. Mauve : État islamique

Armée syrienne, armée russe, force kurde, armée américaine, force turkmène, armée turque, tous sont maintenant unies contre un ennemi commun l'État islamique en Syrie. De sorte que pour la première fois depuis le début de la guerre, les lignes d’approvisionnement entre la Turquie et l’État islamique sont totalement coupées!

Cependant, dans le Nord de la Syrie, l'armée turque et son allié syrien turkmène (minorité turque vivant en Syrie et en Turquie) ont nettement exprimé leur intention d'attaquer les Forces Démocratiques Syriennes de Manbij, qui elles sont à majorité kurde et la plupart issues du YPG syrien, YPG kurde syrien affilié au PKK kurde Turc (ennemi juré d'Ankara). La Turquie a menacé de lancer des frappes aériennes contre les positions militaires kurdes de Manbij et les Turkmènes ont menacé d'envahir la ville, si le YPG ne s'y retire pas. Donc, de violents clashs ont éclaté et les Turkmènes soutenus par Ankara ont avancé vers l'Est en s'emparant de deux villages, après d'âpres combats contre le YPG. 

Peu de temps après, les FDS (YPG) soutenues par l'armée américaine ont cédé à l'armée syrienne, elle-même soutenue par l'armée russe, des villages sur une zone tampon entre les forces kurdes et les rebelles turkmènes soutenus par l'armée turque. L'armée syrienne a avancé vers l'Est pour faire sa jonction avec les forces kurdes. En quinze jours, elle s'est emparée d'une vingtaine de villages, dont Tadef, au sud d'al-Bab, dans la province d'Alep. Les troupes gouvernementales se déploient présentement entre al-Bab et Manbij, permettant ainsi d'éviter une guerre sans merci entre kurdes et rebelles pro-Turcs. « Nous, le Conseil militaire de Manbij annonçons que nous sommes parvenus à un accord avec la Russie pour céder à des gardes-frontières de l'état de Syrie des villages sur la ligne de front ». 

C6edbzawcaayf nUne telle rétrocession de territoires aux forces de Bachar el-Assad est une première. Un convoi de vivres du gouvernement syrien est entré dans les zones contrôlées par les Kurdes dans la province de Manbij. Ce convoi contiendrait munitions et équipements militaires pour les unités kurdes se préparant à une bataille décisive contre les forces turques. 

C6fiv8ewaaeqzqh 1Le nouveau gouvernement américain n'a jamais caché le fait qu'une coopération circonstancielle avec Moscou était nécessaire dans certains cas. Aussi 500 soldats américains des forces spéciales ont été déployés près de Manbij. En effet, Twitter diffuse abondamment ces dernières heures, plusieurs vidéos et photos d'un convoi militaire américain arrivant de l'Est sur Manbij avec le drapeau américain flottant au vent. Pour les Américains, abandonner les Kurdes, c'est comme abandonner la lutte contre l'EI.

C6fqweiwmaqpszfConvoi turc Tout ceci représente un fort signal d'arrêt aux forces militaires turques. Pour avancer sur Manbij, la coalition turque devrait affronter l’armée syrienne et son allié russe, de même que le YPG et son allié américain. Elle ne peut se permettre de jouer avec le feu dans de telles circonstances, aussi elle n'ira pas à Manbij sans concertation préalable avec les Russes et les Américains. Elle cherche maintenant à coopérer pour trouver une solution. L’avancée militaire des forces turques dans le Nord de la Syrie est de ce fait entièrement bloquée. Cependant le gouvernement turc soutient toujours que tôt ou tard, il sera obligé de contrer ouvertement les forces kurdes. Selon Ankara, toutes les activités de celles-ci menacent l'avenir de la Turquie, sa sécurité et la structure unitaire de l'état turc. Aussi, de grands convois militaires turcs semblent se diriger quand même vers Manbij. La pression est donc très grande de tout bord et tous côtés !

 

Vert : Turquie ; Jaune : Kurdes ; Orange : Armée syrienne ; Bleu : État islamique

Après avoir chassé l'EI d'al-Bab, l'opération Bouclier de l'Euphrate de la Turquie est largement compromise par la volonté des Américains de faire participer les Kurdes à la bataille de Raqqa. Ils ont laissé savoir que les Kurdes feraient partie de l'opération. Les Américains veulent que tout le monde y participe. Ils ne peuvent se passer de la Turquie, un membre de l'OTAN. D'ailleurs, les Américains utilisent la base aérienne turque d'Inçirlik. Mais convaincre les Turcs de coopérer avec les Kurdes demeure une mission impossible.

Pendant ce temps, l’armée syrienne a repris Palmyre à l’État islamique. Une nouvelle unité de l'armée syrienne formée par la Russie, s'appelant le 5e corps, mène la marche avec succès. De Palmyre, cette unité progressera vers l’Est soit vers Raqqa et Deir Ezzor.

Trump avait promis des " zones de sécurité ". Erdogan peut encore en obtenir une dans le nord, soit le territoire que ses forces occupent présentement. Mais Damas qui est contre l'autonomie Kurde, mais qui n'a pas les moyens de reprendre les territoires kurdes, soutient les forces kurdes contre l'occupation turque. Les forces turques en Syrie vont donc continuer à subir de lourds problèmes. Les territoires arabes que les Kurdes contrôlent en ce moment leur serviront plus tard de monnaie d'échange avec le gouvernement syrien, possiblement pour obtenir certains pouvoirs du gouvernement central.

Le lobby israélien veut aussi sa « zone de sécurité » dans les hauteurs du Golan, zone qui serait sous commandement jordanien. Mais cette zone est occupée en ce moment par Al-Qaïda et l’État islamique. L'armée qui combat ces deux groupes terroristes présentement près du Golan, est nul autre que l'armée syrienne appuyée par le Hezbollah libanais et certaines forces iraniennes. La Jordanie n’a rien à gagner avec cette « zone de sécurité ». De même, l’armée américaine n’aura aucun intérêt à ouvrir une autre boîte de Pandore dans le sud de la Syrie. 

Les  déclarations de Trump sur les « zones de sécurité » représentent en fait des positions qui serviront de base à une négociation. Les négociations entre tout ce beau monde, Russes, Américains Turcs, Syriens, Kurdes, Turkmènes, Iraniens, Israéliens etc... risquent d'être très difficiles pour les prochaines semaines. Mais nous en verrons un jour les résultats.

 

Sources :

Réseau International : Syrie – Le pari perdu d’Erdogan – Trump devrait opter pour la prudence, 04/03/17

Epoch Times : USA, Russische und syrische Truppen schicken Konvois nach Manbidsch, 04/03/17

AMN : Syrian Army and Kurdish coordination strengthens as food enters Manbij district. 04/03/17

L'Orient le Jour : Face à Ankara, Damas s'allie aux Kurdes dans le nord, Sammy KETZ, /04/2017

L'Orient le Jour : Syrie : les enjeux de la bataille de Manbij, Caroline HAYEK , 03/03/17

Sputnik : Base US à Manbij: entre Ankara et les Kurdes, Washington a-t-il choisi?, 03/03/17

 

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