La ligne rouge de la Russie par rapport à l'Ukraine

ImrsDes photos satellites des services secrets américains démontrent que la Russie rassemble présentement des troupes et du matériel à 4 endroits près de la frontière ukrainienne, dont un des endroits en Crimée: 50 bataillons tactiques comptant 70000 hommes. Des mouvements de rapprochement et d'éloignement de la frontière visent à camoufler l'approche. Le nombre devrait augmenter à 175000 soldats. La guerre serait prévue pour janvier. 

Le 2 décembre 2021 lors d’une rencontre à Stockholm, le ministre russe des affaires extérieures M. Lavrov, a réclamé du secrétaire d'état américain M. Blinken : «...des garanties sécuritaires aux frontières russes; soit un gel de la progression de l’OTAN vers l’Est ». La rencontre n'a pas débouché sur une entente. Les deux hommes ne sont tombés d'accord que pour poursuivre le dialogue. Pendant ce temps, M. Kouleba, ministre ukrainien des affaires extérieures, exhorte ses alliés occidentaux à ne signer aucun accord en ce sens. M. Blinken a déclaré : « ...qu'il n'est pas clair si le président Poutine a choisi d'envahir l'Ukraine, mais nous savons qu'il met en place la capacité de le faire dans les plus brefs délais, s'il en décide ainsi, le meilleur moyen d'éviter une crise et une spirale négative dans les relations au sens large passe par la diplomatie et la désescalade »

Les présidents américain et russe devraient échanger sur le sujet, le 7 décembre. Selon le ministère russe des Affaires étrangères, une liaison vidéo est en préparation entre euxLe président russe qualifie de lignes rouges franchies : le déploiement d’armes en Ukraine menaçant la sécurité de la Russie. Les services secrets russes perçoivent des complexes d’attaques sur le territoire ukrainien. Moscou devra donc créer quelque chose de similaire; tout en exprimant sa confiance que le bon sens prévaudra chez les pays occidentaux.

Le président Biden pour sa part, n’accepte aucune ligne rouge et promet d’avoir une longue discussion avec le président Poutine. Malgré cette fermeté apparente, le président des États-Unis vient de mettre fin à vingt années d’occupation militaire en Afghanistan et ne veut plus d'engagement de troupes américaines dans de grands conflits ouverts. Il devra donc se montrer pragmatique, comme il l’a fait en levant les sanctions sur le projet du gazoduc Nord Stream 2, cher à Moscou et à Berlin, mais qui exaspère l’Ukraine.

Joe Biden ne cache pas non plus son impatience face aux problèmes de corruption et de gouvernance en Ukraine. Recevant début septembre le président ukrainien M. Zelensky à la Maison Blanche, il lui avait alors promis de soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine face à la Russie, mais ne s’était guère avancé sur le sujet brûlant d’une adhésion à l’OTAN. Selon un haut responsable américain, il a proposé à huis clos de réunir des experts américains et russes pour établir une feuille de route et parvenir ainsi au respect de toutes les parties impliquées. La porte-parole de la Maison Blanche Mme Psaki affirme : « Il y a une série d’outils à notre disposition. Bien sûr, des sanctions économiques sont une option ». Mais, elle n’a pas répondu à la question sur d’éventuelles actions militaires américaines; car les États-Unis ne veulent plus d'escalade militaire. Le porte-parole du Pentagone, M. Semelroth : « Washington soutient une nouvelle désescalade et une solution diplomatique au conflit ». 

Le Kremlin quant à lui, n'est plus orienté vers le compromis, mais définit maintenant ses lignes rouges le long des frontières de tous ses intérêts. La Russie veut des garanties fiables et à long terme pour sa sécurité. Elle insiste sur des accords qui interdisent toute nouvelle mesure de l'OTAN à l'Est et le déploiement de systèmes d'armes, qui la menacent à proximité immédiate de son territoire. Pour Moscou, le risque d'un conflit armé dans le sud-est de l'Ukraine est extrêmement élevé, car l'Ukraine a repris ses attaques d'artillerie sur le Donbass. 

Avec l'aide de la force militaire, M. Poutine veut démontrer qu'il ne sert à rien de faire pression sur la Russie. Il se dit aussi préoccupé par le déploiement de missiles de l'OTAN sur le territoire ukrainien, qui pourraient atteindre Moscou en 10 minutes. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Mme Zajárova, souligne que l’OTAN s’est approchée des frontières russes et augmente son infrastructure militaire, ainsi que ses exercices dans la région. La porte-parole rappelle que l’expansion de l’OTAN vers l’Est, est une ligne rouge pour le Kremlin. Selon ses propos, la poursuite de l’engagement de Kiev dans l’orbite militaire de l’Alliance, ainsi que l’exploitation de l’infrastructure militaire ukrainienne par l’OTAN, qui a commencé de facto, et l’intention de faire de l’Ukraine un tremplin pour confronter la Russie, causent une grave déstabilisation de l'Europe toute entière. 

Selon Forbes (États-Unis) et Avia.pro (Russie), en cas de conflit armé entre la Russie et l'Ukraine, les bases aériennes militaires russes situées à proximité immédiate de la frontière ukrainienne, peuvent balayer la moitié de l'armée ukrainienne en 3 raids de grande échelle, en seulement une demi-heure, s'il n'y a pas d'intervention d'un tiers. À noter que cette information est aussi véhiculée par Kiev. La Russie détruirait d'abord les aérodromes militaires et les systèmes de défense aérienne, après quoi les frappes viseraient les forces armées ukrainiennes attaquant le Donbass. Il n'est donc pas question pour la Russie d'envahir l'Ukraine; mais plutôt de protéger le Donbass.

Notons que l'OTAN et la Russie ne se parlent plus directement. Début octobre, l'OTAN a réduit de moitié la représentation russe auprès de l'organisme et a retiré l'accréditation de 8 diplomates russes, les accusant d'espionnage. De sorte que la Russie a complètement suspendu sa mission auprès de l'OTAN et à son tour, a suspendu la mission militaire de l'OTAN auprès de l'armée russe. Mais heureusement, il est fort probable que les deux organisations militaires se parlent indirectement par personnes interposées. 

Pour ma part, je demeure convaincu que ce gonflage de muscles militaires fait parti des négociations entre Russes et Américains pour parvenir à la solution du conflit. Solution qui ne peut qu'être que le respect de la réalité : soit le respect du choix de la Crimée de faire parti de la Russie, le respect du choix du Donbass d'être indépendant de l'Ukraine, tout comme le respect du choix de l'Ukraine d'être indépendant de la Russie.  

 

Sources : 

Bayl.eu  (Europe) : Biden dit qu’il « n’accepte les lignes rouges de personne » à la suite des avertissements de la Russie contre la militarisation de l’Ukraine par l’OTAN, 04/12/21

Washington Post : Les services secrets américains découvrent que la Russie prépare une offensive en Ukraine, 04/12/21 

Avia.pro (Russie) : 500 combattants des forces aérospatiales russes sont prêts à détruire les forces armées ukrainiennes en 30 minutes, 04/12/21

La Presse (Montréal) : L’Ukraine rejette toute « garantie » donnée à Moscou, 03/12/21

Tagsschau (Allemagne) : Quel est le but du déploiement des troupes de Moscou, 02/12/21 

Illustration : Washington Post

 

 

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