Analyse de l’élection présidentielle égyptienne

Abdel fattah al sissi a droite avec le prince al walid ben talal premiere fortune d arabie saoudite

Abdel Fattah Al-Sissi (à droite) avec le prince Al-Walid Ben Talal, première fortune d’Arabie saoudite.

L'ex-maréchal de l'armée Abdel Fattah al-Sissi a remporté comme prévu, une victoire écrasante à la présidentielle d’Égypte, avec 93% des voix. Le roi d’Arabie Saoudite et M. Poutine l’ont félicité. Ceci, 11 mois après avoir destitué l'islamiste Mohamed Morsi par un coup d'état militaire et éliminé par la répression, toute opposition religieuse ou laïque.

Quelles sont ses priorités? Lutter contre l'insurrection islamiste et relancer l'économie par le tourisme pour promouvoir l'arrivée de nouveaux investisseurs. Il insiste aussi sur la nécessité de l’austérité. Il demande à la population de se préparer à des sacrifices. Ceci, dans un pays de 85 millions d'habitants dont une grande partie connaît la pauvreté, sentez-vous l’odeur d’une autre rébellion?

Son unique adversaire, Hamdeen Sabbahi, une vieille figure de la gauche et considéré souvent comme un faire-valoir, n'a obtenu que 4% des votes, 3% ayant été rejetés.

Mais lorsque l’on regarde le taux de participation, que les autorités ont voulu augmenter, en ajoutant un troisième jour de scrutin, au dernier moment. Il s'établirait à 47% selon le gouvernement, 44% selon des sources judiciaires. L’Observatoire arabe pour les droits et les libertés, lui, le situe seulement à 12. On peut en conclure, le manque d'enthousiasme des Égyptiens pour ce vote. Lors de l'élection de 2012 remporté par Mohamed Morsi, la participation était un peu plus haute, soit à 52.

M. Sissi, qui réclamait un vote populaire massif en sa faveur, avait espéré 40 millions des voix, sur les 54 millions possible. Il a finalement obtenu 21 millions, malgré une propagande médiatique extraordinaire, en sa faveur.

Le maréchal empoche près du double des voix qu'avait alors recueillies M. Morsi (13,2 millions). Toutefois, l’élection de 2012 était un véritable scrutin, les Frères musulmans n’y étant pas interdits.

L'organisation Human Rights Watch estime que la répression qui a suivi la déposition de M. Morsi n'a pas créé le climat nécessaire au bon déroulement du scrutin. Les interpellations massives de milliers d'opposants, qu'ils soient islamistes ou non, ont verrouillé la scène politique et ôté tout sens à ses élections. 

Les pro-Morsi ont été les premières victimes de l'implacable répression des autorités installées par M. Sissi qui a fait plus de 1400 morts, quelques 15 000 arrestations et des centaines de condamnations à mort.

M. Sissi se retrouve donc dans une situation beaucoup moins favorable que prévue, pour mener à bien ce qu’attendent ouvertement de lui, les possédants et une partie des classes moyennes urbaines ou rurales, désireuses d’un retour à l’ordre.

Le pays s’est enfoncé dans une crise profonde. Les Frères musulmans  et leurs partisans continuent de manifester presque chaque jour dans les rues et sur les campus universitaires. Sans compter les mouvements terroristes qui font fuir les touristes.

L’économie est à genoux. Le calme n’est pas revenu. L’Égypte ressemble à un volcan dormant. On sait qu’une autre éruption est éminente. On ne sait pas quand. Mais  on se doute que c’est pour relativement bientôt.

 Egypte

 

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